Published On: 21/06/202011 min read

Contexte :
Grâce au programme Forêt Sèche tropicale, Envol Vert s’engage à cultiver autrement afin de protéger un écosystème en voie de disparition et de désertification. Trois objectifs fondamentaux permettent d’y arriver :

  • La mise en place des systèmes agroforestiers et sylvopastoraux
  • La souveraineté alimentaire et la constitution d’alternatives économiques
  • La capitalisation d’expériences

Au-delà des enjeux environnementaux, le programme vise un renforcement de la société civile. Le projet bénéficie ainsi à près de 40 familles paysannes, soit environ 150 personnes.

Après près de six ans de présence sur le terrain en Colombie, il est intéressant d’étudier quelles ont été les actions et leurs conséquences sur la vie de ces familles, en particulier des femmes et de leur rôle dans la communauté. Une redéfinition des rôles a-t-elle été possible ? Les rapports hommes/femmes ont-ils tendu vers plus d’égalité ? Les femmes ont-elles gagné en émancipation et autonomie ? 

Il s’agit en fait d’observer comment la perspective de genre s’est intégrée dans l’action d’Envol Vert sur le terrain. Le genre se définit comme un élément constitutif des relations sociales construites à partir de la différenciation entre les sexes, impliquant des relations de pouvoirs et de dominations. En introduisant des activités au sein de groupes sociaux, le programme Forêt Sèche Tropicale d’Envol Vert induit un changement direct et indirect sur ces rôles de genre.

Envol Vert est fortement impliqué dans la thématique de genre.

Laura Velandia, responsable Alternatives économiques du programme Forêt Sèche Tropicale, souligne que l’association est principalement féminine. Dans le cas de la Colombie, ces dernières années, 70% des effectifs sont féminins y compris la directrice et co-fondatrice, Daisy Tarrier. Bien souvent, ses membres, tant hommes que femmes, sont déjà sensibles à la question du genre. Cette sensibilité imprègne les actions terrain.

Les volontaires présents sur le programme Forêt Sèche Tropicale font parfois face à des situations de malaises : remarques machistes et harcèlement de rue sont des réalités et les relations hommes-femmes sont beaucoup plus codifiées que ce à quoi ils sont habitués. Les volontaires féminines ont parfois plus de difficultés qu’un volontaire masculin à gagner le respect des partenaires locaux. Ce constat renforce l’envie d’agir sur la question de l’égalité hommes-femmes.

En conséquence, Envol Vert a pensé à une stratégie d’actions, formalisant des lignes d’objectifs et d’activités permettant l’inclusion des femmes au sein du projet. 

Pourquoi la thématique du genre doit faire partie intégrante d’une stratégie d’action environnementale ?

Les projets forestiers fonctionnent mieux lorsque tous les membres de la communauté y sont inclus. Lorena Aguilar, chercheuse pour l’égalité de genre et la coopération internationale, démontre en 2012 que l’inclusion des femmes est clé pour la pérennité d’un tel projet. En effet, dans les milieux ruraux, les femmes ont une place très importante dans le développement des communautés : elles sont au coeur du développement des activités du foyer. Jonathan Gordillo, le responsable agroforesterie du programme Forêt Sèche Tropicale, fait remarquer que les femmes apportent au projet une vision à plus long terme.

Cette efficacité constatée sur les projets prend racine dans la démarche plus vaste d’agroécologie que porte Envol Vert. L’agroécologie comprend en effet à la foi le respect de l’environnement et la vision d’un ordre social plus inclusif ; l’action s’étend de la production agricole, à la sécurité alimentaire, en passant par l’éducation et l’égalité hommes/femmes… Cette vision alternative du monde propose un modèle d’économie solidaire et familiale au lieu d’un modèle de surproduction à des fins d’exportation. La nature, la production et la société sont pensées comme étant complémentaires et interdépendantes. Selon cette vision, les femmes sont des protagonistes à part entière, qui ont la possibilité de se réaliser. Ces femmes rurales prenant part à des projets agroécologiques acquièrent une plus grande place, d’abord dans la production agricole puis dans l’ensemble de la communauté. Dans certains cas, ces femmes assument même le leadership du projet.

Le lien entre écologie et féminisme n’est pas nouveau. Il est mis en avant par Françoise d’Eaubonne, écrivaine et féministe, en 1974 autour du terme d’écoféminisme, liant l’exploitation sans limites des ressources à la fois humaines et environnementales par le patriarcat. L’homme domine les femmes comme il domine la Nature. Il est donc logique pour Envol Vert de s’engager à la fois pour la biodiversité mais également pour l’économie paysanne et solidaire, et l’égalité de genre.

Quels sont les impacts du programme pour les femmes des communautés bénéficiaires ?

Après quelques années à travailler avec les communautés, nous avons pu observer l’effet positif du programme Forêt Sèches Tropicales pour l’affirmation des femmes.

La situation de départ était parfois radicale, avec une séparation bien marquée entre les hommes aux  champs ou à la mine  et les femmes à  la maison à s’occuper du repas et des enfants. Avec le projet, elles sont d’abord entrées via leur époux, puis ont petit à petit, pris part aux activités. Mais nous avons également rencontré des femmes engagées d’elles mêmes dans plusieurs collectifs, en vue d’obtenir une plus grande émancipation tout en agissant en réaction à la dégradation de leur environnement.

Le premier enjeu fut de réussir à intégrer les femmes dans les projets car, sans parcelle, elles ne se sentaient pas légitimes. La stratégie que nous avons adopté fut d’impliquer les femmes en proposant à la communauté des activités où elles pouvaient se sentir plus à l’aise et en confiance, en support des activités de la pépinière, par exemple, en gérant l’aspect esthétique du lieu. Une fois ce premier pas effectué, nous leur avons proposé de sortir de leur zone de confort avec la participation aux activités productives de la pépinière.

La présence de volontaires féminines au sein d’Envol Vert a permis de faciliter ce glissement en redéfinissant les rôles. En effet, nos volontaires féminines participent activement aux activités agricoles d’ordinaire attribuées aux hommes.

En parallèle, les hommes ont entrepris des activités plus délicates que celles auxquelles ils étaient habitués. Les femmes et les hommes travaillent alors ensemble et attribuent de moins en moins de stéréotypes de genre aux tâches du projet.

Lors de chaque activité de groupe, les participants signent une fiche de présence.

Ce dispositif administratif s’est transformé en véritable outil de valorisation : certaines femmes ont même  demandé à y être inscrites au même titre que les hommes pour obtenir une reconnaissance de leur présence. 

Un autre enjeu fort a dû être pris en compte : le temps consacré au foyer et à l’éducation des enfants est encore majoritairement assumé par les femmes. Il a donc fallu organiser le planning dans les pépinières pour leur permettre de participer pleinement aux activités.

Envol Vert a également offert aux femmes participant aux travaux des pépinières de se rencontrer dans ce nouvel espace, et de faciliter le partage d’expérience, stimulant ainsi le processus d’émancipation.

Grâce à une valorisation de la présence des femmes dans les pépinières, elles ont su prendre leur place au sein du projet. Sur nos projets, bien qu’ils soient très différents, nous constatons que les femmes représentent aujourd’hui 40% des bénéficiaires et se sont parfois elles qui assurent la continuité de l’activité.

Elles sont notamment très actives lorsqu’il s’agit de transformer les produits récoltés. C’est aussi grâce à la dimension économique du programme Forêt Sèches Tropicales qu’elles parviennent à se réaliser, à prendre confiance et à acquérir un autre rôle dans la société que leur rôle traditionnel. Dans certains groupes, elles en viennent à solliciter des activités complémentaires, comme une formation de comptabilité par exemple. Cette dernière est essentielle car elle leur permet d’assurer la viabilité financière de l’association. Les femmes sont déjà au coeur de la gestion économique de leur foyer : elles se positionnent désormais au coeur de la gestion économique du projet. 

Cependant, il reste des axes d’amélioration :

  • Même si les hommes intègrent petit à petit la redéfinition des rôles et que l’on gagne en égalité, celle-ci n’est pas encore intégrée.

    Par exemple, dans une pépinière du programme Forêt Sèche Tropicale, l’en-cas étaient souvent préparé par les femmes. Afin d’y remédier, un groupe de bénéficiaire a organisé un tirage au sort mensuel afin d’élire la personne chargée de sa préparation Pour autant, ce type de solution a rencontré des problèmes : lorsque ce fut le tour d’un bénéficiaire, celui-ci a délégué cette tâche à sa femme. Un événement qui a fait réagir la communauté, un homme a ainsi fait savoir que lui n’agira pas de la sorte.

  • La présence des femmes dans les Comités de direction des associations locales est encore très faible et aucune femme n’est responsable de pépinière. Néanmoins, on peut souligner le cas d’Asocalim (Association de Paysan de Los Límites, Projet Titi), où la présidence et l’administration sont assurées par des femmes. Par ailleurs, le président d’une des associations partenaires a affirmé son souhait d’intégrer les femmes dans l’organisation, critiquant le fait qu”il n’y a que des hommes ici, aucune égalité de genre”.

Notre stratégie d’action sur la thématique du genre doit aujourd’hui être plus clairement diffusée au sein d’Envol Vert, notamment entre ses différents acteurs terrain. Ils sont encouragés à prendre conscience du sujet. L’intention n’est pas de créer un débat avec les communautés sur les théories féministes ou des nouvelles masculinités : le programme de Forêt Sèche Tropicale est un vecteur pour permettre l’émancipation des femmes.

Les relations ne sont pas unilatérales mais bien interactives entre les membres des communautés et d’Envol Vert, des femmes entre elles, des hommes avec les femmes. De fait, les femmes impliquées bénéficient d’une grande variété de perspectives quant à la façon de définir leur rôle au sein de la communauté. 

Un enjeu majeur merveilleusement résumé par Laura Velandia, la responsable des alternatives économiques pour le programme Forêt Sèche Tropicale : 

« Il est également important de souligner comment les femmes rurales inspirent et donnent de la force aux femmes qui travaillent avec Envol Vert. La sagesse de ces femmes s’accordant avec la Nature, leur intelligence, leur force et leur amour, est quelque chose qui motive encore davantage pour aller de l’avant dans les projets afin que les femmes et la vision féminine aient une place chaque fois plus importante.» 
Laura Velandia

AGUILAR, Lorena et al., Establishing the linkages between gender and climate change adaptation and mitigation. In : Gender and climate change: An introduction. Routledge, 2012. p. 201-221.

FAO, 2017, Comprendre et intégrer les questions de genre dans les projets et programmes d’élevage, [consulté le 19/05/2020 sur :  http://www.fao.org/3/a-i3216f.pdf ]

FRANCE CULTURE, Les éco-intellectuels, 100 penseurs pour comprendre l’écologie, 29/11/2019 [consulté le 19/05/20 sur : https://www.franceculture.fr/environnement/les-eco-intellectuels-100-penseurs-pour-comprendre-lecologie]

GUÉTAT-BERNARD, Hélène. Travail, famille et agriculture. Enjeux de genre et de développement, perspective Nord-Sud In: Sous le développement, le genre [en línea]. Marseille: IRD Éditions, 2015 (generado el 19 mai 2020). Disponible en Internet: <http://books.openedition.org/irdeditions/8792>. ISBN: 9782709918848. DOI: https://doi.org/10.4000/books.irdeditions.8792.

JAVELLE Aurelie. Vers une agriculture renaturée. Champs culturels, Ministère de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation, 2018, 29, pp.53-57. hal-01946279

LOPES, Ana Paula, JOMALINIS Emilia, ActionAid Brazil, “Agroecology:Exploring opportunities for women’s empowerment based on experiences from Brazil”, Association of Women’s Rights in Development (AWID) , 2011 [Consulté le 19/05/20 sur https://www.awid.org/sites/default/files/atoms/files/feminist_perspectives_agroecology.pdf ]

VETTRAINO, Jean, Agroécologie et développement durable, Secours Catholique-Caritas France, Paris, 2016  [Consulté le 19/05/2020 sur : https://www.secours-catholique.org/sites/scinternet/files/publications/sccf_agroeco2016_fr.pdf ]

Et grâce aux précieux témoignages de l’équipe de terrain et de Bogotá d’Envol Vert Colombie. 

Contexte :
Grâce au programme Forêt Sèche tropicale, Envol Vert s’engage à cultiver autrement afin de protéger un écosystème en voie de disparition et de désertification. Trois objectifs fondamentaux permettent d’y arriver :

  • La mise en place des systèmes agroforestiers et sylvopastoraux
  • La souveraineté alimentaire et la constitution d’alternatives économiques
  • La capitalisation d’expériences

Au-delà des enjeux environnementaux, le programme vise un renforcement de la société civile. Le projet bénéficie ainsi à près de 40 familles paysannes, soit environ 150 personnes.

Après près de six ans de présence sur le terrain en Colombie, il est intéressant d’étudier quelles ont été les actions et leurs conséquences sur la vie de ces familles, en particulier des femmes et de leur rôle dans la communauté. Une redéfinition des rôles a-t-elle été possible ? Les rapports hommes/femmes ont-ils tendu vers plus d’égalité ? Les femmes ont-elles gagné en émancipation et autonomie ? 

Il s’agit en fait d’observer comment la perspective de genre s’est intégrée dans l’action d’Envol Vert sur le terrain. Le genre se définit comme un élément constitutif des relations sociales construites à partir de la différenciation entre les sexes, impliquant des relations de pouvoirs et de dominations. En introduisant des activités au sein de groupes sociaux, le programme Forêt Sèche Tropicale d’Envol Vert induit un changement direct et indirect sur ces rôles de genre.

Envol Vert est fortement impliqué dans la thématique de genre.

Laura Velandia, responsable Alternatives économiques du programme Forêt Sèche Tropicale, souligne que l’association est principalement féminine. Dans le cas de la Colombie, ces dernières années, 70% des effectifs sont féminins y compris la directrice et co-fondatrice, Daisy Tarrier. Bien souvent, ses membres, tant hommes que femmes, sont déjà sensibles à la question du genre. Cette sensibilité imprègne les actions terrain.

Les volontaires présents sur le programme Forêt Sèche Tropicale font parfois face à des situations de malaises : remarques machistes et harcèlement de rue sont des réalités et les relations hommes-femmes sont beaucoup plus codifiées que ce à quoi ils sont habitués. Les volontaires féminines ont parfois plus de difficultés qu’un volontaire masculin à gagner le respect des partenaires locaux. Ce constat renforce l’envie d’agir sur la question de l’égalité hommes-femmes.

En conséquence, Envol Vert a pensé à une stratégie d’actions, formalisant des lignes d’objectifs et d’activités permettant l’inclusion des femmes au sein du projet. 

Pourquoi la thématique du genre doit faire partie intégrante d’une stratégie d’action environnementale ?

Les projets forestiers fonctionnent mieux lorsque tous les membres de la communauté y sont inclus. Lorena Aguilar, chercheuse pour l’égalité de genre et la coopération internationale, démontre en 2012 que l’inclusion des femmes est clé pour la pérennité d’un tel projet. En effet, dans les milieux ruraux, les femmes ont une place très importante dans le développement des communautés : elles sont au coeur du développement des activités du foyer. Jonathan Gordillo, le responsable agroforesterie du programme Forêt Sèche Tropicale, fait remarquer que les femmes apportent au projet une vision à plus long terme.

Cette efficacité constatée sur les projets prend racine dans la démarche plus vaste d’agroécologie que porte Envol Vert. L’agroécologie comprend en effet à la foi le respect de l’environnement et la vision d’un ordre social plus inclusif ; l’action s’étend de la production agricole, à la sécurité alimentaire, en passant par l’éducation et l’égalité hommes/femmes… Cette vision alternative du monde propose un modèle d’économie solidaire et familiale au lieu d’un modèle de surproduction à des fins d’exportation. La nature, la production et la société sont pensées comme étant complémentaires et interdépendantes. Selon cette vision, les femmes sont des protagonistes à part entière, qui ont la possibilité de se réaliser. Ces femmes rurales prenant part à des projets agroécologiques acquièrent une plus grande place, d’abord dans la production agricole puis dans l’ensemble de la communauté. Dans certains cas, ces femmes assument même le leadership du projet.

Le lien entre écologie et féminisme n’est pas nouveau. Il est mis en avant par Françoise d’Eaubonne, écrivaine et féministe, en 1974 autour du terme d’écoféminisme, liant l’exploitation sans limites des ressources à la fois humaines et environnementales par le patriarcat. L’homme domine les femmes comme il domine la Nature. Il est donc logique pour Envol Vert de s’engager à la fois pour la biodiversité mais également pour l’économie paysanne et solidaire, et l’égalité de genre.

Quels sont les impacts du programme pour les femmes des communautés bénéficiaires ?

Après quelques années à travailler avec les communautés, nous avons pu observer l’effet positif du programme Forêt Sèches Tropicales pour l’affirmation des femmes.

La situation de départ était parfois radicale, avec une séparation bien marquée entre les hommes aux  champs ou à la mine  et les femmes à  la maison à s’occuper du repas et des enfants. Avec le projet, elles sont d’abord entrées via leur époux, puis ont petit à petit, pris part aux activités. Mais nous avons également rencontré des femmes engagées d’elles mêmes dans plusieurs collectifs, en vue d’obtenir une plus grande émancipation tout en agissant en réaction à la dégradation de leur environnement.

Le premier enjeu fut de réussir à intégrer les femmes dans les projets car, sans parcelle, elles ne se sentaient pas légitimes. La stratégie que nous avons adopté fut d’impliquer les femmes en proposant à la communauté des activités où elles pouvaient se sentir plus à l’aise et en confiance, en support des activités de la pépinière, par exemple, en gérant l’aspect esthétique du lieu. Une fois ce premier pas effectué, nous leur avons proposé de sortir de leur zone de confort avec la participation aux activités productives de la pépinière.

La présence de volontaires féminines au sein d’Envol Vert a permis de faciliter ce glissement en redéfinissant les rôles. En effet, nos volontaires féminines participent activement aux activités agricoles d’ordinaire attribuées aux hommes.

En parallèle, les hommes ont entrepris des activités plus délicates que celles auxquelles ils étaient habitués. Les femmes et les hommes travaillent alors ensemble et attribuent de moins en moins de stéréotypes de genre aux tâches du projet.

Lors de chaque activité de groupe, les participants signent une fiche de présence.

Ce dispositif administratif s’est transformé en véritable outil de valorisation : certaines femmes ont même  demandé à y être inscrites au même titre que les hommes pour obtenir une reconnaissance de leur présence. 

Un autre enjeu fort a dû être pris en compte : le temps consacré au foyer et à l’éducation des enfants est encore majoritairement assumé par les femmes. Il a donc fallu organiser le planning dans les pépinières pour leur permettre de participer pleinement aux activités.

Envol Vert a également offert aux femmes participant aux travaux des pépinières de se rencontrer dans ce nouvel espace, et de faciliter le partage d’expérience, stimulant ainsi le processus d’émancipation.

Grâce à une valorisation de la présence des femmes dans les pépinières, elles ont su prendre leur place au sein du projet. Sur nos projets, bien qu’ils soient très différents, nous constatons que les femmes représentent aujourd’hui 40% des bénéficiaires et se sont parfois elles qui assurent la continuité de l’activité.

Elles sont notamment très actives lorsqu’il s’agit de transformer les produits récoltés. C’est aussi grâce à la dimension économique du programme Forêt Sèches Tropicales qu’elles parviennent à se réaliser, à prendre confiance et à acquérir un autre rôle dans la société que leur rôle traditionnel. Dans certains groupes, elles en viennent à solliciter des activités complémentaires, comme une formation de comptabilité par exemple. Cette dernière est essentielle car elle leur permet d’assurer la viabilité financière de l’association. Les femmes sont déjà au coeur de la gestion économique de leur foyer : elles se positionnent désormais au coeur de la gestion économique du projet. 

Cependant, il reste des axes d’amélioration :

  • Même si les hommes intègrent petit à petit la redéfinition des rôles et que l’on gagne en égalité, celle-ci n’est pas encore intégrée.

    Par exemple, dans une pépinière du programme Forêt Sèche Tropicale, l’en-cas étaient souvent préparé par les femmes. Afin d’y remédier, un groupe de bénéficiaire a organisé un tirage au sort mensuel afin d’élire la personne chargée de sa préparation Pour autant, ce type de solution a rencontré des problèmes : lorsque ce fut le tour d’un bénéficiaire, celui-ci a délégué cette tâche à sa femme. Un événement qui a fait réagir la communauté, un homme a ainsi fait savoir que lui n’agira pas de la sorte.

  • La présence des femmes dans les Comités de direction des associations locales est encore très faible et aucune femme n’est responsable de pépinière. Néanmoins, on peut souligner le cas d’Asocalim (Association de Paysan de Los Límites, Projet Titi), où la présidence et l’administration sont assurées par des femmes. Par ailleurs, le président d’une des associations partenaires a affirmé son souhait d’intégrer les femmes dans l’organisation, critiquant le fait qu”il n’y a que des hommes ici, aucune égalité de genre”.

Notre stratégie d’action sur la thématique du genre doit aujourd’hui être plus clairement diffusée au sein d’Envol Vert, notamment entre ses différents acteurs terrain. Ils sont encouragés à prendre conscience du sujet. L’intention n’est pas de créer un débat avec les communautés sur les théories féministes ou des nouvelles masculinités : le programme de Forêt Sèche Tropicale est un vecteur pour permettre l’émancipation des femmes.

Les relations ne sont pas unilatérales mais bien interactives entre les membres des communautés et d’Envol Vert, des femmes entre elles, des hommes avec les femmes. De fait, les femmes impliquées bénéficient d’une grande variété de perspectives quant à la façon de définir leur rôle au sein de la communauté. 

Un enjeu majeur merveilleusement résumé par Laura Velandia, la responsable des alternatives économiques pour le programme Forêt Sèche Tropicale : 

« Il est également important de souligner comment les femmes rurales inspirent et donnent de la force aux femmes qui travaillent avec Envol Vert. La sagesse de ces femmes s’accordant avec la Nature, leur intelligence, leur force et leur amour, est quelque chose qui motive encore davantage pour aller de l’avant dans les projets afin que les femmes et la vision féminine aient une place chaque fois plus importante.» 
Laura Velandia

AGUILAR, Lorena et al., Establishing the linkages between gender and climate change adaptation and mitigation. In : Gender and climate change: An introduction. Routledge, 2012. p. 201-221.

FAO, 2017, Comprendre et intégrer les questions de genre dans les projets et programmes d’élevage, [consulté le 19/05/2020 sur :  http://www.fao.org/3/a-i3216f.pdf ]

FRANCE CULTURE, Les éco-intellectuels, 100 penseurs pour comprendre l’écologie, 29/11/2019 [consulté le 19/05/20 sur : https://www.franceculture.fr/environnement/les-eco-intellectuels-100-penseurs-pour-comprendre-lecologie]

GUÉTAT-BERNARD, Hélène. Travail, famille et agriculture. Enjeux de genre et de développement, perspective Nord-Sud In: Sous le développement, le genre [en línea]. Marseille: IRD Éditions, 2015 (generado el 19 mai 2020). Disponible en Internet: <http://books.openedition.org/irdeditions/8792>. ISBN: 9782709918848. DOI: https://doi.org/10.4000/books.irdeditions.8792.

JAVELLE Aurelie. Vers une agriculture renaturée. Champs culturels, Ministère de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation, 2018, 29, pp.53-57. hal-01946279

LOPES, Ana Paula, JOMALINIS Emilia, ActionAid Brazil, “Agroecology:Exploring opportunities for women’s empowerment based on experiences from Brazil”, Association of Women’s Rights in Development (AWID) , 2011 [Consulté le 19/05/20 sur https://www.awid.org/sites/default/files/atoms/files/feminist_perspectives_agroecology.pdf ]

VETTRAINO, Jean, Agroécologie et développement durable, Secours Catholique-Caritas France, Paris, 2016  [Consulté le 19/05/2020 sur : https://www.secours-catholique.org/sites/scinternet/files/publications/sccf_agroeco2016_fr.pdf ]

Et grâce aux précieux témoignages de l’équipe de terrain et de Bogotá d’Envol Vert Colombie. 

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