Publié le : 28/03/202410,4 min de lecture

Du 14 au 16 mars 2024, une délégation de 5 représentant·e·s autochtones de l’APIB (Articulação dos Povos Indígenas do Brasil), une organisation autochtone Brésilienne, était à Paris pour exposer la problématique de la déforestation de la région du  Cerrado. Elle fut accompagnée de plusieurs ONG brésiliennes (ISPN, Rede Cerrado et WWF-Brésil) et accueillie par des associations françaises telles que Mighty Earth France et Envol Vert.

Retour sur trois journées de rencontres et de sensibilisation à la préservation d’une savane oubliée.

14 mars : Découvrir le Cerrado, biome menacé par la culture du soja

19h, Académie du Climat, Paris. 

Sous les yeux captivants des portraits d’animaux de Mathieu Latour (photographies « Regards d’extinction »), Boris Patentreger brandit des filets de poulet estampillés de drapeaux français et demande : 

« Savez-vous pourquoi consommer ce produit “made in France” contribue à la déforestation brésilienne ? ». 

Le ton est donné. 

Co-fondateur d’Envol Vert et directeur France de Mighty Earth, Boris Patentreger explique comment les produits de nos animaux Français, nourris (gavés) au soja brésilien sont vendus dans nos supermarchés et contribuent à la destruction des forêts outre-Atlantique. Il sera le chef d’orchestre de cette soirée.

APIB_Eliane-Xunakalo et Lourdes-Nascimiento à l'Academie du Climat

Eliane Xunakalo (gauche) et Lourdes Nascimiento (droite)

Les voix de Lourdes Nascimento(REDE Cerrado) et d’Eliane Xunakalo (FEPOIMT), nous embarquent pour un voyage nostalgique dans la savane néotropicale du Cerrado.Derrière elles, les splendides photographies de Kamikiá Kisedje, photographe membre du peuple autochtone Kisêdjê. 

Le Cerrado, c’est un quart de la surface du Brésil et 160 000 espèces de plantes et d’animaux.

Reconnu comme « réserve de biosphère » par l’UNESCO en 1994, le Cerrado est souvent qualifié de « forêt renversée ». En effet, s’il est composé d’une végétation relativement basse, cette dernière possède des racines particulièrement profondes – jusqu’à 15 mètres de profondeur !

Le Cerrado se caractérise également par les grandes quantités d’eau qui le traversent : rivières, cascades, nappes phréatiques abondantes. En outre, de très nombreuses sources alimentent huit des douze bassins hydrographiques du Brésil, dont le plus vaste et le plus connu : l’Amazonie. En d’autres termes, il n’y a pas de forêt amazonienne sans Cerrado.

Ce territoire est également le foyer de nombreux peuples autochtones, et ce depuis plusieurs centaines d’années. S’y inscrivent leurs traditions, leurs savoirs, leur histoire et leur sentiment d’appartenance au monde.

« O Cerrado é vida* »

*« Le Cerrado, c’est la vie »

Aujourd’hui, le Cerrado est menacé par l’agro-industrie qui exploite ce biome particulièrement fertile pour la culture du soja. 

Parce qu’il est composé d’une végétation inférieure à 5 mètres de haut, il n’entre pas dans la définition européenne d’une forêt. Ce biome se retrouve donc exclu des mesures politiques qui protègent pourtant l’Amazonie, notamment du Règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE). 

Parmi les 466 151 tonnes de soja importées par la France en 2022, 64% viennent du Brésil. Parce que le Cerrado est exclu du règlement européen, l’alimentation de nos animaux français participe toujours plus à la destruction de ce précieux biome. Pour l’instant, c’est déjà 37% du soja importé en France qui provient de cette zone.

Mariana B. P. Gameiro, spécialiste de l’agriculture et des filières d’élevage chez Mighty Earth, dépeint la situation alarmante de ce joyau oublié du Brésil : si en 2023 le rythme de la déforestation en Amazonie a ralenti de moitié, il a augmenté de 44% dans le Cerrado. En 3 mois (de septembre à décembre 2023), c’est deux fois la taille de Paris qui a été déforestée dans le Cerrado (26 901 ha). 

Ainsi, c’est pour réduire les impacts du soja sur les terres brésiliennes, dont le Cerrado, que Mighty Earth a lancé son programme Rapid Response. Un programme destiné à enrayer la déforestation grâce à une méthodologie de surveillance des conversion de terres forestières  dues à l’agriculture. Son objectif est d’engager les acteurs clés du secteur agro-industriel vers une meilleure traçabilité et des pratiques plus respectueuses des forêts  : on citera notamment le distributeur français Carrefour, surveillé de près par l’association.

Mariana B. P. Gameiro présente un cas d’étude terrain de déforestation à Bahia, dans le Cerrado

Plus largement, et afin de mesurer l’impact de nos consommations sur la déforestation, Envol Vert a conçu un outil : l’Empreinte Forêt. Afin d’illustrer l’impact notamment de notre alimentation, un supermarché mobile, notre «SuperBosquet » a été présenté au grand public au cours de la soirée. En choisissant leurs articles habituels et en les plaçant sur l’échelle de la déforestation, 150 personnes ont pu décortiquer l’impact de leur consommation quotidienne sur les forêts mondiales.

Marion Duffieux et Baptiste Vicard animent l’atelier « SuperBosquet » qui sensibilise à l’impact de notre consommation sur les forêts

La soirée se poursuit avec une table ronde d’acteurs engagés contre la déforestation, chacun à leur manière :

  • Bianca Maldonado Nakamato introduit WWF Brésil et évoque l’importance d’un réseau de partenaires pour mener des actions de plaidoyer contre la déforestation, développer des alternatives économiques et valoriser des produits respectueux des biomes dont ils sont issus.

  • Guilherme Eidt, de l’ISPN (Instituto Sociedade, População e Natureza) rappelle ensuite le rôle central des populations locales dans la lutte contre la déforestation. Il évoque également les limites du RDUE qui, en excluant une partie des terres boisées, ne peut s’imposer comme une véritable mesure impactante et efficace. Dans le Cerrado, les zones arides se multiplient au dépit des surfaces hydriques de la région, l’apparition d’un climat désertique à l’est de Bahia pour la toute première fois l’illustre tragiquement.

  • Pour Klervi Le Guenic, chargée de campagne chez Canopée, la meilleure façon de lutter contre ce phénomène reste la législation et le contrôle de son application. Elle nous rappelle qu’en juin 2024, la Commission européenne doit présenter une analyse d’impact relative à l’élargissement du règlement à d’autres surfaces boisées, incluant le Cerrado. Cependant, elle alerte sur le besoin de garanties et décrie le manque de moyens de contrôle alloués au RDUE.

  • C’est sur ce point qu’intervient Earthworm Foundation, représentée par Grégoire Jacob. En développant une expertise au sujet des chaînes d’approvisionnement des entreprises, l’organisation a développé la méthodologie ZDC « Zéro Déforestation ni Conversion » permettant de tracer les cultures de soja.

  • Enfin Laura d’Astorg, DG de l’Alliance pour la Préservation des Forêts, un collectif d’entreprises engagées, insiste sur la nécessité de s’aligner avec les associations rappelle qu’une victoire est possible en rappelant les progrès réalisés sur la déforestation liée à l’huile de palme depuis 2015.

La dégustation de produits typiquement brésiliens vient ensuite clôturer la soirée à travers un moment de partage et d’échange sur les sujets évoqués.

Nous remercions l’Académie du Climat pour leur accueil !

15 mars : Sensibiliser les acteurs politiques à la nécessité de protéger le Cerrado

Rencontre avec Chrysoula Zacharopoulou,
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères

La délégation de l’APIB poursuit son séjour à Paris ce vendredi 15 en allant à la rencontre d’acteurs et d’actrices politiques, afin de les sensibiliser à l’importance de la préservation du Cerrado. Secrétaire d’Etat, membres de cabinets ministériels et députés français et européens entendront leur demandes : 

  • Prendre conscience des défis auxquels est confronté le Cerrado, deuxième plus grand biome du Brésil, en raison de l’explosion de la déforestation. Région du Brésil la plus impactée par nos approvisionnements en soja.

  • Inclure les « autres terres boisées » comme le Cerrado dans la révision du règlement européen. 

    • Promouvoir la mise en place de droits fonciers dans le RDUE par les autorités compétentes.
    • Assurer la présence de moyens de contrôle indépendants et le respect de cette réglementation.
  • Refuser l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur mettant en danger les populations autochtones et la forêt amazonienne. En effet, la suppression des droits de douane sur certains biens exportés, comme la viande bovine, vers l’UE augmenterait la production, et de fait la surface déforestée. De plus, l’accord ferait croître l’exportation de pesticides de l’UE vers le Brésil, qui est un des pays dont la législation est la moins contraignante à ce sujet. Ces pesticides – pourtant interdits au sein de l’Union Européenne – se retrouveraient ainsi dans les produits agricoles importés du Brésil vers le Vieux continent.

16 mars : Se mobiliser pour alerter l’opinion publique sur l’affaire Casino

Avant de continuer sa trajectoire européenne, la délégation de l’APIB a participé à une mobilisation organisée par Envol Vert et Notre Affaire à tous, en vue de sensibiliser le grand public à la responsabilité des distributeurs français dans la déforestation de l’Amazonie. 

Pour rappel, en  2021, une coalition d’organisations brésiliennes et colombiennes de défense des droits de peuples autochtones (la COIAB, la FEPIPA, la FEPOIMT et l’OPIAC) ainsi que des associations internationales (dont Envol Vert, Mighty Earth, Notre Affaire à Tous ou encore Sherpa) ont assigné en justice le groupe Casino pour manquement à son devoir de vigilance

Elles reprochent au groupe de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour exclure de ses chaînes d’approvisionnement au Brésil et en Colombie la viande bovine liée à la déforestation illégale. Contribuant par ailleurs à l’accaparement de terres et aux violations des droits des peuples autochtones.

Les organisations demandent une reconnaissance de responsabilité des dommages causés et un dédommagement aux populations autochtones pour atteintes à leurs droits fondamentaux. Malgré la cession en cours de ses activités sud-américaines, le groupe Casino devra répondre à ces manquements devant la justice. 

Eliane Xunakalo, présidente de la Fédération des Peuples Autochtones du Mato Grosso (FEPOIMT) a pris la parole devant une enseigne française du groupe Casino lors de cette mobilisation, afin de rappeler au grand public la responsabilité des acteurs agro-industriels français en Amérique du Sud. 

En France, le groupe Casino entretient une image vertueuse, propriétaire de Naturalia, il met en avant des produits issus de l’agriculture biologique et du commerce équitable. A l’autre bout du monde, la viande de bœuf vendue dans les enseignes Casino s’origine dans des fermes responsables de déforestation. 

L’objectif de cette mobilisation a été à la fois de sensibiliser la clientèle de Naturalia aux agissements du groupe Casino en Amérique du Sud, et d’offrir une tribune aux représentant·es de peuples autochtones présent·es à nos côtés. La déforestation c’est aussi ces visages, ces vies, ces communautés dont les droits sont bafoués.

Mobilisation devant un Naturalia parisien

En synthèse

La venue de la délégation de l’APIB a permis de mettre en exergue l’importance et les enjeux rencontrés dans le Cerrado, biome brésilien oublié

C’est en collaborant avec toutes les parties prenantes et en faisant front uni en faveur de la préservation des terres boisées que des résultats peuvent être obtenus. Des solutions existent : elles sont technologiques, économiques, mais surtout politiques.

Publié le : 28/03/202410,4 min de lecture

Du 14 au 16 mars 2024, une délégation de 5 représentant·e·s autochtones de l’APIB (Articulação dos Povos Indígenas do Brasil), une organisation autochtone Brésilienne, était à Paris pour exposer la problématique de la déforestation de la région du  Cerrado. Elle fut accompagnée de plusieurs ONG brésiliennes (ISPN, Rede Cerrado et WWF-Brésil) et accueillie par des associations françaises telles que Mighty Earth France et Envol Vert.

Retour sur trois journées de rencontres et de sensibilisation à la préservation d’une savane oubliée.

14 mars : Découvrir le Cerrado, biome menacé par la culture du soja

19h, Académie du Climat, Paris. 

Sous les yeux captivants des portraits d’animaux de Mathieu Latour (photographies « Regards d’extinction »), Boris Patentreger brandit des filets de poulet estampillés de drapeaux français et demande : 

« Savez-vous pourquoi consommer ce produit “made in France” contribue à la déforestation brésilienne ? ». 

Le ton est donné. 

Co-fondateur d’Envol Vert et directeur France de Mighty Earth, Boris Patentreger explique comment les produits de nos animaux Français, nourris (gavés) au soja brésilien sont vendus dans nos supermarchés et contribuent à la destruction des forêts outre-Atlantique. Il sera le chef d’orchestre de cette soirée.

APIB_Eliane-Xunakalo et Lourdes-Nascimiento à l'Academie du Climat

Eliane Xunakalo (gauche) et Lourdes Nascimiento (droite)

Les voix de Lourdes Nascimento(REDE Cerrado) et d’Eliane Xunakalo (FEPOIMT), nous embarquent pour un voyage nostalgique dans la savane néotropicale du Cerrado.Derrière elles, les splendides photographies de Kamikiá Kisedje, photographe membre du peuple autochtone Kisêdjê. 

Le Cerrado, c’est un quart de la surface du Brésil et 160 000 espèces de plantes et d’animaux.

Reconnu comme « réserve de biosphère » par l’UNESCO en 1994, le Cerrado est souvent qualifié de « forêt renversée ». En effet, s’il est composé d’une végétation relativement basse, cette dernière possède des racines particulièrement profondes – jusqu’à 15 mètres de profondeur !

Le Cerrado se caractérise également par les grandes quantités d’eau qui le traversent : rivières, cascades, nappes phréatiques abondantes. En outre, de très nombreuses sources alimentent huit des douze bassins hydrographiques du Brésil, dont le plus vaste et le plus connu : l’Amazonie. En d’autres termes, il n’y a pas de forêt amazonienne sans Cerrado.

Ce territoire est également le foyer de nombreux peuples autochtones, et ce depuis plusieurs centaines d’années. S’y inscrivent leurs traditions, leurs savoirs, leur histoire et leur sentiment d’appartenance au monde.

« O Cerrado é vida* »

*« Le Cerrado, c’est la vie »

Aujourd’hui, le Cerrado est menacé par l’agro-industrie qui exploite ce biome particulièrement fertile pour la culture du soja. 

Parce qu’il est composé d’une végétation inférieure à 5 mètres de haut, il n’entre pas dans la définition européenne d’une forêt. Ce biome se retrouve donc exclu des mesures politiques qui protègent pourtant l’Amazonie, notamment du Règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE). 

Parmi les 466 151 tonnes de soja importées par la France en 2022, 64% viennent du Brésil. Parce que le Cerrado est exclu du règlement européen, l’alimentation de nos animaux français participe toujours plus à la destruction de ce précieux biome. Pour l’instant, c’est déjà 37% du soja importé en France qui provient de cette zone.

Mariana B. P. Gameiro, spécialiste de l’agriculture et des filières d’élevage chez Mighty Earth, dépeint la situation alarmante de ce joyau oublié du Brésil : si en 2023 le rythme de la déforestation en Amazonie a ralenti de moitié, il a augmenté de 44% dans le Cerrado. En 3 mois (de septembre à décembre 2023), c’est deux fois la taille de Paris qui a été déforestée dans le Cerrado (26 901 ha). 

Ainsi, c’est pour réduire les impacts du soja sur les terres brésiliennes, dont le Cerrado, que Mighty Earth a lancé son programme Rapid Response. Un programme destiné à enrayer la déforestation grâce à une méthodologie de surveillance des conversion de terres forestières  dues à l’agriculture. Son objectif est d’engager les acteurs clés du secteur agro-industriel vers une meilleure traçabilité et des pratiques plus respectueuses des forêts  : on citera notamment le distributeur français Carrefour, surveillé de près par l’association.

Mariana B. P. Gameiro présente un cas d’étude terrain de déforestation à Bahia, dans le Cerrado

Plus largement, et afin de mesurer l’impact de nos consommations sur la déforestation, Envol Vert a conçu un outil : l’Empreinte Forêt. Afin d’illustrer l’impact notamment de notre alimentation, un supermarché mobile, notre «SuperBosquet » a été présenté au grand public au cours de la soirée. En choisissant leurs articles habituels et en les plaçant sur l’échelle de la déforestation, 150 personnes ont pu décortiquer l’impact de leur consommation quotidienne sur les forêts mondiales.

Marion Duffieux et Baptiste Vicard animent l’atelier « SuperBosquet » qui sensibilise à l’impact de notre consommation sur les forêts

La soirée se poursuit avec une table ronde d’acteurs engagés contre la déforestation, chacun à leur manière :

  • Bianca Maldonado Nakamato introduit WWF Brésil et évoque l’importance d’un réseau de partenaires pour mener des actions de plaidoyer contre la déforestation, développer des alternatives économiques et valoriser des produits respectueux des biomes dont ils sont issus.

  • Guilherme Eidt, de l’ISPN (Instituto Sociedade, População e Natureza) rappelle ensuite le rôle central des populations locales dans la lutte contre la déforestation. Il évoque également les limites du RDUE qui, en excluant une partie des terres boisées, ne peut s’imposer comme une véritable mesure impactante et efficace. Dans le Cerrado, les zones arides se multiplient au dépit des surfaces hydriques de la région, l’apparition d’un climat désertique à l’est de Bahia pour la toute première fois l’illustre tragiquement.

  • Pour Klervi Le Guenic, chargée de campagne chez Canopée, la meilleure façon de lutter contre ce phénomène reste la législation et le contrôle de son application. Elle nous rappelle qu’en juin 2024, la Commission européenne doit présenter une analyse d’impact relative à l’élargissement du règlement à d’autres surfaces boisées, incluant le Cerrado. Cependant, elle alerte sur le besoin de garanties et décrie le manque de moyens de contrôle alloués au RDUE.

  • C’est sur ce point qu’intervient Earthworm Foundation, représentée par Grégoire Jacob. En développant une expertise au sujet des chaînes d’approvisionnement des entreprises, l’organisation a développé la méthodologie ZDC « Zéro Déforestation ni Conversion » permettant de tracer les cultures de soja.

  • Enfin Laura d’Astorg, DG de l’Alliance pour la Préservation des Forêts, un collectif d’entreprises engagées, insiste sur la nécessité de s’aligner avec les associations rappelle qu’une victoire est possible en rappelant les progrès réalisés sur la déforestation liée à l’huile de palme depuis 2015.

La dégustation de produits typiquement brésiliens vient ensuite clôturer la soirée à travers un moment de partage et d’échange sur les sujets évoqués.

Nous remercions l’Académie du Climat pour leur accueil !

15 mars : Sensibiliser les acteurs politiques à la nécessité de protéger le Cerrado

Rencontre avec Chrysoula Zacharopoulou,
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères

La délégation de l’APIB poursuit son séjour à Paris ce vendredi 15 en allant à la rencontre d’acteurs et d’actrices politiques, afin de les sensibiliser à l’importance de la préservation du Cerrado. Secrétaire d’Etat, membres de cabinets ministériels et députés français et européens entendront leur demandes : 

  • Prendre conscience des défis auxquels est confronté le Cerrado, deuxième plus grand biome du Brésil, en raison de l’explosion de la déforestation. Région du Brésil la plus impactée par nos approvisionnements en soja.

  • Inclure les « autres terres boisées » comme le Cerrado dans la révision du règlement européen. 

    • Promouvoir la mise en place de droits fonciers dans le RDUE par les autorités compétentes.
    • Assurer la présence de moyens de contrôle indépendants et le respect de cette réglementation.
  • Refuser l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur mettant en danger les populations autochtones et la forêt amazonienne. En effet, la suppression des droits de douane sur certains biens exportés, comme la viande bovine, vers l’UE augmenterait la production, et de fait la surface déforestée. De plus, l’accord ferait croître l’exportation de pesticides de l’UE vers le Brésil, qui est un des pays dont la législation est la moins contraignante à ce sujet. Ces pesticides – pourtant interdits au sein de l’Union Européenne – se retrouveraient ainsi dans les produits agricoles importés du Brésil vers le Vieux continent.

16 mars : Se mobiliser pour alerter l’opinion publique sur l’affaire Casino

Avant de continuer sa trajectoire européenne, la délégation de l’APIB a participé à une mobilisation organisée par Envol Vert et Notre Affaire à tous, en vue de sensibiliser le grand public à la responsabilité des distributeurs français dans la déforestation de l’Amazonie. 

Pour rappel, en  2021, une coalition d’organisations brésiliennes et colombiennes de défense des droits de peuples autochtones (la COIAB, la FEPIPA, la FEPOIMT et l’OPIAC) ainsi que des associations internationales (dont Envol Vert, Mighty Earth, Notre Affaire à Tous ou encore Sherpa) ont assigné en justice le groupe Casino pour manquement à son devoir de vigilance

Elles reprochent au groupe de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour exclure de ses chaînes d’approvisionnement au Brésil et en Colombie la viande bovine liée à la déforestation illégale. Contribuant par ailleurs à l’accaparement de terres et aux violations des droits des peuples autochtones.

Les organisations demandent une reconnaissance de responsabilité des dommages causés et un dédommagement aux populations autochtones pour atteintes à leurs droits fondamentaux. Malgré la cession en cours de ses activités sud-américaines, le groupe Casino devra répondre à ces manquements devant la justice. 

Eliane Xunakalo, présidente de la Fédération des Peuples Autochtones du Mato Grosso (FEPOIMT) a pris la parole devant une enseigne française du groupe Casino lors de cette mobilisation, afin de rappeler au grand public la responsabilité des acteurs agro-industriels français en Amérique du Sud. 

En France, le groupe Casino entretient une image vertueuse, propriétaire de Naturalia, il met en avant des produits issus de l’agriculture biologique et du commerce équitable. A l’autre bout du monde, la viande de bœuf vendue dans les enseignes Casino s’origine dans des fermes responsables de déforestation. 

L’objectif de cette mobilisation a été à la fois de sensibiliser la clientèle de Naturalia aux agissements du groupe Casino en Amérique du Sud, et d’offrir une tribune aux représentant·es de peuples autochtones présent·es à nos côtés. La déforestation c’est aussi ces visages, ces vies, ces communautés dont les droits sont bafoués.

Mobilisation devant un Naturalia parisien

En synthèse

La venue de la délégation de l’APIB a permis de mettre en exergue l’importance et les enjeux rencontrés dans le Cerrado, biome brésilien oublié

C’est en collaborant avec toutes les parties prenantes et en faisant front uni en faveur de la préservation des terres boisées que des résultats peuvent être obtenus. Des solutions existent : elles sont technologiques, économiques, mais surtout politiques.

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