Dans quelques semaines, l’engagement pris par la France en 2015 de contribuer à éliminer la déforestation liée à la production de matières premières agricoles à l’horizon 2020 aura officiellement échoué. Cet échec est avant tout celui de la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI).
Publiée en novembre 2018, celle-ci avait placé la France en position pionnière dans la lutte contre la déforestation importée. Deux ans plus tard, en l’absence de moyens suffisants et d’un plan d’actions précis, nous ne pouvons que constater et regretter l’échec de sa mise en œuvre.
L’urgence d’agir contre la destruction des écosystèmes naturels nous a pourtant été rappelée à de nombreuses reprises ces deux dernières années par les études scientifiques et les catastrophes écologiques. La superficie forestière mondiale continue de diminuer, avec un recul particulièrement inquiétant pour les forêts primaires qui sont des zones riches en biodiversité et jouent un rôle clé dans la régulation du climat.
Si l’ampleur des incendies de 2019 et 2020 a participé à l’accélération de la prise de conscience citoyenne, cela n’aura pas été suffisant pour pousser le gouvernement français à accentuer ses efforts. Ainsi, la France continue d’importer des produits liés à la déforestation. Elle importe par exemple plus de 3 millions de tonnes de soja chaque année, notamment en provenance du Brésil et sans aucune garantie d’absence de conversion des écosystèmes.
Après deux années de statu quo, il est urgent que le gouvernement prenne enfin conscience de la gravité de la situation et agisse. La SNDI ne doit pas reposer uniquement sur l’addition d’engagements volontaires des entreprises qui pour la majorité ne sont pas mis en œuvre. La France doit faire appliquer la loi sur le devoir de vigilance en s’assurant que chaque entreprise qui y est soumise développe un plan d’action spécifique contre la déforestation importée.
Le gouvernement doit cesser de bloquer les avancées proposées par les parlementaires sur l’exclusion de tous les produits à base d’huile de palme et de soja dans les agrocarburants.
Alors que notre consommation de soja et de viande pèse lourdement sur les forêts, le gouvernement tergiverse également pour mettre en place un mécanisme solide de traçabilité et de gestion des risques, accélérer la transition vers l’autonomie protéique ou encore développer des actions en faveur de la réduction de notre consommation de viande.
Enfin, une opportunité historique se présente en 2021. Aujourd’hui, rien n’empêche la commercialisation sur le marché européen de produits liés à la déforestation. Sous la pression des citoyens européens, la Commission européenne devrait proposer une législation pour mettre un terme à cette situation. Le gouvernement français doit se mobiliser pour obtenir une législation ambitieuse et contraignante qui s’appuie sur un renforcement de la transparence et des obligations de vigilance des entreprises.
Au lancement de la SNDI, un point d’étape avait été planifié en 2020 afin de “mesurer les progrès accomplis et, le cas échéant, prendre de nouvelles mesures contraignantes”. Nous y sommes. C’est le moment de faire le constat lucide de l’échec de la concrétisation de la SNDI et de se mobiliser fortement, dès les prochains jours, pour rattraper le retard accumulé et mettre enfin un terme à la complicité de la France dans la déforestation.
Signataires :
Dans quelques semaines, l’engagement pris par la France en 2015 de contribuer à éliminer la déforestation liée à la production de matières premières agricoles à l’horizon 2020 aura officiellement échoué. Cet échec est avant tout celui de la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI).
Publiée en novembre 2018, celle-ci avait placé la France en position pionnière dans la lutte contre la déforestation importée. Deux ans plus tard, en l’absence de moyens suffisants et d’un plan d’actions précis, nous ne pouvons que constater et regretter l’échec de sa mise en œuvre.
L’urgence d’agir contre la destruction des écosystèmes naturels nous a pourtant été rappelée à de nombreuses reprises ces deux dernières années par les études scientifiques et les catastrophes écologiques. La superficie forestière mondiale continue de diminuer, avec un recul particulièrement inquiétant pour les forêts primaires qui sont des zones riches en biodiversité et jouent un rôle clé dans la régulation du climat.
Si l’ampleur des incendies de 2019 et 2020 a participé à l’accélération de la prise de conscience citoyenne, cela n’aura pas été suffisant pour pousser le gouvernement français à accentuer ses efforts. Ainsi, la France continue d’importer des produits liés à la déforestation. Elle importe par exemple plus de 3 millions de tonnes de soja chaque année, notamment en provenance du Brésil et sans aucune garantie d’absence de conversion des écosystèmes.
Après deux années de statu quo, il est urgent que le gouvernement prenne enfin conscience de la gravité de la situation et agisse. La SNDI ne doit pas reposer uniquement sur l’addition d’engagements volontaires des entreprises qui pour la majorité ne sont pas mis en œuvre. La France doit faire appliquer la loi sur le devoir de vigilance en s’assurant que chaque entreprise qui y est soumise développe un plan d’action spécifique contre la déforestation importée.
Le gouvernement doit cesser de bloquer les avancées proposées par les parlementaires sur l’exclusion de tous les produits à base d’huile de palme et de soja dans les agrocarburants.
Alors que notre consommation de soja et de viande pèse lourdement sur les forêts, le gouvernement tergiverse également pour mettre en place un mécanisme solide de traçabilité et de gestion des risques, accélérer la transition vers l’autonomie protéique ou encore développer des actions en faveur de la réduction de notre consommation de viande.
Enfin, une opportunité historique se présente en 2021. Aujourd’hui, rien n’empêche la commercialisation sur le marché européen de produits liés à la déforestation. Sous la pression des citoyens européens, la Commission européenne devrait proposer une législation pour mettre un terme à cette situation. Le gouvernement français doit se mobiliser pour obtenir une législation ambitieuse et contraignante qui s’appuie sur un renforcement de la transparence et des obligations de vigilance des entreprises.
Au lancement de la SNDI, un point d’étape avait été planifié en 2020 afin de “mesurer les progrès accomplis et, le cas échéant, prendre de nouvelles mesures contraignantes”. Nous y sommes. C’est le moment de faire le constat lucide de l’échec de la concrétisation de la SNDI et de se mobiliser fortement, dès les prochains jours, pour rattraper le retard accumulé et mettre enfin un terme à la complicité de la France dans la déforestation.