Casino en Colombie,
destructeur d’un Parc National
patrimoine de l’UNESCO
En 2020, Envol Vert et ses partenaires brésiliens mettaient en évidence la responsabilité de Grupo Pão de Açúcar, filiale du groupe Casino au Brésil, dans la déforestation en Amazonie et dans le Cerrado. Suite à ces révélations, un collectif de onze organisations non-gouvernementales et représentants des peuples autochtones a assigné en justice le groupe Casino pour non-respect de la loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères.
Aujourd’hui, c’est en Colombie, autre marché majeur du groupe Casino en Amérique du Sud, que l’Environmental Investigation Agency (EIA) démontre la présence de déforestation et d’atteintes aux droits humains au sein de la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito (filiale du groupe Casino). Envol Vert présente ici les éléments clés de cette enquête, transmise en exclusivité par l’EIA. En tant qu’ONG présente en Colombie, Envol Vert propose une analyse critique et demande au groupe Casino de s’engager enfin efficacement dans la lutte contre la déforestation en Colombie.
En 2020, Envol Vert et ses partenaires brésiliens mettaient en évidence la responsabilité de Grupo Pão de Açúcar, filiale du groupe Casino au Brésil, dans la déforestation en Amazonie et dans le Cerrado. Suite à ces révélations, un collectif de onze organisations non-gouvernementales et représentants des peuples autochtones a assigné en justice le groupe Casino pour non-respect de la loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères.
Aujourd’hui, c’est en Colombie, autre marché majeur du groupe Casino en Amérique du Sud, que l’Environmental Investigation Agency (EIA) démontre la présence de déforestation et d’atteintes aux droits humains au sein de la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito (filiale du groupe Casino). Envol Vert présente ici les éléments clés de cette enquête, transmise en exclusivité par l’EIA. En tant qu’ONG présente en Colombie, Envol Vert propose une analyse critique et demande au groupe Casino de s’engager enfin efficacement dans la lutte contre la déforestation en Colombie.
Le double visage de la Colombie :
biodiversité unique et déforestation galopante
Des écosystèmes uniques et irremplaçables sont fortement menacés par la déforestation. Si le WWF a dénombré plus de 9 fronts de déforestation sur le continent sud-américain, 2 d’entre eux se situent en Colombie.
En 2020, Global Forest Watch a classé la Colombie en 6ème position des pays les plus déboisés au monde. Entre 2000 et 2019, la Colombie a perdu un total de presque 2,8 millions d’hectares de forêts, soit l’équivalent de la surface de la Belgique. Selon l’IDEAM (organisme gouvernemental référent sur les études environnementales), l’élevage bovin est l’un des principaux vecteurs de déforestation. Or, cette activité est également un maillon important des pratiques d’accaparement de terres. Ce processus consiste en l’appropriation illégale de terres de l’Etat, la modification de leur usage pour les valoriser économiquement, et enfin la spéculation sur leur foncier.
Processus d’accaparement de terres en Colombie
Le secteur nord-ouest du bassin amazonien colombien revêt un caractère primordial pour la conservation des forêts tropicales et de la biodiversité. Cette zone est un corridor écologique entre les Andes et la forêt amazonienne et abrite des espèces uniques et en voie d’extinction. Cette richesse a donné lieu à la protection de deux parcs naturels nationaux (PNN) : celui du Chiribiquete et celui de La Macarena. Le Parc Naturel National Chiribiquete est par ailleurs considéré comme le plus grand parc de forêt tropicale au monde.
Le rapport Tainted Beef d’EIA se base sur une investigation réalisée notamment dans l’arc de déforestation au nord et nord-ouest du Parc National Naturel du Chiribiquete. Il met en lumière une corrélation étroite entre l’augmentation de la déforestation et l’augmentation des déplacements de vaches dans ces zones.. Pourtant, les réglementations du parc stipulent clairement l’interdiction de changement d’usage des sols et surtout l’interdiction de l’élevage bovin.
Le secteur bovin est un secteur économique clé en Colombie. Il représente environ 3,6% du PIB national et 7% des emplois nationaux. Le nombre d’animaux d’élevage a atteint un total de 28 millions de têtes en 2020 . La viande de boeuf produite sur le territoire est consommée à 97% au niveau national. Le secteur bovin en Colombie peut être divisé en deux grands domaines : l’élevage d’un côté et la transformation/distribution de l’autre. La distribution des produits transformés de viande de bœuf est réalisée principalement par la grande distribution. Selon l’enquête de Sacrifice Bovin (ESAG – DANE 2019), au premier trimestre 2019, la part des supermarchés dans le marché de la viande a été de 23% (Viancha et al., 2020).
En tant que leader de la distribution en Colombie (28% des parts de marchés en 2020), le groupe Casino joue un rôle clé dans ce secteur de la viande.
Des écosystèmes uniques et irremplaçables sont fortement menacés par la déforestation. Si le WWF a dénombré plus de 9 fronts de déforestation sur le continent sud-américain, 2 d’entre eux se situent en Colombie.
En 2020, Global Forest Watch a classé la Colombie en 6ème position des pays les plus déboisés au monde. Entre 2000 et 2019, la Colombie a perdu un total de presque 2,8 millions d’hectares de forêts, soit l’équivalent de la surface de la Belgique. Selon l’IDEAM (organisme gouvernemental référent sur les études environnementales), l’élevage bovin est l’un des principaux vecteurs de déforestation. Or, cette activité est également un maillon important des pratiques d’accaparement de terres. Ce processus consiste en l’appropriation illégale de terres de l’Etat, la modification de leur usage pour les valoriser économiquement, et enfin la spéculation sur leur foncier.
Processus d’accaparement de terres en Colombie
Le secteur nord-ouest du bassin amazonien colombien revêt un caractère primordial pour la conservation des forêts tropicales et de la biodiversité. Cette zone est un corridor écologique entre les Andes et la forêt amazonienne et abrite des espèces uniques et en voie d’extinction. Cette richesse a donné lieu à la protection de deux parcs naturels nationaux (PNN) : celui du Chiribiquete et celui de La Macarena. Le Parc Naturel National Chiribiquete est par ailleurs considéré comme le plus grand parc de forêt tropicale au monde.
Le rapport Tainted Beef d’EIA se base sur une investigation réalisée notamment dans l’arc de déforestation au nord et nord-ouest du Parc National Naturel du Chiribiquete. Il met en lumière une corrélation étroite entre l’augmentation de la déforestation et l’augmentation des déplacements de vaches dans ces zones.. Pourtant, les réglementations du parc stipulent clairement l’interdiction de changement d’usage des sols et surtout l’interdiction de l’élevage bovin.
Le secteur bovin est un secteur économique clé en Colombie. Il représente environ 3,6% du PIB national et 7% des emplois nationaux. Le nombre d’animaux d’élevage a atteint un total de 28 millions de têtes en 2020 . La viande de boeuf produite sur le territoire est consommée à 97% au niveau national. Le secteur bovin en Colombie peut être divisé en deux grands domaines : l’élevage d’un côté et la transformation/distribution de l’autre. La distribution des produits transformés de viande de bœuf est réalisée principalement par la grande distribution. Selon l’enquête de Sacrifice Bovin (ESAG – DANE 2019), au premier trimestre 2019, la part des supermarchés dans le marché de la viande a été de 23% (Viancha et al., 2020).
En tant que leader de la distribution en Colombie (28% des parts de marchés en 2020), le groupe Casino joue un rôle clé dans ce secteur de la viande.
Illégalités multiples au sein de la chaîne
d’approvisionnement du groupe Casino
Le rapport publié par EIA (Environmental Investigation Agency) en date du 27 mai 2021 révèle des cas de déforestation sur plus de 400 hectares dans les Parcs Nationaux Chiribiquete et de la Macarena. Ces cas sont directement liés à la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito.
Pour protéger les différentes sources contactées pendant l’investigation, EIA a remplacé les noms propres par fournisseur direct A, fournisseur indirect 1 et 2, entreprise A et abattoir A et foire d’élevage 1. Cette méthode a été conservée dans le présent article
Le rapport publié par EIA (Environmental Investigation Agency) en date du 27 mai 2021 révèle des cas de déforestation sur plus de 400 hectares dans les Parcs Nationaux Chiribiquete et de la Macarena. Ces cas sont directement liés à la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito.
Pour protéger les différentes sources contactées pendant l’investigation, EIA a remplacé les noms propres par fournisseur direct A, fournisseur indirect 1 et 2, entreprise A et abattoir A et foire d’élevage 1. Cette méthode a été conservée dans le présent article
Cas 1 : 400 ha déboisés dans le PNN Chiribiquete – ferme du fournisseur indirect 2
Depuis au moins 12 ans, le fournisseur direct A fournit au groupe Éxito environ 1 000 vaches par mois. Pour obtenir ces animaux, le fournisseur direct A passe par des fermes qui lui appartiennent mais aussi par des intermédiaires (fournisseurs indirects) dont le fournisseur indirect 1. Ce dernier lui fournit depuis au moins 10 ans entre 100 et 300 animaux par mois. Ces animaux sont élevés sur une première ferme légale mais, pour la phase d’engraissement, il sous-traite au fournisseur indirect 2 avec qui il travaille depuis au moins 5 ans.
Le fournisseur indirect 2 a une ferme située en pleine zone Nord du Parc National Chiribiquete. Il a indiqué aux enquêteurs d’EIA avoir déboisé en 2019, 400 ha de forêts protégées pour faire paître ses animaux. Il n’a pas non plus caché son intention de faire la même chose sur 400 autres ha dans les mois qui viennent. En septembre 2020, il disposait d’environ 600 têtes de bétail : une ferme de grande ampleur.
Ces vaches provenant de fermes illégales entrent dans la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito par le biais du “blanchiment de vaches” : le bétail est enregistré comme provenant de la ferme du fournisseur indirect 1 puis est livré au fournisseur direct A, prestataire du groupe Éxito.
Pour constater l’évolution de la déforestation entre 2017 et mars 2021 dans la zone PNN Chiribiquete où le fournisseur 2 est présent, faîtes glisser le curseur sur l’image ci-dessous :
Photos prises sur la parcelle du Fournisseur indirect 2 dans le Parc National de Chiribiquete :
Cas 2 : Une ferme illégale dans le PNN Macarena – ferme de l’entreprise A
L’enquête d’EIA a aussi permis d’identifier une relation de commerce de bétail existant depuis 4 ans entre le fournisseur direct A et l’entreprise A. Les travailleurs de l’entreprise A ont confié aux enquêteurs que la plus grande de leurs fermes s’étend sur 2 000 hectares dont 1 800 hectares de pâturage. Une partie de ce pâturage se situe illégalement à l’intérieur du PNN de la Macarena.
Cas 3 : Actes illégaux dans les foires et enchères bovines
Les foires et enchères bovines sont des lieux de vente de bétail stratégiques qui facilitent les transactions entre les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement du bœuf. Le coordinateur de la foire d’élevage 1 a indiqué aux enquêteurs vendre directement du bétail au groupe Éxito.
L’analyse des données statistiques des mouvements de bétail réalisée par EIA a démontré qu’entre 2016 et 2019, plus de 1 500 têtes de bétail arrivées dans cette foire bovine provenaient de 3 lieux-dits à l’intérieur du PNN Macarena et de la zone de Réserve forestière autour du PNN Chiribiquete.
Le coordinateur a notamment confié aux enquêteurs la possibilité de vendre des vaches élevées sur des terres illégalement déboisées en falsifiant ou en cachant leur provenance.
Tous ces cas nous ramènent vers les groupes armés
Le fournisseur indirect 2 a confié aux enquêteurs que sa ferme est située dans le PNN Chiribiquete et a indiqué que le contrôle de la zone est géré par des groupes armés à qui il paye un impôt révolutionnaire de 10 000 COP par animal (2,5€), soit environ 1 500€ par an pour 600 animaux. Dans le cas du PNN de la Macarena, il a aussi été confirmé qu’un impôt révolutionnaire était payé aux groupes armés.
En échange de cet impôt, les fournisseurs sont protégés par les groupes armés et ne doivent rendre de compte à personne.
Le responsable de la foire d’élevage 1 reconnaît avoir les contacts nécessaires pour commercialiser du bétail provenant de zones sous contrôle des groupes armés.
Tous ces cas nous ramènent vers les groupes armés
Le fournisseur indirect 2 a confié aux enquêteurs que sa ferme est située dans le PNN Chiribiquete et a indiqué que le contrôle de la zone est géré par des groupes armés à qui il paye un impôt révolutionnaire de 10 000 COP par animal (2,5€), soit environ 1 500€ par an pour 600 animaux. Dans le cas du PNN de la Macarena, il a aussi été confirmé qu’un impôt révolutionnaire était payé aux groupes armés.
En échange de cet impôt, les fournisseurs sont protégés par les groupes armés et ne doivent rendre de compte à personne.
Le responsable de la foire d’élevage 1 reconnaît avoir les contacts nécessaires pour commercialiser du bétail provenant de zones sous contrôle des groupes armés.
Éxito est-il en lutte contre ces illégalités ?
Des annonces stratégiques non appliquées
L’investigation démontre sans équivoque que plusieurs annonces de la politique d’Éxito ne sont pas respectées dont :
Des vides dans la politique du groupe Casino
Encore le double jeu de Casino avec beaucoup de greenwashing pour peu d’actions concrètes
Estimation de la surface totale déforestée en 2020 en lien avec les activités du groupe Éxito en Colombie
Pour rappel, le groupe Exito achète entre 6,5% et 10% du total de la viande vendue en Colombie.La part de viande produite en Colombie destinée à la consommation locale est de 97%. Il est donc possible de connaître le volume total de viande colombienne achetée par le groupe Éxito.
La déforestation en Colombie a atteint en 2020 un total de 166 000 ha de forêts tropicales selon le Global Forest Watch. De plus, l’élevage bovin, premier vecteur de déforestation, est responsable de 70% de cette déforestation.
Nous pouvons donc estimer que le groupe Éxito est responsable d’environ 7 200 ha de déforestation en 2020 pour ses achats de produits bovins, soit plus de 10 000 terrains de football internationaux.
Ce seul chiffre devrait pousser le groupe à mettre au plus vite une politique robuste en place.
Ce calcul est une estimation basée sur les statistiques générales et sur des hypothèses d’allocation de la déforestation. Le calcul ne prend pas en compte des données plus précises sur l‘origine des vaches achetées par le groupe Éxito.
Les demandes d’Envol Vert au Groupe Casino
pour sa filiale colombienne
Casino en Colombie,
destructeur d’un Parc National
patrimoine de l’UNESCO
En 2020, Envol Vert et ses partenaires brésiliens mettaient en évidence la responsabilité de Grupo Pão de Açúcar, filiale du groupe Casino au Brésil, dans la déforestation en Amazonie et dans le Cerrado. Suite à ces révélations, un collectif de onze organisations non-gouvernementales et représentants des peuples autochtones a assigné en justice le groupe Casino pour non-respect de la loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères.
Aujourd’hui, c’est en Colombie, autre marché majeur du groupe Casino en Amérique du Sud, que l’Environmental Investigation Agency (EIA) démontre la présence de déforestation et d’atteintes aux droits humains au sein de la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito (filiale du groupe Casino). Envol Vert présente ici les éléments clés de cette enquête, transmise en exclusivité par l’EIA. En tant qu’ONG présente en Colombie, Envol Vert propose une analyse critique et demande au groupe Casino de s’engager enfin efficacement dans la lutte contre la déforestation en Colombie.
En 2020, Envol Vert et ses partenaires brésiliens mettaient en évidence la responsabilité de Grupo Pão de Açúcar, filiale du groupe Casino au Brésil, dans la déforestation en Amazonie et dans le Cerrado. Suite à ces révélations, un collectif de onze organisations non-gouvernementales et représentants des peuples autochtones a assigné en justice le groupe Casino pour non-respect de la loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères.
Aujourd’hui, c’est en Colombie, autre marché majeur du groupe Casino en Amérique du Sud, que l’Environmental Investigation Agency (EIA) démontre la présence de déforestation et d’atteintes aux droits humains au sein de la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito (filiale du groupe Casino). Envol Vert présente ici les éléments clés de cette enquête, transmise en exclusivité par l’EIA. En tant qu’ONG présente en Colombie, Envol Vert propose une analyse critique et demande au groupe Casino de s’engager enfin efficacement dans la lutte contre la déforestation en Colombie.
Le double visage de la Colombie :
biodiversité unique et déforestation galopante
Des écosystèmes uniques et irremplaçables sont fortement menacés par la déforestation. Si le WWF a dénombré plus de 9 fronts de déforestation sur le continent sud-américain, 2 d’entre eux se situent en Colombie.
En 2020, Global Forest Watch a classé la Colombie en 6ème position des pays les plus déboisés au monde. Entre 2000 et 2019, la Colombie a perdu un total de presque 2,8 millions d’hectares de forêts, soit l’équivalent de la surface de la Belgique. Selon l’IDEAM (organisme gouvernemental référent sur les études environnementales), l’élevage bovin est l’un des principaux vecteurs de déforestation. Or, cette activité est également un maillon important des pratiques d’accaparement de terres. Ce processus consiste en l’appropriation illégale de terres de l’Etat, la modification de leur usage pour les valoriser économiquement, et enfin la spéculation sur leur foncier.
Processus d’accaparement de terres en Colombie
Le secteur nord-ouest du bassin amazonien colombien revêt un caractère primordial pour la conservation des forêts tropicales et de la biodiversité. Cette zone est un corridor écologique entre les Andes et la forêt amazonienne et abrite des espèces uniques et en voie d’extinction. Cette richesse a donné lieu à la protection de deux parcs naturels nationaux (PNN) : celui du Chiribiquete et celui de La Macarena. Le Parc Naturel National Chiribiquete est par ailleurs considéré comme le plus grand parc de forêt tropicale au monde.
Le rapport Tainted Beef d’EIA se base sur une investigation réalisée notamment dans l’arc de déforestation au nord et nord-ouest du Parc National Naturel du Chiribiquete. Il met en lumière une corrélation étroite entre l’augmentation de la déforestation et l’augmentation des déplacements de vaches dans ces zones.. Pourtant, les réglementations du parc stipulent clairement l’interdiction de changement d’usage des sols et surtout l’interdiction de l’élevage bovin.
Le secteur bovin est un secteur économique clé en Colombie. Il représente environ 3,6% du PIB national et 7% des emplois nationaux. Le nombre d’animaux d’élevage a atteint un total de 28 millions de têtes en 2020 . La viande de boeuf produite sur le territoire est consommée à 97% au niveau national. Le secteur bovin en Colombie peut être divisé en deux grands domaines : l’élevage d’un côté et la transformation/distribution de l’autre. La distribution des produits transformés de viande de bœuf est réalisée principalement par la grande distribution. Selon l’enquête de Sacrifice Bovin (ESAG – DANE 2019), au premier trimestre 2019, la part des supermarchés dans le marché de la viande a été de 23% (Viancha et al., 2020).
En tant que leader de la distribution en Colombie (28% des parts de marchés en 2020), le groupe Casino joue un rôle clé dans ce secteur de la viande.
Des écosystèmes uniques et irremplaçables sont fortement menacés par la déforestation. Si le WWF a dénombré plus de 9 fronts de déforestation sur le continent sud-américain, 2 d’entre eux se situent en Colombie.
En 2020, Global Forest Watch a classé la Colombie en 6ème position des pays les plus déboisés au monde. Entre 2000 et 2019, la Colombie a perdu un total de presque 2,8 millions d’hectares de forêts, soit l’équivalent de la surface de la Belgique. Selon l’IDEAM (organisme gouvernemental référent sur les études environnementales), l’élevage bovin est l’un des principaux vecteurs de déforestation. Or, cette activité est également un maillon important des pratiques d’accaparement de terres. Ce processus consiste en l’appropriation illégale de terres de l’Etat, la modification de leur usage pour les valoriser économiquement, et enfin la spéculation sur leur foncier.
Processus d’accaparement de terres en Colombie
Le secteur nord-ouest du bassin amazonien colombien revêt un caractère primordial pour la conservation des forêts tropicales et de la biodiversité. Cette zone est un corridor écologique entre les Andes et la forêt amazonienne et abrite des espèces uniques et en voie d’extinction. Cette richesse a donné lieu à la protection de deux parcs naturels nationaux (PNN) : celui du Chiribiquete et celui de La Macarena. Le Parc Naturel National Chiribiquete est par ailleurs considéré comme le plus grand parc de forêt tropicale au monde.
Le rapport Tainted Beef d’EIA se base sur une investigation réalisée notamment dans l’arc de déforestation au nord et nord-ouest du Parc National Naturel du Chiribiquete. Il met en lumière une corrélation étroite entre l’augmentation de la déforestation et l’augmentation des déplacements de vaches dans ces zones.. Pourtant, les réglementations du parc stipulent clairement l’interdiction de changement d’usage des sols et surtout l’interdiction de l’élevage bovin.
Le secteur bovin est un secteur économique clé en Colombie. Il représente environ 3,6% du PIB national et 7% des emplois nationaux. Le nombre d’animaux d’élevage a atteint un total de 28 millions de têtes en 2020 . La viande de boeuf produite sur le territoire est consommée à 97% au niveau national. Le secteur bovin en Colombie peut être divisé en deux grands domaines : l’élevage d’un côté et la transformation/distribution de l’autre. La distribution des produits transformés de viande de bœuf est réalisée principalement par la grande distribution. Selon l’enquête de Sacrifice Bovin (ESAG – DANE 2019), au premier trimestre 2019, la part des supermarchés dans le marché de la viande a été de 23% (Viancha et al., 2020).
En tant que leader de la distribution en Colombie (28% des parts de marchés en 2020), le groupe Casino joue un rôle clé dans ce secteur de la viande.
Illégalités multiples au sein de la chaîne
d’approvisionnement du groupe Casino
Le rapport publié par EIA (Environmental Investigation Agency) en date du 27 mai 2021 révèle des cas de déforestation sur plus de 400 hectares dans les Parcs Nationaux Chiribiquete et de la Macarena. Ces cas sont directement liés à la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito.
Pour protéger les différentes sources contactées pendant l’investigation, EIA a remplacé les noms propres par fournisseur direct A, fournisseur indirect 1 et 2, entreprise A et abattoir A et foire d’élevage 1. Cette méthode a été conservée dans le présent article
Le rapport publié par EIA (Environmental Investigation Agency) en date du 27 mai 2021 révèle des cas de déforestation sur plus de 400 hectares dans les Parcs Nationaux Chiribiquete et de la Macarena. Ces cas sont directement liés à la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito.
Pour protéger les différentes sources contactées pendant l’investigation, EIA a remplacé les noms propres par fournisseur direct A, fournisseur indirect 1 et 2, entreprise A et abattoir A et foire d’élevage 1. Cette méthode a été conservée dans le présent article
Cas 1 : 400 ha déboisés dans le PNN Chiribiquete – ferme du fournisseur indirect 2
Depuis au moins 12 ans, le fournisseur direct A fournit au groupe Éxito environ 1 000 vaches par mois. Pour obtenir ces animaux, le fournisseur direct A passe par des fermes qui lui appartiennent mais aussi par des intermédiaires (fournisseurs indirects) dont le fournisseur indirect 1. Ce dernier lui fournit depuis au moins 10 ans entre 100 et 300 animaux par mois. Ces animaux sont élevés sur une première ferme légale mais, pour la phase d’engraissement, il sous-traite au fournisseur indirect 2 avec qui il travaille depuis au moins 5 ans.
Le fournisseur indirect 2 a une ferme située en pleine zone Nord du Parc National Chiribiquete. Il a indiqué aux enquêteurs d’EIA avoir déboisé en 2019, 400 ha de forêts protégées pour faire paître ses animaux. Il n’a pas non plus caché son intention de faire la même chose sur 400 autres ha dans les mois qui viennent. En septembre 2020, il disposait d’environ 600 têtes de bétail : une ferme de grande ampleur.
Ces vaches provenant de fermes illégales entrent dans la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito par le biais du “blanchiment de vaches” : le bétail est enregistré comme provenant de la ferme du fournisseur indirect 1 puis est livré au fournisseur direct A, prestataire du groupe Éxito.
Pour constater l’évolution de la déforestation entre 2017 et mars 2021 dans la zone PNN Chiribiquete où le fournisseur 2 est présent, faîtes glisser le curseur sur l’image ci-dessous :
Photos prises sur la parcelle du Fournisseur indirect 2 dans le Parc National de Chiribiquete :
Cas 2 : Une ferme illégale dans le PNN Macarena – ferme de l’entreprise A
L’enquête d’EIA a aussi permis d’identifier une relation de commerce de bétail existant depuis 4 ans entre le fournisseur direct A et l’entreprise A. Les travailleurs de l’entreprise A ont confié aux enquêteurs que la plus grande de leurs fermes s’étend sur 2 000 hectares dont 1 800 hectares de pâturage. Une partie de ce pâturage se situe illégalement à l’intérieur du PNN de la Macarena.
Cas 3 : Actes illégaux dans les foires et enchères bovines
Les foires et enchères bovines sont des lieux de vente de bétail stratégiques qui facilitent les transactions entre les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement du bœuf. Le coordinateur de la foire d’élevage 1 a indiqué aux enquêteurs vendre directement du bétail au groupe Éxito.
L’analyse des données statistiques des mouvements de bétail réalisée par EIA a démontré qu’entre 2016 et 2019, plus de 1 500 têtes de bétail arrivées dans cette foire bovine provenaient de 3 lieux-dits à l’intérieur du PNN Macarena et de la zone de Réserve forestière autour du PNN Chiribiquete.
Le coordinateur a notamment confié aux enquêteurs la possibilité de vendre des vaches élevées sur des terres illégalement déboisées en falsifiant ou en cachant leur provenance.
Tous ces cas nous ramènent vers les groupes armés
Le fournisseur indirect 2 a confié aux enquêteurs que sa ferme est située dans le PNN Chiribiquete et a indiqué que le contrôle de la zone est géré par des groupes armés à qui il paye un impôt révolutionnaire de 10 000 COP par animal (2,5€), soit environ 1 500€ par an pour 600 animaux. Dans le cas du PNN de la Macarena, il a aussi été confirmé qu’un impôt révolutionnaire était payé aux groupes armés.
En échange de cet impôt, les fournisseurs sont protégés par les groupes armés et ne doivent rendre de compte à personne.
Le responsable de la foire d’élevage 1 reconnaît avoir les contacts nécessaires pour commercialiser du bétail provenant de zones sous contrôle des groupes armés.
Tous ces cas nous ramènent vers les groupes armés
Le fournisseur indirect 2 a confié aux enquêteurs que sa ferme est située dans le PNN Chiribiquete et a indiqué que le contrôle de la zone est géré par des groupes armés à qui il paye un impôt révolutionnaire de 10 000 COP par animal (2,5€), soit environ 1 500€ par an pour 600 animaux. Dans le cas du PNN de la Macarena, il a aussi été confirmé qu’un impôt révolutionnaire était payé aux groupes armés.
En échange de cet impôt, les fournisseurs sont protégés par les groupes armés et ne doivent rendre de compte à personne.
Le responsable de la foire d’élevage 1 reconnaît avoir les contacts nécessaires pour commercialiser du bétail provenant de zones sous contrôle des groupes armés.
Éxito est-il en lutte contre ces illégalités ?
Des annonces stratégiques non appliquées
L’investigation démontre sans équivoque que plusieurs annonces de la politique d’Éxito ne sont pas respectées dont :
Des vides dans la politique du groupe Casino
Encore le double jeu de Casino avec beaucoup de greenwashing pour peu d’actions concrètes
Estimation de la surface totale déforestée en 2020 en lien avec les activités du groupe Éxito en Colombie
Pour rappel, le groupe Exito achète entre 6,5% et 10% du total de la viande vendue en Colombie.La part de viande produite en Colombie destinée à la consommation locale est de 97%. Il est donc possible de connaître le volume total de viande colombienne achetée par le groupe Éxito.
La déforestation en Colombie a atteint en 2020 un total de 166 000 ha de forêts tropicales selon le Global Forest Watch. De plus, l’élevage bovin, premier vecteur de déforestation, est responsable de 70% de cette déforestation.
Nous pouvons donc estimer que le groupe Éxito est responsable d’environ 7 200 ha de déforestation en 2020 pour ses achats de produits bovins, soit plus de 10 000 terrains de football internationaux.
Ce seul chiffre devrait pousser le groupe à mettre au plus vite une politique robuste en place.
Ce calcul est une estimation basée sur les statistiques générales et sur des hypothèses d’allocation de la déforestation. Le calcul ne prend pas en compte des données plus précises sur l‘origine des vaches achetées par le groupe Éxito.
Les demandes d’Envol Vert au Groupe Casino
pour sa filiale colombienne