Publié le : 28/10/20216,5 min de lecture

Tatiana Copin participe au programme Au Pré de Mes Arbres et bénéficie des formations et de l’accompagnement proposé par Envol Vert. A l’occasion d’une visite de sa ferme, elle a accepté de nous parler de son projet.

Peux-tu nous décrire la ferme sur laquelle nous nous trouvons et ce que tu produis ?

On est sur la commune de Montredon Labessonié à la ferme de Blaucavet, sur une ferme de 2 hectares pas entièrement cultivés mais avec un certain nombre de parcelles et beaucoup de fruitiers. Je suis installée depuis 2016 sur la ferme avec une production de fruits, petits fruits et fraises. Je fais de la transformation fruitière en sorbets, avec mes fruits et un peu de glanage, et de la culture de plantes aromatiques pour les sorbets également.

Quand as-tu commencé à faire de l’agroforesterie ?

En 2019 j’ai remarqué que je passais beaucoup de temps sur le tracteur à girobroyer* sans valoriser la ressource en dehors du fait qu’elle retournait au sol. J’ai alors pensé à intégrer des petits fruits dans une parcelle de verger. En densifiant, l’idée était de prendre plus soin d’une parcelle, de m’occuper des petits fruits et des arbres en même temps.

A partir de ce constat, j’ai commencé à intégrer une production de framboises au sein d’un verger existant, qui avait à ce moment là 3 ans. Aujourd’hui, c’est ma parcelle « chouchoute », et à mon avis la plus belle parcelle de la ferme !

J’ai commencé par une ligne de framboisiers en inter-rang, entre les lignes d’arbres, puis j’en ai planté d’autres au fur et à mesure, toujours entre les rangs de fruitiers. Même sur les lignes d’arbres, entre les arbres, j’ai intégrer des boutures de cassis et de la rhubarbe ! En bout de rang j’essaie de planter aussi et je rajoute chaque année des fleurs et des aromatiques, dans l’idée d’amener le plus de diversité possible sur la parcelle. Depuis l’année dernière, suite aux rencontres faite avec le projet d’Envol Vert, j’agrémente de consoude que je taille régulièrement et laisse au sol tout simplement. 

C’est finalement ma première parcelle en agroforesterie, si on peut dire, et avec la consoude il y a aussi pas mal de calendula qui se re-sème sur la ligne. 

*girobroyer = affiner un engrais vert, couper plus ou moins finement des plantes afin d’enrichir le sol. 

Qu’as-tu planté avec Au Pré de Mes Arbres ?

Avec Au Pré de Mes Arbres, j’ai planté des fruitiers : pêchers, abricotiers, pommiers et poiriers, surtout des porte-greffes et un peu de scions. J’ai fait un test, j’ai implanté une quinzaine de nanifiants de chaque espèce, une quinzaine de poiriers demi-tige et une quinzaine de francs. Sur la ferme j’ai surtout des demi-tiges, et là l’objectif en implantant des francs qui ont une grande longévité, c’est aussi de pérenniser certains arbres, pour ceux qui viendront après moi. 

J’ai aussi planté une diversité d’arbres améliorants, avec un focus sur les fixateurs d’azote et les arbres mellifères. Ici, on est sur du schiste et le taux de matière organique est relativement correct, mais pas élevé et le sol stock peu. L’idée était d’auto-nourrir le verger, en recherchant à atteindre un équilibre au niveau du sol. 

Les mellifères, eux, favorisent les pollinisateurs et surtout les abeilles. Il y a d’ailleurs Nils, un apiculteur participant à Au Pré de Mes Arbres que j’ai rencontré via le projet, qui est venu installer 10 ruches chez moi. Je suis super contente, je pense que cette année ça a équilibré la balance ! On a perdu un certain nombre de fleurs à cause des gelées mais je pense que le travail des abeilles a compensé les pertes.

Quel modèle as-tu choisi de mettre en place et pourquoi ?

Ces arbres améliorants, en l’occurrence sur certaines lignes où on les a implantés, se trouvent entre les arbres fruitiers. C’est un peu inspiré du modèle vu chez Steven Werner, qui a mis en place des lignes en agriculture syntropique, mais en plus simpliste. Moi qui pensais ne plus avoir de place, j’ai remarqué que je pouvais encore densifier davantage. Comme on était vraiment encouragé par le projet à travailler avec des améliorants, j’ai gardé l’écartement entre mes fruitiers et je suis venue m’amuser avec des améliorants entre les arbres, en jouant sur les strates, tout en restant simple. L’objectif, c’est de venir tailler les améliorants une à deux fois par an et d’agir, avec cette perturbation positive et à travers le réseau de mycorhizes présent dans le sol, sur les arbres voisins qui sont mes fruitiers. 

Il y avait de la prairie avant sur la ferme et on lutte beaucoup contre l’herbe qui pousse pousse et repousse. Pour éviter de devoir trop désherber, l’idée est de densifier les lignes d’arbres au sol aussi, en apportant l’herbe de tonte de l’inter-rang, des boutures d’aromatiques et de la consoude. Cela amène de la diversité et des aromatiques en lien avec une auto-régulation du verger et des parasites. Ramener ça au sol en permanence, ça représente beaucoup de travail dans les années à venir, car j’aimerai compléter au fur et à mesure toutes les lignes de cette façon. L’idée c’est d’avoir du buissonnant d’aromatique et de faire au final très peu de désherbage, seulement de la taille et du retour au sol. 

Que retiens-tu de l’accompagnement avec Envol Vert ?

Ce que je retiens du projet c’est la rencontre du groupe, de l’ensemble des participants et les échanges sur nos projets. On a pu se rencontrer en tant qu’agriculteurs sur des territoires plus ou moins similaires, faire du lien et du réseau. On a confronté nos projets et on s’est inspiré les uns les autres… C’est la force du groupe ! 

Quand on est agriculteur on est assez isolé et le projet c’est une force aussi en ça, car on s’engage de manière régulière à être disponible et en groupe. Faire du lien c’est précieux pour nous. 

Et s’il n’y avait pas eu le projet, je n’aurais probablement pas mis en place de chantier participatif pour la plantation. C’était très chouette, un super bon moment passé ici, même si stressant pour moi avant car j’avais envie que cela soit bien organisé.

Et as-tu par hasard un arbre préféré ?

Non… je ne crois pas que je puisse répondre à cette question sous cet angle là !

Ce qui me touche, c’est l’esprit et l’atmosphère du verger, plus qu’un arbre en particulier. On a parlé de la parcelle avec les framboisiers et les pommiers et poiriers mais il y a aussi une parcelle avec des fraisiers, pêchers, abricotiers et pruniers plus haute sur la ferme. Et il y a vraiment quelque chose qui change…

Le temps que je passe dans ce verger, a vraiment un autre sens et ça prend une autre dimension, qui résonne et me touche particulièrement… C’est ça qui me met en lien avec les arbres ! 

Publié le : 28/10/20216,5 min de lecture

Tatiana Copin participe au programme Au Pré de Mes Arbres et bénéficie des formations et de l’accompagnement proposé par Envol Vert. A l’occasion d’une visite de sa ferme, elle a accepté de nous parler de son projet.

Peux-tu nous décrire la ferme sur laquelle nous nous trouvons et ce que tu produis ?

On est sur la commune de Montredon Labessonié à la ferme de Blaucavet, sur une ferme de 2 hectares pas entièrement cultivés mais avec un certain nombre de parcelles et beaucoup de fruitiers. Je suis installée depuis 2016 sur la ferme avec une production de fruits, petits fruits et fraises. Je fais de la transformation fruitière en sorbets, avec mes fruits et un peu de glanage, et de la culture de plantes aromatiques pour les sorbets également.

Quand as-tu commencé à faire de l’agroforesterie ?

En 2019 j’ai remarqué que je passais beaucoup de temps sur le tracteur à girobroyer* sans valoriser la ressource en dehors du fait qu’elle retournait au sol. J’ai alors pensé à intégrer des petits fruits dans une parcelle de verger. En densifiant, l’idée était de prendre plus soin d’une parcelle, de m’occuper des petits fruits et des arbres en même temps.

A partir de ce constat, j’ai commencé à intégrer une production de framboises au sein d’un verger existant, qui avait à ce moment là 3 ans. Aujourd’hui, c’est ma parcelle « chouchoute », et à mon avis la plus belle parcelle de la ferme !

J’ai commencé par une ligne de framboisiers en inter-rang, entre les lignes d’arbres, puis j’en ai planté d’autres au fur et à mesure, toujours entre les rangs de fruitiers. Même sur les lignes d’arbres, entre les arbres, j’ai intégrer des boutures de cassis et de la rhubarbe ! En bout de rang j’essaie de planter aussi et je rajoute chaque année des fleurs et des aromatiques, dans l’idée d’amener le plus de diversité possible sur la parcelle. Depuis l’année dernière, suite aux rencontres faite avec le projet d’Envol Vert, j’agrémente de consoude que je taille régulièrement et laisse au sol tout simplement. 

C’est finalement ma première parcelle en agroforesterie, si on peut dire, et avec la consoude il y a aussi pas mal de calendula qui se re-sème sur la ligne. 

*girobroyer = affiner un engrais vert, couper plus ou moins finement des plantes afin d’enrichir le sol. 

Qu’as-tu planté avec Au Pré de Mes Arbres ?

Avec Au Pré de Mes Arbres, j’ai planté des fruitiers : pêchers, abricotiers, pommiers et poiriers, surtout des porte-greffes et un peu de scions. J’ai fait un test, j’ai implanté une quinzaine de nanifiants de chaque espèce, une quinzaine de poiriers demi-tige et une quinzaine de francs. Sur la ferme j’ai surtout des demi-tiges, et là l’objectif en implantant des francs qui ont une grande longévité, c’est aussi de pérenniser certains arbres, pour ceux qui viendront après moi. 

J’ai aussi planté une diversité d’arbres améliorants, avec un focus sur les fixateurs d’azote et les arbres mellifères. Ici, on est sur du schiste et le taux de matière organique est relativement correct, mais pas élevé et le sol stock peu. L’idée était d’auto-nourrir le verger, en recherchant à atteindre un équilibre au niveau du sol. 

Les mellifères, eux, favorisent les pollinisateurs et surtout les abeilles. Il y a d’ailleurs Nils, un apiculteur participant à Au Pré de Mes Arbres que j’ai rencontré via le projet, qui est venu installer 10 ruches chez moi. Je suis super contente, je pense que cette année ça a équilibré la balance ! On a perdu un certain nombre de fleurs à cause des gelées mais je pense que le travail des abeilles a compensé les pertes.

Quel modèle as-tu choisi de mettre en place et pourquoi ?

Ces arbres améliorants, en l’occurrence sur certaines lignes où on les a implantés, se trouvent entre les arbres fruitiers. C’est un peu inspiré du modèle vu chez Steven Werner, qui a mis en place des lignes en agriculture syntropique, mais en plus simpliste. Moi qui pensais ne plus avoir de place, j’ai remarqué que je pouvais encore densifier davantage. Comme on était vraiment encouragé par le projet à travailler avec des améliorants, j’ai gardé l’écartement entre mes fruitiers et je suis venue m’amuser avec des améliorants entre les arbres, en jouant sur les strates, tout en restant simple. L’objectif, c’est de venir tailler les améliorants une à deux fois par an et d’agir, avec cette perturbation positive et à travers le réseau de mycorhizes présent dans le sol, sur les arbres voisins qui sont mes fruitiers. 

Il y avait de la prairie avant sur la ferme et on lutte beaucoup contre l’herbe qui pousse pousse et repousse. Pour éviter de devoir trop désherber, l’idée est de densifier les lignes d’arbres au sol aussi, en apportant l’herbe de tonte de l’inter-rang, des boutures d’aromatiques et de la consoude. Cela amène de la diversité et des aromatiques en lien avec une auto-régulation du verger et des parasites. Ramener ça au sol en permanence, ça représente beaucoup de travail dans les années à venir, car j’aimerai compléter au fur et à mesure toutes les lignes de cette façon. L’idée c’est d’avoir du buissonnant d’aromatique et de faire au final très peu de désherbage, seulement de la taille et du retour au sol. 

Que retiens-tu de l’accompagnement avec Envol Vert ?

Ce que je retiens du projet c’est la rencontre du groupe, de l’ensemble des participants et les échanges sur nos projets. On a pu se rencontrer en tant qu’agriculteurs sur des territoires plus ou moins similaires, faire du lien et du réseau. On a confronté nos projets et on s’est inspiré les uns les autres… C’est la force du groupe ! 

Quand on est agriculteur on est assez isolé et le projet c’est une force aussi en ça, car on s’engage de manière régulière à être disponible et en groupe. Faire du lien c’est précieux pour nous. 

Et s’il n’y avait pas eu le projet, je n’aurais probablement pas mis en place de chantier participatif pour la plantation. C’était très chouette, un super bon moment passé ici, même si stressant pour moi avant car j’avais envie que cela soit bien organisé.

Et as-tu par hasard un arbre préféré ?

Non… je ne crois pas que je puisse répondre à cette question sous cet angle là !

Ce qui me touche, c’est l’esprit et l’atmosphère du verger, plus qu’un arbre en particulier. On a parlé de la parcelle avec les framboisiers et les pommiers et poiriers mais il y a aussi une parcelle avec des fraisiers, pêchers, abricotiers et pruniers plus haute sur la ferme. Et il y a vraiment quelque chose qui change…

Le temps que je passe dans ce verger, a vraiment un autre sens et ça prend une autre dimension, qui résonne et me touche particulièrement… C’est ça qui me met en lien avec les arbres ! 

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