Publié le : 27/05/202139,8 min de lecture
  • Le groupe Casino est présent en Colombie via sa filiale Éxito, leader de la distribution dans le pays avec 28% des parts de marché national (source : Presentación corporativa Grupo Éxito, 2021). Le groupe achète entre 6,4% et 10 % du volume total de viande bovine produite sur le territoire. 

  • Une investigation a été menée par EIA (Environmental Investigation Agency). Elle a permis de mettre en évidence le lien entre la filiale du groupe Casino (grupo Éxito) et la déforestation de 400 ha en 2019 au sein du PNN du Chiribiquete. Le Parc Naturel National Chiribiquete, créé en 1989 et inscrit au patrimoine mondial mixte de l’UNESCO depuis 2018, est considéré comme le plus grand parc national de forêt tropicale au monde, avec à la fois une biodiversité et une valeur culturelle inestimables. L’enquête d’EIA a aussi révélé les liens indirects entre le Groupe Casino et le financement de groupes armés dans la région

  • La Colombie, grâce à la présence de nombreux écosystèmes uniques, est le second pays au monde avec le plus de biodiversité. L’Amazonie y occupe près de 40% du territoire. Avec 166 000 hectares de forêt primaire détruits en 2020, la Colombie est le sixième pays avec le plus de déforestation au monde. Le rythme de la déforestation a augmenté de 44% entre 2019 et 2020.  L’élevage bovin était en 2018 le troisième facteur de déforestation en Colombie, avec d’autres conséquences désastreuses dont l’atteinte aux droits humains.

  • Le groupe Casino, soumis au devoir de vigilance pour toutes ses filières dans le monde, n’a pas inclus la Colombie dans son plan de vigilance.  Selon lui, l’élevage bovin n’est “pas suffisamment décrit par des rapports comme étant responsable de la déforestation en Colombie. Le groupe considère la traçabilité comme un objectif maximal à atteindre, et non minimum requis. 

  • Envol Vert demande des mesures immédiates à Casino pour ne plus proposer de produits en lien avec la déforestation d’ici à 2022. En attendant d’être en capacité de contrôler l’impact de ses produits, le groupe doit mettre en œuvre un moratoire sur certaines zones et fournisseurs en lien avec les fronts de déforestation.  

  • Le groupe Casino est présent en Colombie via sa filiale Éxito, leader de la distribution dans le pays avec 28% des parts de marché national (source : Presentación corporativa Grupo Éxito, 2021). Le groupe achète entre 6,4% et 10 % du volume total de viande bovine produite sur le territoire. 

  • Une investigation a été menée par EIA (Environmental Investigation Agency). Elle a permis de mettre en évidence le lien entre la filiale du groupe Casino (grupo Éxito) et la déforestation de 400 ha en 2019 au sein du PNN du Chiribiquete. Le Parc Naturel National Chiribiquete, créé en 1989 et inscrit au patrimoine mondial mixte de l’UNESCO depuis 2018, est considéré comme le plus grand parc national de forêt tropicale au monde, avec à la fois une biodiversité et une valeur culturelle inestimables. L’enquête d’EIA a aussi révélé les liens indirects entre le Groupe Casino et le financement de groupes armés dans la région

  • La Colombie, grâce à la présence de nombreux écosystèmes uniques, est le second pays au monde avec le plus de biodiversité. L’Amazonie y occupe près de 40% du territoire. Avec 166 000 hectares de forêt primaire détruits en 2020, la Colombie est le sixième pays avec le plus de déforestation au monde. Le rythme de la déforestation a augmenté de 44% entre 2019 et 2020.  L’élevage bovin était en 2018 le troisième facteur de déforestation en Colombie, avec d’autres conséquences désastreuses dont l’atteinte aux droits humains.

  • Le groupe Casino, soumis au devoir de vigilance pour toutes ses filières dans le monde, n’a pas inclus la Colombie dans son plan de vigilance.  Selon lui, l’élevage bovin n’est “pas suffisamment décrit par des rapports comme étant responsable de la déforestation en Colombie. Le groupe considère la traçabilité comme un objectif maximal à atteindre, et non minimum requis. 

  • Envol Vert demande des mesures immédiates à Casino pour ne plus proposer de produits en lien avec la déforestation d’ici à 2022. En attendant d’être en capacité de contrôler l’impact de ses produits, le groupe doit mettre en œuvre un moratoire sur certaines zones et fournisseurs en lien avec les fronts de déforestation.  

Casino en Colombie,
destructeur d’un Parc National
patrimoine de l’UNESCO

En 2020, Envol Vert et ses partenaires brésiliens mettaient en évidence la responsabilité de Grupo Pão de Açúcar, filiale du groupe Casino au Brésil, dans la déforestation en Amazonie et dans le Cerrado. Suite à ces révélations, un collectif de onze organisations non-gouvernementales et représentants des peuples autochtones a assigné en justice le groupe Casino pour non-respect de la loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères

Aujourd’hui, c’est en Colombie, autre marché majeur du groupe Casino en Amérique du Sud, que l’Environmental Investigation Agency (EIA) démontre la présence de déforestation et d’atteintes aux droits humains au sein de la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito (filiale du groupe Casino). Envol Vert présente ici les éléments clés de cette enquête, transmise en exclusivité par l’EIA. En tant qu’ONG présente en Colombie, Envol Vert propose une analyse critique et demande au groupe Casino de s’engager enfin efficacement dans la lutte contre la déforestation en Colombie.

En 2020, Envol Vert et ses partenaires brésiliens mettaient en évidence la responsabilité de Grupo Pão de Açúcar, filiale du groupe Casino au Brésil, dans la déforestation en Amazonie et dans le Cerrado. Suite à ces révélations, un collectif de onze organisations non-gouvernementales et représentants des peuples autochtones a assigné en justice le groupe Casino pour non-respect de la loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères

Aujourd’hui, c’est en Colombie, autre marché majeur du groupe Casino en Amérique du Sud, que l’Environmental Investigation Agency (EIA) démontre la présence de déforestation et d’atteintes aux droits humains au sein de la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito (filiale du groupe Casino). Envol Vert présente ici les éléments clés de cette enquête, transmise en exclusivité par l’EIA. En tant qu’ONG présente en Colombie, Envol Vert propose une analyse critique et demande au groupe Casino de s’engager enfin efficacement dans la lutte contre la déforestation en Colombie.

Le double visage de la Colombie :
biodiversité unique et déforestation galopante

Des écosystèmes uniques et irremplaçables sont fortement menacés par la déforestation. Si le WWF a dénombré plus de 9 fronts de déforestation sur le continent sud-américain, 2 d’entre eux se situent en Colombie.

En 2020, Global Forest Watch a classé la Colombie en 6ème position des pays les plus déboisés au monde. Entre 2000 et 2019, la Colombie a perdu un total de presque 2,8 millions d’hectares de forêts, soit l’équivalent de la surface de la Belgique. Selon l’IDEAM (organisme gouvernemental référent sur les études environnementales), l’élevage bovin est l’un des principaux vecteurs de déforestation. Or, cette activité est également un maillon important des pratiques d’accaparement de terres. Ce processus consiste en l’appropriation illégale de terres de l’Etat, la modification de leur usage pour les valoriser économiquement, et enfin la spéculation sur leur foncier.

Processus d’accaparement de terres en Colombie

Le secteur nord-ouest du bassin amazonien colombien revêt un caractère primordial pour la conservation des forêts tropicales et de la biodiversité. Cette zone est un corridor écologique entre les Andes et la forêt amazonienne et abrite des espèces uniques et en voie d’extinction. Cette richesse a donné lieu à la protection de deux parcs naturels nationaux (PNN) : celui du Chiribiquete et celui de La Macarena. Le Parc Naturel National Chiribiquete est par ailleurs considéré comme le plus grand parc de forêt tropicale au monde.

Le rapport Tainted Beef d’EIA se base sur une investigation réalisée notamment dans l’arc de déforestation au nord et nord-ouest du Parc National Naturel du Chiribiquete. Il met en lumière une corrélation étroite entre l’augmentation de la déforestation et l’augmentation des déplacements de vaches dans ces zones.. Pourtant, les réglementations du parc stipulent clairement l’interdiction de changement d’usage des sols et surtout l’interdiction de l’élevage bovin.

L’évolution de la déforestation suit celle de l’élevage bovin dans l’arc de déforestation Nord-Ouest amazonien

Le secteur bovin est un secteur économique clé en Colombie. Il représente environ 3,6% du PIB national et 7% des emplois nationaux. Le nombre d’animaux d’élevage a atteint un total de 28 millions de têtes en 2020 . La viande de boeuf produite sur le territoire est consommée à 97% au niveau national. Le secteur bovin en Colombie peut être divisé en deux grands domaines : l’élevage d’un côté et la transformation/distribution de l’autre.  La distribution des produits transformés de viande de bœuf est réalisée  principalement par  la grande  distribution. Selon l’enquête de Sacrifice Bovin (ESAG – DANE 2019), au premier trimestre 2019, la part des supermarchés dans le marché de la viande a été de 23% (Viancha et al., 2020). 

En tant que leader de la distribution en Colombie (28% des parts de marchés en 2020), le groupe Casino joue un rôle clé dans ce secteur de la viande.

L’organisation de la chaîne d’approvisionnement bovine en Colombie

Des écosystèmes uniques et irremplaçables sont fortement menacés par la déforestation. Si le WWF a dénombré plus de 9 fronts de déforestation sur le continent sud-américain, 2 d’entre eux se situent en Colombie.

En 2020, Global Forest Watch a classé la Colombie en 6ème position des pays les plus déboisés au monde. Entre 2000 et 2019, la Colombie a perdu un total de presque 2,8 millions d’hectares de forêts, soit l’équivalent de la surface de la Belgique. Selon l’IDEAM (organisme gouvernemental référent sur les études environnementales), l’élevage bovin est l’un des principaux vecteurs de déforestation. Or, cette activité est également un maillon important des pratiques d’accaparement de terres. Ce processus consiste en l’appropriation illégale de terres de l’Etat, la modification de leur usage pour les valoriser économiquement, et enfin la spéculation sur leur foncier.

Processus d’accaparement de terres en Colombie

Le secteur nord-ouest du bassin amazonien colombien revêt un caractère primordial pour la conservation des forêts tropicales et de la biodiversité. Cette zone est un corridor écologique entre les Andes et la forêt amazonienne et abrite des espèces uniques et en voie d’extinction. Cette richesse a donné lieu à la protection de deux parcs naturels nationaux (PNN) : celui du Chiribiquete et celui de La Macarena. Le Parc Naturel National Chiribiquete est par ailleurs considéré comme le plus grand parc de forêt tropicale au monde.

Le rapport Tainted Beef d’EIA se base sur une investigation réalisée notamment dans l’arc de déforestation au nord et nord-ouest du Parc National Naturel du Chiribiquete. Il met en lumière une corrélation étroite entre l’augmentation de la déforestation et l’augmentation des déplacements de vaches dans ces zones.. Pourtant, les réglementations du parc stipulent clairement l’interdiction de changement d’usage des sols et surtout l’interdiction de l’élevage bovin.

L’évolution de la déforestation suit celle de l’élevage bovin dans l’arc de déforestation Nord-Ouest amazonien

Le secteur bovin est un secteur économique clé en Colombie. Il représente environ 3,6% du PIB national et 7% des emplois nationaux. Le nombre d’animaux d’élevage a atteint un total de 28 millions de têtes en 2020 . La viande de boeuf produite sur le territoire est consommée à 97% au niveau national. Le secteur bovin en Colombie peut être divisé en deux grands domaines : l’élevage d’un côté et la transformation/distribution de l’autre.  La distribution des produits transformés de viande de bœuf est réalisée  principalement par  la grande  distribution. Selon l’enquête de Sacrifice Bovin (ESAG – DANE 2019), au premier trimestre 2019, la part des supermarchés dans le marché de la viande a été de 23% (Viancha et al., 2020). 

En tant que leader de la distribution en Colombie (28% des parts de marchés en 2020), le groupe Casino joue un rôle clé dans ce secteur de la viande.

L’organisation de la chaîne d’approvisionnement bovine en Colombie

Illégalités multiples au sein de la chaîne
d’approvisionnement du groupe Casino

Le rapport publié par EIA (Environmental Investigation Agency) en date du 27 mai 2021 révèle des cas de déforestation sur plus de 400 hectares dans les Parcs Nationaux Chiribiquete et de la Macarena. Ces cas sont directement liés à la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito.

Pour protéger les différentes sources contactées pendant l’investigation, EIA a remplacé les noms propres par fournisseur direct A, fournisseur indirect 1 et 2, entreprise A et abattoir A et foire d’élevage 1. Cette méthode a été conservée dans le présent article

Le rapport publié par EIA (Environmental Investigation Agency) en date du 27 mai 2021 révèle des cas de déforestation sur plus de 400 hectares dans les Parcs Nationaux Chiribiquete et de la Macarena. Ces cas sont directement liés à la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito.

Pour protéger les différentes sources contactées pendant l’investigation, EIA a remplacé les noms propres par fournisseur direct A, fournisseur indirect 1 et 2, entreprise A et abattoir A et foire d’élevage 1. Cette méthode a été conservée dans le présent article

Cas 1 : 400 ha déboisés dans le PNN Chiribiquete – ferme du fournisseur indirect 2

Depuis au moins 12 ans, le fournisseur direct A fournit au groupe Éxito environ 1 000 vaches par mois. Pour obtenir ces animaux, le fournisseur direct A passe par des fermes qui lui appartiennent mais aussi par des intermédiaires (fournisseurs indirects) dont le fournisseur indirect 1. Ce dernier lui fournit depuis au moins 10 ans entre 100 et 300 animaux par mois. Ces animaux sont élevés sur une première ferme légale mais, pour la phase d’engraissement, il sous-traite au fournisseur indirect 2 avec qui il travaille depuis au moins 5 ans.

Le fournisseur indirect 2 a une ferme située en pleine zone Nord du Parc National Chiribiquete. Il a indiqué aux enquêteurs d’EIA avoir déboisé en 2019, 400 ha de forêts protégées pour faire paître ses animaux. Il n’a pas non plus caché son intention de faire la même chose sur 400 autres ha dans les mois qui viennent. En septembre 2020, il disposait d’environ 600 têtes de bétail : une ferme de grande ampleur.
Ces vaches provenant de fermes illégales entrent dans la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito par le biais du “blanchiment de vaches” : le bétail est enregistré comme provenant de la ferme du fournisseur indirect 1 puis est livré au fournisseur direct A, prestataire du groupe Éxito.

Pour constater l’évolution de la déforestation entre 2017 et mars 2021 dans la zone PNN Chiribiquete où le fournisseur 2 est présent, faîtes glisser le curseur sur l’image ci-dessous : 

20172021

Photos prises sur la parcelle du Fournisseur indirect 2 dans le Parc National de Chiribiquete :

Cas 2 : Une ferme illégale dans le PNN Macarena – ferme de l’entreprise A

L’enquête d’EIA a aussi permis d’identifier une relation de commerce de bétail existant depuis 4 ans entre le fournisseur direct A et l’entreprise A. Les travailleurs de l’entreprise A ont confié aux enquêteurs que la plus grande de leurs fermes s’étend sur 2 000 hectares dont 1 800 hectares de pâturage. Une partie de ce pâturage se situe illégalement à l’intérieur du PNN de la Macarena.

La relation commerciale entre Éxito et le fournisseur direct A confirmée 

Lors de l’enquête, EIA a interrogé l’abattoir A qui découpe et transforme la viande pour le groupe Éxito. Les employés ont confirmé que le fournisseur direct A cité précédemment commercialise environ 1 000 têtes de bétail par mois au groupe Éxito. Ils confirment également avoir déjà entendu parler du fournisseur indirect 1. Le fournisseur direct A a donné aux enquêteurs les numéros de lots de viande vendus au groupe Éxito pour le supermarché Viva de Villavicencio. Les enquêteurs ont ainsi pu se procurer des produits carnés provenant de ces lots à la boucherie du supermarché où le responsable leur a indiqué qu’ils avaient été transformés dans l’usine d’Éxito à Bogota. 

La relation commerciale entre Éxito et le fournisseur direct A confirmée 

Lors de l’enquête, EIA a interrogé l’abattoir A qui découpe et transforme la viande pour le groupe Éxito. Les employés ont confirmé que le fournisseur direct A cité précédemment commercialise environ 1 000 têtes de bétail par mois au groupe Éxito. Ils confirment également avoir déjà entendu parler du fournisseur indirect 1. Le fournisseur direct A a donné aux enquêteurs les numéros de lots de viande vendus au groupe Éxito pour le supermarché Viva de Villavicencio. Les enquêteurs ont ainsi pu se procurer des produits carnés provenant de ces lots à la boucherie du supermarché où le responsable leur a indiqué qu’ils avaient été transformés dans l’usine d’Éxito à Bogota. 

Cas 3 : Actes illégaux dans les foires et enchères bovines

Les foires et enchères bovines sont des lieux de vente de bétail stratégiques qui facilitent les transactions entre les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement du bœuf. Le coordinateur de la foire d’élevage 1 a indiqué aux enquêteurs vendre directement du bétail au groupe Éxito. 

L’analyse des données statistiques des mouvements de bétail réalisée par EIA a démontré qu’entre 2016 et 2019, plus de 1 500 têtes de bétail arrivées dans cette foire bovine provenaient de 3 lieux-dits à l’intérieur du PNN Macarena et de la zone de Réserve forestière autour du PNN Chiribiquete. 

Le coordinateur a notamment confié aux enquêteurs la possibilité de vendre des vaches élevées sur des terres illégalement déboisées en falsifiant ou en cachant leur provenance.

Tous ces cas nous ramènent  vers les groupes armés 

Le fournisseur indirect 2 a confié aux enquêteurs que sa ferme est située dans le PNN Chiribiquete et a indiqué que le contrôle de la zone est géré par des groupes armés à qui il paye un impôt révolutionnaire de 10 000 COP par animal (2,5€), soit environ 1 500€ par an pour 600 animaux. Dans le cas du PNN de la Macarena, il a aussi été confirmé qu’un impôt révolutionnaire était payé aux groupes armés.

En échange de cet impôt, les fournisseurs sont protégés par les groupes armés et ne doivent rendre de compte à personne. 

Le responsable de la foire d’élevage 1 reconnaît avoir les contacts nécessaires pour commercialiser du bétail provenant de zones sous contrôle des groupes armés.

Tous ces cas nous ramènent  vers les groupes armés 

Le fournisseur indirect 2 a confié aux enquêteurs que sa ferme est située dans le PNN Chiribiquete et a indiqué que le contrôle de la zone est géré par des groupes armés à qui il paye un impôt révolutionnaire de 10 000 COP par animal (2,5€), soit environ 1 500€ par an pour 600 animaux. Dans le cas du PNN de la Macarena, il a aussi été confirmé qu’un impôt révolutionnaire était payé aux groupes armés.

En échange de cet impôt, les fournisseurs sont protégés par les groupes armés et ne doivent rendre de compte à personne. 

Le responsable de la foire d’élevage 1 reconnaît avoir les contacts nécessaires pour commercialiser du bétail provenant de zones sous contrôle des groupes armés.

Éxito est-il en lutte contre ces illégalités ?

Des annonces stratégiques non appliquées 

L’investigation démontre sans équivoque que plusieurs annonces de la politique d’Éxito ne sont pas respectées dont :

  • Zéro déforestation – L’entreprise indique : « Le Grupo Éxito commercialisera du bœuf provenant de fournisseurs fidèles qui ont des engagements zéro déforestation et/ou des accords de conservation, qui garantissent zéro déforestation, qualité de la viande et bien-être animal ». Le minimum attendu est que «  les activités soient réalisées en gérant les ressources, respectant la frontière agricole nationale, assurant une pression minimale sur les écosystèmes et protégeant la biodiversité ». L’enquête d’EIA prouve que ni zéro déforestation, ni respect de la frontière agricole ne sont honorés.

  • Traçabilité : « Maximum voulu : Avoir la possibilité de spécifier les conditions dans lesquelles le processus de production s’est déroulé de l’élevage à l’emballage ».  Cette traçabilité n’est pas vue par le groupe comme un minimum indispensable mais un maximum voulu, ce qui est bien peu engageant en termes de responsabilité. 

  • Transparence : « Donner transparence et traçabilité au consommateur ». Envol Vert a effectué, en 2019 et en parallèle du travail d’EIA, deux demandes au groupe afin de connaître l’origine de la viande achetée : 

    •  Le service client a répondu qu’il s’agissait d’informations confidentielles. 
    • Le supermarché a quant à lui indiqué l’origine du lot dans 2 fermes de fournisseurs directs, mais a précisé qu’il ne disposait pas des informations liées aux fournisseurs indirects et a transféré la responsabilité du suivi sur l’ICA. 

Des vides dans la politique du groupe Casino

  • Le groupe Casino n’a pas de plan de vigilance en Colombie. Il considère que l’élevage n’est pas un secteur à risque pour la déforestation. Lors d’un entretien entre Envol Vert et le responsable RSE du groupe Éxito en novembre 2019, ce dernier a indiqué : 

    « En Colombie, je peux certifier 100% de ma chaîne d’approvisionnement, la déforestation ne va pas bouger d’un pouce ; le grand, grand déforesteur du pays s’appelle les cultures illicites. En d’autres termes, tous ceux qui consomment de la cocaïne dans ce monde sont ceux qui déboisent.”

    Ces propos sont significatifs de l’ignorance ou du désintérêt du groupe sur la problématique de déforestation et notamment celle liée à l’élevage bovin, principale cause de déforestation.

  • La politique ne précise jamais les moyens mis en place pour atteindre les objectifs prévus (outils ou activités) et ne mentionne pas non plus de jalons ni même de date limite pour les atteindre. 

  • Aucune analyse de risques n’est faite par le groupe Éxito sur les éléments suivants : 

    • Financement à des groupes armés 
    • Blanchiment de vaches
    • Accaparement des terres
    • Risques de corruption
  • Alors même que le Groupe Éxito a signé en août 2020 les accords volontaires zéro déforestation de viande bovine que promeut le gouvernement colombien, il a par contre étrangement supprimé de sa propre politique les engagements zéro déforestation entre la politique présentée en décembre 2020 à Envol Vert et celle présente ce jour sur son site internet. Envol Vert s’interroge sur cette modification alors que les derniers rapports publiés sur le groupe auraient pu laisser espérer un renforcement de leur politique. 

Encore le double jeu de Casino avec beaucoup de greenwashing pour peu d’actions concrètes

  • Monitoring : « les fermes des fournisseurs fidélisés de viande bovine seront surveillées selon les critères de zéro déforestation par un tiers indépendant de l’entreprise »En décembre 2020, le groupe a présenté son « suivi annuel pour la conservation des écosystèmes et la protection de la frontière agricole ». Ils indiquent que l’entreprise compte :

    • 39 éleveurs dont elle a évalué l’ensemble de leurs terres
    • plus de 37 000 hectares qui ont été suivis grâce à l’outil GLOBAL FOREST WATCH PRO
    • plus de 65% des fournisseurs qui ont environ 0% de déforestation brute reconnue  


    Dans la presse
    et sur les réseaux sociaux ils ont exprimé « être leader en Colombie de la transformation des pratiques productives d’élevage bovin qui cherche à protéger la biodiversité ». Pourtant : 

    • Les résultats de ce suivi ne sont pas librement disponibles ni communiqués en détail (le groupe ne donne par exemple aucune information sur ce qu’il en est des 35% des fournisseurs restants). Il n’y a en outre aucune explication méthodologique aux « environ 0% de déforestation brute reconnue ».
    • Les communications sur ce suivi sont incomplètes et ne permettent pas de comprendre le périmètre du suivi (foires, enchères, intermédiaires…), ni les volumes d’achat en question. 
    • Ce suivi n’inclut pas l’analyse des fournisseurs indirects et n’est donc pas en mesure de garantir zéro déforestation.
  • Label

    Le groupe Éxito a mis en place le label Ganso, en tenant compte des maxima souhaités par la politique du groupe. Lors du lancement du label, un des responsables a déclaré :

    « Bien que toute la viande que nous vendrons proviendra de fermes conformes au modèle de l’élevage durable, nous aurons un label spécial sur la viande où nous validerons des critères supplémentaires tels que la traçabilité [ …] et il sera visible pour que les clients sachent qu’ils consomment un aliment qui répond à des normes de durabilité élevées « 

    Ce label spécial élevage durable GANSO s’apparente en fait plus à une démarche de progrès qu’à un label (il comporte 3 niveaux dont le premier est à moins de 50% d’atteinte des critères). La traçabilité garantie par le label ne s’applique pas aux fournisseurs indirects. Il est donc impossible de garantir zéro-déforestation dans la chaîne d’approvisionnement.

Des annonces stratégiques non appliquées 

L’investigation démontre sans équivoque que plusieurs annonces de la politique d’Éxito ne sont pas respectées dont :

  • Zéro déforestation – L’entreprise indique : « Le Grupo Éxito commercialisera du bœuf provenant de fournisseurs fidèles qui ont des engagements zéro déforestation et/ou des accords de conservation, qui garantissent zéro déforestation, qualité de la viande et bien-être animal ». Le minimum attendu est que «  les activités soient réalisées en gérant les ressources, respectant la frontière agricole nationale, assurant une pression minimale sur les écosystèmes et protégeant la biodiversité ». L’enquête d’EIA prouve que ni zéro déforestation, ni respect de la frontière agricole ne sont honorés.

  • Traçabilité : « Maximum voulu : Avoir la possibilité de spécifier les conditions dans lesquelles le processus de production s’est déroulé de l’élevage à l’emballage ».  Cette traçabilité n’est pas vue par le groupe comme un minimum indispensable mais un maximum voulu, ce qui est bien peu engageant en termes de responsabilité. 

  • Transparence : « Donner transparence et traçabilité au consommateur ». Envol Vert a effectué, en 2019 et en parallèle du travail d’EIA, deux demandes au groupe afin de connaître l’origine de la viande achetée : 

    •  Le service client a répondu qu’il s’agissait d’informations confidentielles. 
    • Le supermarché a quant à lui indiqué l’origine du lot dans 2 fermes de fournisseurs directs, mais a précisé qu’il ne disposait pas des informations liées aux fournisseurs indirects et a transféré la responsabilité du suivi sur l’ICA. 

Des vides dans la politique du groupe Casino

  • Le groupe Casino n’a pas de plan de vigilance en Colombie. Il considère que l’élevage n’est pas un secteur à risque pour la déforestation. Lors d’un entretien entre Envol Vert et le responsable RSE du groupe Éxito en novembre 2019, ce dernier a indiqué : 

    « En Colombie, je peux certifier 100% de ma chaîne d’approvisionnement, la déforestation ne va pas bouger d’un pouce ; le grand, grand déforesteur du pays s’appelle les cultures illicites. En d’autres termes, tous ceux qui consomment de la cocaïne dans ce monde sont ceux qui déboisent.”

    Ces propos sont significatifs de l’ignorance ou du désintérêt du groupe sur la problématique de déforestation et notamment celle liée à l’élevage bovin, principale cause de déforestation.

  • La politique ne précise jamais les moyens mis en place pour atteindre les objectifs prévus (outils ou activités) et ne mentionne pas non plus de jalons ni même de date limite pour les atteindre. 

  • Aucune analyse de risques n’est faite par le groupe Éxito sur les éléments suivants : 

    • Financement à des groupes armés 
    • Blanchiment de vaches
    • Accaparement des terres
    • Risques de corruption
  • Alors même que le Groupe Éxito a signé en août 2020 les accords volontaires zéro déforestation de viande bovine que promeut le gouvernement colombien, il a par contre étrangement supprimé de sa propre politique les engagements zéro déforestation entre la politique présentée en décembre 2020 à Envol Vert et celle présente ce jour sur son site internet. Envol Vert s’interroge sur cette modification alors que les derniers rapports publiés sur le groupe auraient pu laisser espérer un renforcement de leur politique. 

Encore le double jeu de Casino avec beaucoup de greenwashing pour peu d’actions concrètes

  • Monitoring : « les fermes des fournisseurs fidélisés de viande bovine seront surveillées selon les critères de zéro déforestation par un tiers indépendant de l’entreprise »En décembre 2020, le groupe a présenté son « suivi annuel pour la conservation des écosystèmes et la protection de la frontière agricole ». Ils indiquent que l’entreprise compte :

    • 39 éleveurs dont elle a évalué l’ensemble de leurs terres
    • plus de 37 000 hectares qui ont été suivis grâce à l’outil GLOBAL FOREST WATCH PRO
    • plus de 65% des fournisseurs qui ont environ 0% de déforestation brute reconnue  


    Dans la presse
    et sur les réseaux sociaux ils ont exprimé « être leader en Colombie de la transformation des pratiques productives d’élevage bovin qui cherche à protéger la biodiversité ». Pourtant : 

    • Les résultats de ce suivi ne sont pas librement disponibles ni communiqués en détail (le groupe ne donne par exemple aucune information sur ce qu’il en est des 35% des fournisseurs restants). Il n’y a en outre aucune explication méthodologique aux « environ 0% de déforestation brute reconnue ».
    • Les communications sur ce suivi sont incomplètes et ne permettent pas de comprendre le périmètre du suivi (foires, enchères, intermédiaires…), ni les volumes d’achat en question. 
    • Ce suivi n’inclut pas l’analyse des fournisseurs indirects et n’est donc pas en mesure de garantir zéro déforestation.
  • Label

    Le groupe Éxito a mis en place le label Ganso, en tenant compte des maxima souhaités par la politique du groupe. Lors du lancement du label, un des responsables a déclaré :

    « Bien que toute la viande que nous vendrons proviendra de fermes conformes au modèle de l’élevage durable, nous aurons un label spécial sur la viande où nous validerons des critères supplémentaires tels que la traçabilité [ …] et il sera visible pour que les clients sachent qu’ils consomment un aliment qui répond à des normes de durabilité élevées « 

    Ce label spécial élevage durable GANSO s’apparente en fait plus à une démarche de progrès qu’à un label (il comporte 3 niveaux dont le premier est à moins de 50% d’atteinte des critères). La traçabilité garantie par le label ne s’applique pas aux fournisseurs indirects. Il est donc impossible de garantir zéro-déforestation dans la chaîne d’approvisionnement.

Estimation de la surface totale déforestée en 2020 en lien avec les activités du groupe Éxito en Colombie

Pour rappel, le groupe Exito achète entre 6,5% et 10% du total de la viande vendue en Colombie.La part de viande produite en Colombie destinée à la consommation locale est de 97%. Il est donc possible de connaître le volume total de viande colombienne achetée par le groupe Éxito.

La déforestation en Colombie a atteint en 2020 un total de 166 000 ha de forêts tropicales selon le Global Forest Watch. De plus, l’élevage bovin, premier vecteur de déforestation, est responsable de 70% de cette déforestation.

Nous pouvons donc estimer que le groupe Éxito est responsable d’environ 7 200 ha de déforestation en 2020 pour ses achats de produits bovins, soit plus de 10 000 terrains de football internationaux.

0ha
de forêts détruits par Casino en 2020 (estimation)

Ce seul chiffre devrait pousser le groupe à mettre au plus vite une politique robuste en place.

Ce calcul est une estimation basée sur les statistiques générales et sur des hypothèses d’allocation de la déforestation. Le calcul ne prend pas en compte des données plus précises sur l‘origine des vaches achetées par le groupe Éxito.

Les demandes d’Envol Vert au Groupe Casino
pour sa filiale colombienne

Fixer pour le secteur du bœuf une date de référence au 1 janvier 2011 (date choisie dans des accords colombiens de zéro-déforestation) à partir de laquelle la déforestation d’écosystèmes forestiers naturels et la conversion des autres écosystèmes naturels n’est plus acceptée et ce sur toute la chaîne d’approvisionnement depuis la naissance des bovins.

D’ici fin 2022, l’objectif de “zéro déforestation” doit être atteint et s’appliquer en priorité à la déforestation et aux conversions illégales, puis à toutes les conversions de zones à haute valeur de conservation (HCV) et haute quantité de carbone (HCS). 

Les achats du groupe devront se tourner massivement et à hauteur de 50% en 2025 vers des élevages aux pratiques soutenables (sylvopastoralisme, élevage régénératif, etc) avec une forte productivité à l’hectare (non inférieur à 3 UGB / hectare selon écosystème).

Inclure l’intégralité des échelons de l’élevage depuis la naissance de l’animal, la transformation et les modes de commercialisation intermédiaires, les pratiques de blanchiment de vaches, de corruption, d’accaparement de terres, de paiement aux groupes armés, etc. Cette analyse devra être faite avec des tierces parties indépendantes afin d’en garantir l’objectivité. 

  • Mettre en place un moratoire avec les fournisseurs situés à moins de 100 km des fronts de déforestation et parcs nationaux jusqu’à ce qu’un contrôle strict des fournisseurs directs et indirects soit réalisé. 

  • S’assurer de l’absence de toute pratique de «blanchiment de bétail» dans la chaîne d’approvisionnement, notamment par un contrôle strict de la productivité animale dans les différents maillons.

  • Effectuer un contrôle supplémentaire des fournisseurs dans les zones à risque, pouvant être :

    • soit des zones en relation avec les mouvements bovins à la frontière agricole, afin de garantir l’absence de relation avec les exploitations qui génèrent de la déforestation
    • soit des zones vacantes de l’État ou autre statut juridique public dont les Parcs Nationaux.
  • S’assurer de l’absence de pratiques de corruption, falsification ou paiement à des groupes armés par des contrôles de suivis des fournisseurs. 

  • Définir en cas de déforestation identifiée les mesures correctives, sanctions et ruptures des relations commerciales jusqu’à ce qu’un auditeur soit venu s’assurer que les actions correctives sont mises en place par le fournisseur. Cette mesure doit être appliquée immédiatement aux fournisseurs concernés par l’enquête de EIA. 

Le système d’évaluation doit prendre en compte :

  • La totalité des achats bovins du groupe (frais, congelés, transformés…) ;

  • L’intégralité des fournisseurs directs et indirects à tous les niveaux de la chaîne depuis la naissance de l’animal ; 

  • Les différents modèles commerciaux (fournisseurs d’animaux sur pied, foires, transformateurs, abattoirs…);

  • La date de référence de déforestation (janvier 2011) fixée par les accords volontaires nationaux.

Le système de suivi périodique des objectifs et mesures mis en œuvre doit :

  • Être basé sur des indicateurs de moyens et de résultats validés par une tierce partie indépendante ;

  • Préciser la méthodologie et les sources utilisées ; 

  • Présenter les résultats de manière publique et en cas d’impact, identifier les produits et les magasins associés et les mesures prises ; 

  • Démontrer le caractère adapté des mesures de surveillance et l’évaluation régulière de leur efficacité.

Ce système doit être suivi d’audits indépendants non liés au commerce de la viande.

Les résultats doivent être publics et facilement accessibles à tous.

  • Fidéliser les intermédiaires avec la mise en place de bonus qui incitent les agriculteurs à réaliser des mesures de contrôle pour leurs fournisseurs. Système qui diffère des incitations de qualité;

  • Limiter le nombre d’intermédiaires et l’achat d’animaux dans les enchères de bétail qui sont source de perte de traçabilité, et créer des relations plus directes avec des contrats sur le long terme et plus étroites avec les éleveurs;

  • Mettre fin à la coutume du paiement à 60 ou 90 jours qui génère l’obligation de travailler avec de gros intermédiaires (fournisseurs directs) qui utilisent le “secret commercial  » comme excuse pour ne pas fournir toutes les informations nécessaires à la traçabilité ;

  • Encourager les achats directs auprès des producteurs primaires à travers le concept d’associations ou de coopératives. Ces structures permettent de connecter de manière formelle et transparente tous les maillons de la chaîne;

  • Accompagner massivement les producteurs, techniquement et économiquement,  dans l’amélioration de la productivité dès les premiers échelons de production qui sont les plus à risque de déforestation. Aller à terme vers un approvisionnement exclusif issu de producteurs engagés dans des systèmes sylvopastoraux, ou autres systèmes tels que PUAD, Régénératif, Durable … avec une forte  productivité à l’hectare ;

  • Accorder une plus grande importance aux usines de transformation de la viande, en les considérant comme des alliées stratégiques dans la lutte contre la déforestation et non pas uniquement des prestataires de services.

  • Un soutien technique et financier

  • Un outil concernant tous les maillons de la chaîne

  • Un outil vérifié par des tiers, basé sur les données officielles, avec une méthodologie et des résultats publics, qui permettent de suivre l’origine de la viande. Celui-ci sera basé sur une amélioration des outils de surveillance et de suivi existants.

  • Un outil basé sur des obligations de résultats et non de moyens et intégrant des mesures adaptées pour lutter contre le « blanchiment du bétail » et « l’accaparement des terres ».

Fixer pour le secteur du bœuf une date de référence au 1 janvier 2011 (date choisie dans des accords colombiens de zéro-déforestation) à partir de laquelle la déforestation d’écosystèmes forestiers naturels et la conversion des autres écosystèmes naturels n’est plus acceptée et ce sur toute la chaîne d’approvisionnement depuis la naissance des bovins.

D’ici fin 2022, l’objectif de “zéro déforestation” doit être atteint et s’appliquer en priorité à la déforestation et aux conversions illégales, puis à toutes les conversions de zones à haute valeur de conservation (HCV) et haute quantité de carbone (HCS). 

Les achats du groupe devront se tourner massivement et à hauteur de 50% en 2025 vers des élevages aux pratiques soutenables (sylvopastoralisme, élevage régénératif, etc) avec une forte productivité à l’hectare (non inférieur à 3 UGB / hectare selon écosystème).

Inclure l’intégralité des échelons de l’élevage depuis la naissance de l’animal, la transformation et les modes de commercialisation intermédiaires, les pratiques de blanchiment de vaches, de corruption, d’accaparement de terres, de paiement aux groupes armés, etc. Cette analyse devra être faite avec des tierces parties indépendantes afin d’en garantir l’objectivité. 

  • Mettre en place un moratoire avec les fournisseurs situés à moins de 100 km des fronts de déforestation et parcs nationaux jusqu’à ce qu’un contrôle strict des fournisseurs directs et indirects soit réalisé. 

  • S’assurer de l’absence de toute pratique de «blanchiment de bétail» dans la chaîne d’approvisionnement, notamment par un contrôle strict de la productivité animale dans les différents maillons.

  • Effectuer un contrôle supplémentaire des fournisseurs dans les zones à risque, pouvant être :

    • soit des zones en relation avec les mouvements bovins à la frontière agricole, afin de garantir l’absence de relation avec les exploitations qui génèrent de la déforestation
    • soit des zones vacantes de l’État ou autre statut juridique public dont les Parcs Nationaux.
  • S’assurer de l’absence de pratiques de corruption, falsification ou paiement à des groupes armés par des contrôles de suivis des fournisseurs. 

  • Définir en cas de déforestation identifiée les mesures correctives, sanctions et ruptures des relations commerciales jusqu’à ce qu’un auditeur soit venu s’assurer que les actions correctives sont mises en place par le fournisseur. Cette mesure doit être appliquée immédiatement aux fournisseurs concernés par l’enquête de EIA. 

Le système d’évaluation doit prendre en compte :

  • La totalité des achats bovins du groupe (frais, congelés, transformés…) ;

  • L’intégralité des fournisseurs directs et indirects à tous les niveaux de la chaîne depuis la naissance de l’animal ; 

  • Les différents modèles commerciaux (fournisseurs d’animaux sur pied, foires, transformateurs, abattoirs…);

  • La date de référence de déforestation (janvier 2011) fixée par les accords volontaires nationaux.

Le système de suivi périodique des objectifs et mesures mis en œuvre doit :

  • Être basé sur des indicateurs de moyens et de résultats validés par une tierce partie indépendante ;

  • Préciser la méthodologie et les sources utilisées ; 

  • Présenter les résultats de manière publique et en cas d’impact, identifier les produits et les magasins associés et les mesures prises ; 

  • Démontrer le caractère adapté des mesures de surveillance et l’évaluation régulière de leur efficacité.

Ce système doit être suivi d’audits indépendants non liés au commerce de la viande.

Les résultats doivent être publics et facilement accessibles à tous.

  • Fidéliser les intermédiaires avec la mise en place de bonus qui incitent les agriculteurs à réaliser des mesures de contrôle pour leurs fournisseurs. Système qui diffère des incitations de qualité;

  • Limiter le nombre d’intermédiaires et l’achat d’animaux dans les enchères de bétail qui sont source de perte de traçabilité, et créer des relations plus directes avec des contrats sur le long terme et plus étroites avec les éleveurs;

  • Mettre fin à la coutume du paiement à 60 ou 90 jours qui génère l’obligation de travailler avec de gros intermédiaires (fournisseurs directs) qui utilisent le “secret commercial  » comme excuse pour ne pas fournir toutes les informations nécessaires à la traçabilité ;

  • Encourager les achats directs auprès des producteurs primaires à travers le concept d’associations ou de coopératives. Ces structures permettent de connecter de manière formelle et transparente tous les maillons de la chaîne;

  • Accompagner massivement les producteurs, techniquement et économiquement,  dans l’amélioration de la productivité dès les premiers échelons de production qui sont les plus à risque de déforestation. Aller à terme vers un approvisionnement exclusif issu de producteurs engagés dans des systèmes sylvopastoraux, ou autres systèmes tels que PUAD, Régénératif, Durable … avec une forte  productivité à l’hectare ;

  • Accorder une plus grande importance aux usines de transformation de la viande, en les considérant comme des alliées stratégiques dans la lutte contre la déforestation et non pas uniquement des prestataires de services.

  • Un soutien technique et financier

  • Un outil concernant tous les maillons de la chaîne

  • Un outil vérifié par des tiers, basé sur les données officielles, avec une méthodologie et des résultats publics, qui permettent de suivre l’origine de la viande. Celui-ci sera basé sur une amélioration des outils de surveillance et de suivi existants.

  • Un outil basé sur des obligations de résultats et non de moyens et intégrant des mesures adaptées pour lutter contre le « blanchiment du bétail » et « l’accaparement des terres ».

Publié le : 27/05/202139,8 min de lecture
  • Le groupe Casino est présent en Colombie via sa filiale Éxito, leader de la distribution dans le pays avec 28% des parts de marché national (source : Presentación corporativa Grupo Éxito, 2021). Le groupe achète entre 6,4% et 10 % du volume total de viande bovine produite sur le territoire. 

  • Une investigation a été menée par EIA (Environmental Investigation Agency). Elle a permis de mettre en évidence le lien entre la filiale du groupe Casino (grupo Éxito) et la déforestation de 400 ha en 2019 au sein du PNN du Chiribiquete. Le Parc Naturel National Chiribiquete, créé en 1989 et inscrit au patrimoine mondial mixte de l’UNESCO depuis 2018, est considéré comme le plus grand parc national de forêt tropicale au monde, avec à la fois une biodiversité et une valeur culturelle inestimables. L’enquête d’EIA a aussi révélé les liens indirects entre le Groupe Casino et le financement de groupes armés dans la région

  • La Colombie, grâce à la présence de nombreux écosystèmes uniques, est le second pays au monde avec le plus de biodiversité. L’Amazonie y occupe près de 40% du territoire. Avec 166 000 hectares de forêt primaire détruits en 2020, la Colombie est le sixième pays avec le plus de déforestation au monde. Le rythme de la déforestation a augmenté de 44% entre 2019 et 2020.  L’élevage bovin était en 2018 le troisième facteur de déforestation en Colombie, avec d’autres conséquences désastreuses dont l’atteinte aux droits humains.

  • Le groupe Casino, soumis au devoir de vigilance pour toutes ses filières dans le monde, n’a pas inclus la Colombie dans son plan de vigilance.  Selon lui, l’élevage bovin n’est “pas suffisamment décrit par des rapports comme étant responsable de la déforestation en Colombie. Le groupe considère la traçabilité comme un objectif maximal à atteindre, et non minimum requis. 

  • Envol Vert demande des mesures immédiates à Casino pour ne plus proposer de produits en lien avec la déforestation d’ici à 2022. En attendant d’être en capacité de contrôler l’impact de ses produits, le groupe doit mettre en œuvre un moratoire sur certaines zones et fournisseurs en lien avec les fronts de déforestation.  

  • Le groupe Casino est présent en Colombie via sa filiale Éxito, leader de la distribution dans le pays avec 28% des parts de marché national (source : Presentación corporativa Grupo Éxito, 2021). Le groupe achète entre 6,4% et 10 % du volume total de viande bovine produite sur le territoire. 

  • Une investigation a été menée par EIA (Environmental Investigation Agency). Elle a permis de mettre en évidence le lien entre la filiale du groupe Casino (grupo Éxito) et la déforestation de 400 ha en 2019 au sein du PNN du Chiribiquete. Le Parc Naturel National Chiribiquete, créé en 1989 et inscrit au patrimoine mondial mixte de l’UNESCO depuis 2018, est considéré comme le plus grand parc national de forêt tropicale au monde, avec à la fois une biodiversité et une valeur culturelle inestimables. L’enquête d’EIA a aussi révélé les liens indirects entre le Groupe Casino et le financement de groupes armés dans la région

  • La Colombie, grâce à la présence de nombreux écosystèmes uniques, est le second pays au monde avec le plus de biodiversité. L’Amazonie y occupe près de 40% du territoire. Avec 166 000 hectares de forêt primaire détruits en 2020, la Colombie est le sixième pays avec le plus de déforestation au monde. Le rythme de la déforestation a augmenté de 44% entre 2019 et 2020.  L’élevage bovin était en 2018 le troisième facteur de déforestation en Colombie, avec d’autres conséquences désastreuses dont l’atteinte aux droits humains.

  • Le groupe Casino, soumis au devoir de vigilance pour toutes ses filières dans le monde, n’a pas inclus la Colombie dans son plan de vigilance.  Selon lui, l’élevage bovin n’est “pas suffisamment décrit par des rapports comme étant responsable de la déforestation en Colombie. Le groupe considère la traçabilité comme un objectif maximal à atteindre, et non minimum requis. 

  • Envol Vert demande des mesures immédiates à Casino pour ne plus proposer de produits en lien avec la déforestation d’ici à 2022. En attendant d’être en capacité de contrôler l’impact de ses produits, le groupe doit mettre en œuvre un moratoire sur certaines zones et fournisseurs en lien avec les fronts de déforestation.  

Casino en Colombie,
destructeur d’un Parc National
patrimoine de l’UNESCO

En 2020, Envol Vert et ses partenaires brésiliens mettaient en évidence la responsabilité de Grupo Pão de Açúcar, filiale du groupe Casino au Brésil, dans la déforestation en Amazonie et dans le Cerrado. Suite à ces révélations, un collectif de onze organisations non-gouvernementales et représentants des peuples autochtones a assigné en justice le groupe Casino pour non-respect de la loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères

Aujourd’hui, c’est en Colombie, autre marché majeur du groupe Casino en Amérique du Sud, que l’Environmental Investigation Agency (EIA) démontre la présence de déforestation et d’atteintes aux droits humains au sein de la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito (filiale du groupe Casino). Envol Vert présente ici les éléments clés de cette enquête, transmise en exclusivité par l’EIA. En tant qu’ONG présente en Colombie, Envol Vert propose une analyse critique et demande au groupe Casino de s’engager enfin efficacement dans la lutte contre la déforestation en Colombie.

En 2020, Envol Vert et ses partenaires brésiliens mettaient en évidence la responsabilité de Grupo Pão de Açúcar, filiale du groupe Casino au Brésil, dans la déforestation en Amazonie et dans le Cerrado. Suite à ces révélations, un collectif de onze organisations non-gouvernementales et représentants des peuples autochtones a assigné en justice le groupe Casino pour non-respect de la loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères

Aujourd’hui, c’est en Colombie, autre marché majeur du groupe Casino en Amérique du Sud, que l’Environmental Investigation Agency (EIA) démontre la présence de déforestation et d’atteintes aux droits humains au sein de la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito (filiale du groupe Casino). Envol Vert présente ici les éléments clés de cette enquête, transmise en exclusivité par l’EIA. En tant qu’ONG présente en Colombie, Envol Vert propose une analyse critique et demande au groupe Casino de s’engager enfin efficacement dans la lutte contre la déforestation en Colombie.

Le double visage de la Colombie :
biodiversité unique et déforestation galopante

Des écosystèmes uniques et irremplaçables sont fortement menacés par la déforestation. Si le WWF a dénombré plus de 9 fronts de déforestation sur le continent sud-américain, 2 d’entre eux se situent en Colombie.

En 2020, Global Forest Watch a classé la Colombie en 6ème position des pays les plus déboisés au monde. Entre 2000 et 2019, la Colombie a perdu un total de presque 2,8 millions d’hectares de forêts, soit l’équivalent de la surface de la Belgique. Selon l’IDEAM (organisme gouvernemental référent sur les études environnementales), l’élevage bovin est l’un des principaux vecteurs de déforestation. Or, cette activité est également un maillon important des pratiques d’accaparement de terres. Ce processus consiste en l’appropriation illégale de terres de l’Etat, la modification de leur usage pour les valoriser économiquement, et enfin la spéculation sur leur foncier.

Processus d’accaparement de terres en Colombie

Le secteur nord-ouest du bassin amazonien colombien revêt un caractère primordial pour la conservation des forêts tropicales et de la biodiversité. Cette zone est un corridor écologique entre les Andes et la forêt amazonienne et abrite des espèces uniques et en voie d’extinction. Cette richesse a donné lieu à la protection de deux parcs naturels nationaux (PNN) : celui du Chiribiquete et celui de La Macarena. Le Parc Naturel National Chiribiquete est par ailleurs considéré comme le plus grand parc de forêt tropicale au monde.

Le rapport Tainted Beef d’EIA se base sur une investigation réalisée notamment dans l’arc de déforestation au nord et nord-ouest du Parc National Naturel du Chiribiquete. Il met en lumière une corrélation étroite entre l’augmentation de la déforestation et l’augmentation des déplacements de vaches dans ces zones.. Pourtant, les réglementations du parc stipulent clairement l’interdiction de changement d’usage des sols et surtout l’interdiction de l’élevage bovin.

L’évolution de la déforestation suit celle de l’élevage bovin dans l’arc de déforestation Nord-Ouest amazonien

Le secteur bovin est un secteur économique clé en Colombie. Il représente environ 3,6% du PIB national et 7% des emplois nationaux. Le nombre d’animaux d’élevage a atteint un total de 28 millions de têtes en 2020 . La viande de boeuf produite sur le territoire est consommée à 97% au niveau national. Le secteur bovin en Colombie peut être divisé en deux grands domaines : l’élevage d’un côté et la transformation/distribution de l’autre.  La distribution des produits transformés de viande de bœuf est réalisée  principalement par  la grande  distribution. Selon l’enquête de Sacrifice Bovin (ESAG – DANE 2019), au premier trimestre 2019, la part des supermarchés dans le marché de la viande a été de 23% (Viancha et al., 2020). 

En tant que leader de la distribution en Colombie (28% des parts de marchés en 2020), le groupe Casino joue un rôle clé dans ce secteur de la viande.

L’organisation de la chaîne d’approvisionnement bovine en Colombie

Des écosystèmes uniques et irremplaçables sont fortement menacés par la déforestation. Si le WWF a dénombré plus de 9 fronts de déforestation sur le continent sud-américain, 2 d’entre eux se situent en Colombie.

En 2020, Global Forest Watch a classé la Colombie en 6ème position des pays les plus déboisés au monde. Entre 2000 et 2019, la Colombie a perdu un total de presque 2,8 millions d’hectares de forêts, soit l’équivalent de la surface de la Belgique. Selon l’IDEAM (organisme gouvernemental référent sur les études environnementales), l’élevage bovin est l’un des principaux vecteurs de déforestation. Or, cette activité est également un maillon important des pratiques d’accaparement de terres. Ce processus consiste en l’appropriation illégale de terres de l’Etat, la modification de leur usage pour les valoriser économiquement, et enfin la spéculation sur leur foncier.

Processus d’accaparement de terres en Colombie

Le secteur nord-ouest du bassin amazonien colombien revêt un caractère primordial pour la conservation des forêts tropicales et de la biodiversité. Cette zone est un corridor écologique entre les Andes et la forêt amazonienne et abrite des espèces uniques et en voie d’extinction. Cette richesse a donné lieu à la protection de deux parcs naturels nationaux (PNN) : celui du Chiribiquete et celui de La Macarena. Le Parc Naturel National Chiribiquete est par ailleurs considéré comme le plus grand parc de forêt tropicale au monde.

Le rapport Tainted Beef d’EIA se base sur une investigation réalisée notamment dans l’arc de déforestation au nord et nord-ouest du Parc National Naturel du Chiribiquete. Il met en lumière une corrélation étroite entre l’augmentation de la déforestation et l’augmentation des déplacements de vaches dans ces zones.. Pourtant, les réglementations du parc stipulent clairement l’interdiction de changement d’usage des sols et surtout l’interdiction de l’élevage bovin.

L’évolution de la déforestation suit celle de l’élevage bovin dans l’arc de déforestation Nord-Ouest amazonien

Le secteur bovin est un secteur économique clé en Colombie. Il représente environ 3,6% du PIB national et 7% des emplois nationaux. Le nombre d’animaux d’élevage a atteint un total de 28 millions de têtes en 2020 . La viande de boeuf produite sur le territoire est consommée à 97% au niveau national. Le secteur bovin en Colombie peut être divisé en deux grands domaines : l’élevage d’un côté et la transformation/distribution de l’autre.  La distribution des produits transformés de viande de bœuf est réalisée  principalement par  la grande  distribution. Selon l’enquête de Sacrifice Bovin (ESAG – DANE 2019), au premier trimestre 2019, la part des supermarchés dans le marché de la viande a été de 23% (Viancha et al., 2020). 

En tant que leader de la distribution en Colombie (28% des parts de marchés en 2020), le groupe Casino joue un rôle clé dans ce secteur de la viande.

L’organisation de la chaîne d’approvisionnement bovine en Colombie

Illégalités multiples au sein de la chaîne
d’approvisionnement du groupe Casino

Le rapport publié par EIA (Environmental Investigation Agency) en date du 27 mai 2021 révèle des cas de déforestation sur plus de 400 hectares dans les Parcs Nationaux Chiribiquete et de la Macarena. Ces cas sont directement liés à la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito.

Pour protéger les différentes sources contactées pendant l’investigation, EIA a remplacé les noms propres par fournisseur direct A, fournisseur indirect 1 et 2, entreprise A et abattoir A et foire d’élevage 1. Cette méthode a été conservée dans le présent article

Le rapport publié par EIA (Environmental Investigation Agency) en date du 27 mai 2021 révèle des cas de déforestation sur plus de 400 hectares dans les Parcs Nationaux Chiribiquete et de la Macarena. Ces cas sont directement liés à la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito.

Pour protéger les différentes sources contactées pendant l’investigation, EIA a remplacé les noms propres par fournisseur direct A, fournisseur indirect 1 et 2, entreprise A et abattoir A et foire d’élevage 1. Cette méthode a été conservée dans le présent article

Cas 1 : 400 ha déboisés dans le PNN Chiribiquete – ferme du fournisseur indirect 2

Depuis au moins 12 ans, le fournisseur direct A fournit au groupe Éxito environ 1 000 vaches par mois. Pour obtenir ces animaux, le fournisseur direct A passe par des fermes qui lui appartiennent mais aussi par des intermédiaires (fournisseurs indirects) dont le fournisseur indirect 1. Ce dernier lui fournit depuis au moins 10 ans entre 100 et 300 animaux par mois. Ces animaux sont élevés sur une première ferme légale mais, pour la phase d’engraissement, il sous-traite au fournisseur indirect 2 avec qui il travaille depuis au moins 5 ans.

Le fournisseur indirect 2 a une ferme située en pleine zone Nord du Parc National Chiribiquete. Il a indiqué aux enquêteurs d’EIA avoir déboisé en 2019, 400 ha de forêts protégées pour faire paître ses animaux. Il n’a pas non plus caché son intention de faire la même chose sur 400 autres ha dans les mois qui viennent. En septembre 2020, il disposait d’environ 600 têtes de bétail : une ferme de grande ampleur.
Ces vaches provenant de fermes illégales entrent dans la chaîne d’approvisionnement du groupe Éxito par le biais du “blanchiment de vaches” : le bétail est enregistré comme provenant de la ferme du fournisseur indirect 1 puis est livré au fournisseur direct A, prestataire du groupe Éxito.

Pour constater l’évolution de la déforestation entre 2017 et mars 2021 dans la zone PNN Chiribiquete où le fournisseur 2 est présent, faîtes glisser le curseur sur l’image ci-dessous : 

20172021

Photos prises sur la parcelle du Fournisseur indirect 2 dans le Parc National de Chiribiquete :

Cas 2 : Une ferme illégale dans le PNN Macarena – ferme de l’entreprise A

L’enquête d’EIA a aussi permis d’identifier une relation de commerce de bétail existant depuis 4 ans entre le fournisseur direct A et l’entreprise A. Les travailleurs de l’entreprise A ont confié aux enquêteurs que la plus grande de leurs fermes s’étend sur 2 000 hectares dont 1 800 hectares de pâturage. Une partie de ce pâturage se situe illégalement à l’intérieur du PNN de la Macarena.

La relation commerciale entre Éxito et le fournisseur direct A confirmée 

Lors de l’enquête, EIA a interrogé l’abattoir A qui découpe et transforme la viande pour le groupe Éxito. Les employés ont confirmé que le fournisseur direct A cité précédemment commercialise environ 1 000 têtes de bétail par mois au groupe Éxito. Ils confirment également avoir déjà entendu parler du fournisseur indirect 1. Le fournisseur direct A a donné aux enquêteurs les numéros de lots de viande vendus au groupe Éxito pour le supermarché Viva de Villavicencio. Les enquêteurs ont ainsi pu se procurer des produits carnés provenant de ces lots à la boucherie du supermarché où le responsable leur a indiqué qu’ils avaient été transformés dans l’usine d’Éxito à Bogota. 

La relation commerciale entre Éxito et le fournisseur direct A confirmée 

Lors de l’enquête, EIA a interrogé l’abattoir A qui découpe et transforme la viande pour le groupe Éxito. Les employés ont confirmé que le fournisseur direct A cité précédemment commercialise environ 1 000 têtes de bétail par mois au groupe Éxito. Ils confirment également avoir déjà entendu parler du fournisseur indirect 1. Le fournisseur direct A a donné aux enquêteurs les numéros de lots de viande vendus au groupe Éxito pour le supermarché Viva de Villavicencio. Les enquêteurs ont ainsi pu se procurer des produits carnés provenant de ces lots à la boucherie du supermarché où le responsable leur a indiqué qu’ils avaient été transformés dans l’usine d’Éxito à Bogota. 

Cas 3 : Actes illégaux dans les foires et enchères bovines

Les foires et enchères bovines sont des lieux de vente de bétail stratégiques qui facilitent les transactions entre les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement du bœuf. Le coordinateur de la foire d’élevage 1 a indiqué aux enquêteurs vendre directement du bétail au groupe Éxito. 

L’analyse des données statistiques des mouvements de bétail réalisée par EIA a démontré qu’entre 2016 et 2019, plus de 1 500 têtes de bétail arrivées dans cette foire bovine provenaient de 3 lieux-dits à l’intérieur du PNN Macarena et de la zone de Réserve forestière autour du PNN Chiribiquete. 

Le coordinateur a notamment confié aux enquêteurs la possibilité de vendre des vaches élevées sur des terres illégalement déboisées en falsifiant ou en cachant leur provenance.

Tous ces cas nous ramènent  vers les groupes armés 

Le fournisseur indirect 2 a confié aux enquêteurs que sa ferme est située dans le PNN Chiribiquete et a indiqué que le contrôle de la zone est géré par des groupes armés à qui il paye un impôt révolutionnaire de 10 000 COP par animal (2,5€), soit environ 1 500€ par an pour 600 animaux. Dans le cas du PNN de la Macarena, il a aussi été confirmé qu’un impôt révolutionnaire était payé aux groupes armés.

En échange de cet impôt, les fournisseurs sont protégés par les groupes armés et ne doivent rendre de compte à personne. 

Le responsable de la foire d’élevage 1 reconnaît avoir les contacts nécessaires pour commercialiser du bétail provenant de zones sous contrôle des groupes armés.

Tous ces cas nous ramènent  vers les groupes armés 

Le fournisseur indirect 2 a confié aux enquêteurs que sa ferme est située dans le PNN Chiribiquete et a indiqué que le contrôle de la zone est géré par des groupes armés à qui il paye un impôt révolutionnaire de 10 000 COP par animal (2,5€), soit environ 1 500€ par an pour 600 animaux. Dans le cas du PNN de la Macarena, il a aussi été confirmé qu’un impôt révolutionnaire était payé aux groupes armés.

En échange de cet impôt, les fournisseurs sont protégés par les groupes armés et ne doivent rendre de compte à personne. 

Le responsable de la foire d’élevage 1 reconnaît avoir les contacts nécessaires pour commercialiser du bétail provenant de zones sous contrôle des groupes armés.

Éxito est-il en lutte contre ces illégalités ?

Des annonces stratégiques non appliquées 

L’investigation démontre sans équivoque que plusieurs annonces de la politique d’Éxito ne sont pas respectées dont :

  • Zéro déforestation – L’entreprise indique : « Le Grupo Éxito commercialisera du bœuf provenant de fournisseurs fidèles qui ont des engagements zéro déforestation et/ou des accords de conservation, qui garantissent zéro déforestation, qualité de la viande et bien-être animal ». Le minimum attendu est que «  les activités soient réalisées en gérant les ressources, respectant la frontière agricole nationale, assurant une pression minimale sur les écosystèmes et protégeant la biodiversité ». L’enquête d’EIA prouve que ni zéro déforestation, ni respect de la frontière agricole ne sont honorés.

  • Traçabilité : « Maximum voulu : Avoir la possibilité de spécifier les conditions dans lesquelles le processus de production s’est déroulé de l’élevage à l’emballage ».  Cette traçabilité n’est pas vue par le groupe comme un minimum indispensable mais un maximum voulu, ce qui est bien peu engageant en termes de responsabilité. 

  • Transparence : « Donner transparence et traçabilité au consommateur ». Envol Vert a effectué, en 2019 et en parallèle du travail d’EIA, deux demandes au groupe afin de connaître l’origine de la viande achetée : 

    •  Le service client a répondu qu’il s’agissait d’informations confidentielles. 
    • Le supermarché a quant à lui indiqué l’origine du lot dans 2 fermes de fournisseurs directs, mais a précisé qu’il ne disposait pas des informations liées aux fournisseurs indirects et a transféré la responsabilité du suivi sur l’ICA. 

Des vides dans la politique du groupe Casino

  • Le groupe Casino n’a pas de plan de vigilance en Colombie. Il considère que l’élevage n’est pas un secteur à risque pour la déforestation. Lors d’un entretien entre Envol Vert et le responsable RSE du groupe Éxito en novembre 2019, ce dernier a indiqué : 

    « En Colombie, je peux certifier 100% de ma chaîne d’approvisionnement, la déforestation ne va pas bouger d’un pouce ; le grand, grand déforesteur du pays s’appelle les cultures illicites. En d’autres termes, tous ceux qui consomment de la cocaïne dans ce monde sont ceux qui déboisent.”

    Ces propos sont significatifs de l’ignorance ou du désintérêt du groupe sur la problématique de déforestation et notamment celle liée à l’élevage bovin, principale cause de déforestation.

  • La politique ne précise jamais les moyens mis en place pour atteindre les objectifs prévus (outils ou activités) et ne mentionne pas non plus de jalons ni même de date limite pour les atteindre. 

  • Aucune analyse de risques n’est faite par le groupe Éxito sur les éléments suivants : 

    • Financement à des groupes armés 
    • Blanchiment de vaches
    • Accaparement des terres
    • Risques de corruption
  • Alors même que le Groupe Éxito a signé en août 2020 les accords volontaires zéro déforestation de viande bovine que promeut le gouvernement colombien, il a par contre étrangement supprimé de sa propre politique les engagements zéro déforestation entre la politique présentée en décembre 2020 à Envol Vert et celle présente ce jour sur son site internet. Envol Vert s’interroge sur cette modification alors que les derniers rapports publiés sur le groupe auraient pu laisser espérer un renforcement de leur politique. 

Encore le double jeu de Casino avec beaucoup de greenwashing pour peu d’actions concrètes

  • Monitoring : « les fermes des fournisseurs fidélisés de viande bovine seront surveillées selon les critères de zéro déforestation par un tiers indépendant de l’entreprise »En décembre 2020, le groupe a présenté son « suivi annuel pour la conservation des écosystèmes et la protection de la frontière agricole ». Ils indiquent que l’entreprise compte :

    • 39 éleveurs dont elle a évalué l’ensemble de leurs terres
    • plus de 37 000 hectares qui ont été suivis grâce à l’outil GLOBAL FOREST WATCH PRO
    • plus de 65% des fournisseurs qui ont environ 0% de déforestation brute reconnue  


    Dans la presse
    et sur les réseaux sociaux ils ont exprimé « être leader en Colombie de la transformation des pratiques productives d’élevage bovin qui cherche à protéger la biodiversité ». Pourtant : 

    • Les résultats de ce suivi ne sont pas librement disponibles ni communiqués en détail (le groupe ne donne par exemple aucune information sur ce qu’il en est des 35% des fournisseurs restants). Il n’y a en outre aucune explication méthodologique aux « environ 0% de déforestation brute reconnue ».
    • Les communications sur ce suivi sont incomplètes et ne permettent pas de comprendre le périmètre du suivi (foires, enchères, intermédiaires…), ni les volumes d’achat en question. 
    • Ce suivi n’inclut pas l’analyse des fournisseurs indirects et n’est donc pas en mesure de garantir zéro déforestation.
  • Label

    Le groupe Éxito a mis en place le label Ganso, en tenant compte des maxima souhaités par la politique du groupe. Lors du lancement du label, un des responsables a déclaré :

    « Bien que toute la viande que nous vendrons proviendra de fermes conformes au modèle de l’élevage durable, nous aurons un label spécial sur la viande où nous validerons des critères supplémentaires tels que la traçabilité [ …] et il sera visible pour que les clients sachent qu’ils consomment un aliment qui répond à des normes de durabilité élevées « 

    Ce label spécial élevage durable GANSO s’apparente en fait plus à une démarche de progrès qu’à un label (il comporte 3 niveaux dont le premier est à moins de 50% d’atteinte des critères). La traçabilité garantie par le label ne s’applique pas aux fournisseurs indirects. Il est donc impossible de garantir zéro-déforestation dans la chaîne d’approvisionnement.

Des annonces stratégiques non appliquées 

L’investigation démontre sans équivoque que plusieurs annonces de la politique d’Éxito ne sont pas respectées dont :

  • Zéro déforestation – L’entreprise indique : « Le Grupo Éxito commercialisera du bœuf provenant de fournisseurs fidèles qui ont des engagements zéro déforestation et/ou des accords de conservation, qui garantissent zéro déforestation, qualité de la viande et bien-être animal ». Le minimum attendu est que «  les activités soient réalisées en gérant les ressources, respectant la frontière agricole nationale, assurant une pression minimale sur les écosystèmes et protégeant la biodiversité ». L’enquête d’EIA prouve que ni zéro déforestation, ni respect de la frontière agricole ne sont honorés.

  • Traçabilité : « Maximum voulu : Avoir la possibilité de spécifier les conditions dans lesquelles le processus de production s’est déroulé de l’élevage à l’emballage ».  Cette traçabilité n’est pas vue par le groupe comme un minimum indispensable mais un maximum voulu, ce qui est bien peu engageant en termes de responsabilité. 

  • Transparence : « Donner transparence et traçabilité au consommateur ». Envol Vert a effectué, en 2019 et en parallèle du travail d’EIA, deux demandes au groupe afin de connaître l’origine de la viande achetée : 

    •  Le service client a répondu qu’il s’agissait d’informations confidentielles. 
    • Le supermarché a quant à lui indiqué l’origine du lot dans 2 fermes de fournisseurs directs, mais a précisé qu’il ne disposait pas des informations liées aux fournisseurs indirects et a transféré la responsabilité du suivi sur l’ICA. 

Des vides dans la politique du groupe Casino

  • Le groupe Casino n’a pas de plan de vigilance en Colombie. Il considère que l’élevage n’est pas un secteur à risque pour la déforestation. Lors d’un entretien entre Envol Vert et le responsable RSE du groupe Éxito en novembre 2019, ce dernier a indiqué : 

    « En Colombie, je peux certifier 100% de ma chaîne d’approvisionnement, la déforestation ne va pas bouger d’un pouce ; le grand, grand déforesteur du pays s’appelle les cultures illicites. En d’autres termes, tous ceux qui consomment de la cocaïne dans ce monde sont ceux qui déboisent.”

    Ces propos sont significatifs de l’ignorance ou du désintérêt du groupe sur la problématique de déforestation et notamment celle liée à l’élevage bovin, principale cause de déforestation.

  • La politique ne précise jamais les moyens mis en place pour atteindre les objectifs prévus (outils ou activités) et ne mentionne pas non plus de jalons ni même de date limite pour les atteindre. 

  • Aucune analyse de risques n’est faite par le groupe Éxito sur les éléments suivants : 

    • Financement à des groupes armés 
    • Blanchiment de vaches
    • Accaparement des terres
    • Risques de corruption
  • Alors même que le Groupe Éxito a signé en août 2020 les accords volontaires zéro déforestation de viande bovine que promeut le gouvernement colombien, il a par contre étrangement supprimé de sa propre politique les engagements zéro déforestation entre la politique présentée en décembre 2020 à Envol Vert et celle présente ce jour sur son site internet. Envol Vert s’interroge sur cette modification alors que les derniers rapports publiés sur le groupe auraient pu laisser espérer un renforcement de leur politique. 

Encore le double jeu de Casino avec beaucoup de greenwashing pour peu d’actions concrètes

  • Monitoring : « les fermes des fournisseurs fidélisés de viande bovine seront surveillées selon les critères de zéro déforestation par un tiers indépendant de l’entreprise »En décembre 2020, le groupe a présenté son « suivi annuel pour la conservation des écosystèmes et la protection de la frontière agricole ». Ils indiquent que l’entreprise compte :

    • 39 éleveurs dont elle a évalué l’ensemble de leurs terres
    • plus de 37 000 hectares qui ont été suivis grâce à l’outil GLOBAL FOREST WATCH PRO
    • plus de 65% des fournisseurs qui ont environ 0% de déforestation brute reconnue  


    Dans la presse
    et sur les réseaux sociaux ils ont exprimé « être leader en Colombie de la transformation des pratiques productives d’élevage bovin qui cherche à protéger la biodiversité ». Pourtant : 

    • Les résultats de ce suivi ne sont pas librement disponibles ni communiqués en détail (le groupe ne donne par exemple aucune information sur ce qu’il en est des 35% des fournisseurs restants). Il n’y a en outre aucune explication méthodologique aux « environ 0% de déforestation brute reconnue ».
    • Les communications sur ce suivi sont incomplètes et ne permettent pas de comprendre le périmètre du suivi (foires, enchères, intermédiaires…), ni les volumes d’achat en question. 
    • Ce suivi n’inclut pas l’analyse des fournisseurs indirects et n’est donc pas en mesure de garantir zéro déforestation.
  • Label

    Le groupe Éxito a mis en place le label Ganso, en tenant compte des maxima souhaités par la politique du groupe. Lors du lancement du label, un des responsables a déclaré :

    « Bien que toute la viande que nous vendrons proviendra de fermes conformes au modèle de l’élevage durable, nous aurons un label spécial sur la viande où nous validerons des critères supplémentaires tels que la traçabilité [ …] et il sera visible pour que les clients sachent qu’ils consomment un aliment qui répond à des normes de durabilité élevées « 

    Ce label spécial élevage durable GANSO s’apparente en fait plus à une démarche de progrès qu’à un label (il comporte 3 niveaux dont le premier est à moins de 50% d’atteinte des critères). La traçabilité garantie par le label ne s’applique pas aux fournisseurs indirects. Il est donc impossible de garantir zéro-déforestation dans la chaîne d’approvisionnement.

Estimation de la surface totale déforestée en 2020 en lien avec les activités du groupe Éxito en Colombie

Pour rappel, le groupe Exito achète entre 6,5% et 10% du total de la viande vendue en Colombie.La part de viande produite en Colombie destinée à la consommation locale est de 97%. Il est donc possible de connaître le volume total de viande colombienne achetée par le groupe Éxito.

La déforestation en Colombie a atteint en 2020 un total de 166 000 ha de forêts tropicales selon le Global Forest Watch. De plus, l’élevage bovin, premier vecteur de déforestation, est responsable de 70% de cette déforestation.

Nous pouvons donc estimer que le groupe Éxito est responsable d’environ 7 200 ha de déforestation en 2020 pour ses achats de produits bovins, soit plus de 10 000 terrains de football internationaux.

0ha
de forêts détruits par Casino en 2020 (estimation)

Ce seul chiffre devrait pousser le groupe à mettre au plus vite une politique robuste en place.

Ce calcul est une estimation basée sur les statistiques générales et sur des hypothèses d’allocation de la déforestation. Le calcul ne prend pas en compte des données plus précises sur l‘origine des vaches achetées par le groupe Éxito.

Les demandes d’Envol Vert au Groupe Casino
pour sa filiale colombienne

Fixer pour le secteur du bœuf une date de référence au 1 janvier 2011 (date choisie dans des accords colombiens de zéro-déforestation) à partir de laquelle la déforestation d’écosystèmes forestiers naturels et la conversion des autres écosystèmes naturels n’est plus acceptée et ce sur toute la chaîne d’approvisionnement depuis la naissance des bovins.

D’ici fin 2022, l’objectif de “zéro déforestation” doit être atteint et s’appliquer en priorité à la déforestation et aux conversions illégales, puis à toutes les conversions de zones à haute valeur de conservation (HCV) et haute quantité de carbone (HCS). 

Les achats du groupe devront se tourner massivement et à hauteur de 50% en 2025 vers des élevages aux pratiques soutenables (sylvopastoralisme, élevage régénératif, etc) avec une forte productivité à l’hectare (non inférieur à 3 UGB / hectare selon écosystème).

Inclure l’intégralité des échelons de l’élevage depuis la naissance de l’animal, la transformation et les modes de commercialisation intermédiaires, les pratiques de blanchiment de vaches, de corruption, d’accaparement de terres, de paiement aux groupes armés, etc. Cette analyse devra être faite avec des tierces parties indépendantes afin d’en garantir l’objectivité. 

  • Mettre en place un moratoire avec les fournisseurs situés à moins de 100 km des fronts de déforestation et parcs nationaux jusqu’à ce qu’un contrôle strict des fournisseurs directs et indirects soit réalisé. 

  • S’assurer de l’absence de toute pratique de «blanchiment de bétail» dans la chaîne d’approvisionnement, notamment par un contrôle strict de la productivité animale dans les différents maillons.

  • Effectuer un contrôle supplémentaire des fournisseurs dans les zones à risque, pouvant être :

    • soit des zones en relation avec les mouvements bovins à la frontière agricole, afin de garantir l’absence de relation avec les exploitations qui génèrent de la déforestation
    • soit des zones vacantes de l’État ou autre statut juridique public dont les Parcs Nationaux.
  • S’assurer de l’absence de pratiques de corruption, falsification ou paiement à des groupes armés par des contrôles de suivis des fournisseurs. 

  • Définir en cas de déforestation identifiée les mesures correctives, sanctions et ruptures des relations commerciales jusqu’à ce qu’un auditeur soit venu s’assurer que les actions correctives sont mises en place par le fournisseur. Cette mesure doit être appliquée immédiatement aux fournisseurs concernés par l’enquête de EIA. 

Le système d’évaluation doit prendre en compte :

  • La totalité des achats bovins du groupe (frais, congelés, transformés…) ;

  • L’intégralité des fournisseurs directs et indirects à tous les niveaux de la chaîne depuis la naissance de l’animal ; 

  • Les différents modèles commerciaux (fournisseurs d’animaux sur pied, foires, transformateurs, abattoirs…);

  • La date de référence de déforestation (janvier 2011) fixée par les accords volontaires nationaux.

Le système de suivi périodique des objectifs et mesures mis en œuvre doit :

  • Être basé sur des indicateurs de moyens et de résultats validés par une tierce partie indépendante ;

  • Préciser la méthodologie et les sources utilisées ; 

  • Présenter les résultats de manière publique et en cas d’impact, identifier les produits et les magasins associés et les mesures prises ; 

  • Démontrer le caractère adapté des mesures de surveillance et l’évaluation régulière de leur efficacité.

Ce système doit être suivi d’audits indépendants non liés au commerce de la viande.

Les résultats doivent être publics et facilement accessibles à tous.

  • Fidéliser les intermédiaires avec la mise en place de bonus qui incitent les agriculteurs à réaliser des mesures de contrôle pour leurs fournisseurs. Système qui diffère des incitations de qualité;

  • Limiter le nombre d’intermédiaires et l’achat d’animaux dans les enchères de bétail qui sont source de perte de traçabilité, et créer des relations plus directes avec des contrats sur le long terme et plus étroites avec les éleveurs;

  • Mettre fin à la coutume du paiement à 60 ou 90 jours qui génère l’obligation de travailler avec de gros intermédiaires (fournisseurs directs) qui utilisent le “secret commercial  » comme excuse pour ne pas fournir toutes les informations nécessaires à la traçabilité ;

  • Encourager les achats directs auprès des producteurs primaires à travers le concept d’associations ou de coopératives. Ces structures permettent de connecter de manière formelle et transparente tous les maillons de la chaîne;

  • Accompagner massivement les producteurs, techniquement et économiquement,  dans l’amélioration de la productivité dès les premiers échelons de production qui sont les plus à risque de déforestation. Aller à terme vers un approvisionnement exclusif issu de producteurs engagés dans des systèmes sylvopastoraux, ou autres systèmes tels que PUAD, Régénératif, Durable … avec une forte  productivité à l’hectare ;

  • Accorder une plus grande importance aux usines de transformation de la viande, en les considérant comme des alliées stratégiques dans la lutte contre la déforestation et non pas uniquement des prestataires de services.

  • Un soutien technique et financier

  • Un outil concernant tous les maillons de la chaîne

  • Un outil vérifié par des tiers, basé sur les données officielles, avec une méthodologie et des résultats publics, qui permettent de suivre l’origine de la viande. Celui-ci sera basé sur une amélioration des outils de surveillance et de suivi existants.

  • Un outil basé sur des obligations de résultats et non de moyens et intégrant des mesures adaptées pour lutter contre le « blanchiment du bétail » et « l’accaparement des terres ».

Fixer pour le secteur du bœuf une date de référence au 1 janvier 2011 (date choisie dans des accords colombiens de zéro-déforestation) à partir de laquelle la déforestation d’écosystèmes forestiers naturels et la conversion des autres écosystèmes naturels n’est plus acceptée et ce sur toute la chaîne d’approvisionnement depuis la naissance des bovins.

D’ici fin 2022, l’objectif de “zéro déforestation” doit être atteint et s’appliquer en priorité à la déforestation et aux conversions illégales, puis à toutes les conversions de zones à haute valeur de conservation (HCV) et haute quantité de carbone (HCS). 

Les achats du groupe devront se tourner massivement et à hauteur de 50% en 2025 vers des élevages aux pratiques soutenables (sylvopastoralisme, élevage régénératif, etc) avec une forte productivité à l’hectare (non inférieur à 3 UGB / hectare selon écosystème).

Inclure l’intégralité des échelons de l’élevage depuis la naissance de l’animal, la transformation et les modes de commercialisation intermédiaires, les pratiques de blanchiment de vaches, de corruption, d’accaparement de terres, de paiement aux groupes armés, etc. Cette analyse devra être faite avec des tierces parties indépendantes afin d’en garantir l’objectivité. 

  • Mettre en place un moratoire avec les fournisseurs situés à moins de 100 km des fronts de déforestation et parcs nationaux jusqu’à ce qu’un contrôle strict des fournisseurs directs et indirects soit réalisé. 

  • S’assurer de l’absence de toute pratique de «blanchiment de bétail» dans la chaîne d’approvisionnement, notamment par un contrôle strict de la productivité animale dans les différents maillons.

  • Effectuer un contrôle supplémentaire des fournisseurs dans les zones à risque, pouvant être :

    • soit des zones en relation avec les mouvements bovins à la frontière agricole, afin de garantir l’absence de relation avec les exploitations qui génèrent de la déforestation
    • soit des zones vacantes de l’État ou autre statut juridique public dont les Parcs Nationaux.
  • S’assurer de l’absence de pratiques de corruption, falsification ou paiement à des groupes armés par des contrôles de suivis des fournisseurs. 

  • Définir en cas de déforestation identifiée les mesures correctives, sanctions et ruptures des relations commerciales jusqu’à ce qu’un auditeur soit venu s’assurer que les actions correctives sont mises en place par le fournisseur. Cette mesure doit être appliquée immédiatement aux fournisseurs concernés par l’enquête de EIA. 

Le système d’évaluation doit prendre en compte :

  • La totalité des achats bovins du groupe (frais, congelés, transformés…) ;

  • L’intégralité des fournisseurs directs et indirects à tous les niveaux de la chaîne depuis la naissance de l’animal ; 

  • Les différents modèles commerciaux (fournisseurs d’animaux sur pied, foires, transformateurs, abattoirs…);

  • La date de référence de déforestation (janvier 2011) fixée par les accords volontaires nationaux.

Le système de suivi périodique des objectifs et mesures mis en œuvre doit :

  • Être basé sur des indicateurs de moyens et de résultats validés par une tierce partie indépendante ;

  • Préciser la méthodologie et les sources utilisées ; 

  • Présenter les résultats de manière publique et en cas d’impact, identifier les produits et les magasins associés et les mesures prises ; 

  • Démontrer le caractère adapté des mesures de surveillance et l’évaluation régulière de leur efficacité.

Ce système doit être suivi d’audits indépendants non liés au commerce de la viande.

Les résultats doivent être publics et facilement accessibles à tous.

  • Fidéliser les intermédiaires avec la mise en place de bonus qui incitent les agriculteurs à réaliser des mesures de contrôle pour leurs fournisseurs. Système qui diffère des incitations de qualité;

  • Limiter le nombre d’intermédiaires et l’achat d’animaux dans les enchères de bétail qui sont source de perte de traçabilité, et créer des relations plus directes avec des contrats sur le long terme et plus étroites avec les éleveurs;

  • Mettre fin à la coutume du paiement à 60 ou 90 jours qui génère l’obligation de travailler avec de gros intermédiaires (fournisseurs directs) qui utilisent le “secret commercial  » comme excuse pour ne pas fournir toutes les informations nécessaires à la traçabilité ;

  • Encourager les achats directs auprès des producteurs primaires à travers le concept d’associations ou de coopératives. Ces structures permettent de connecter de manière formelle et transparente tous les maillons de la chaîne;

  • Accompagner massivement les producteurs, techniquement et économiquement,  dans l’amélioration de la productivité dès les premiers échelons de production qui sont les plus à risque de déforestation. Aller à terme vers un approvisionnement exclusif issu de producteurs engagés dans des systèmes sylvopastoraux, ou autres systèmes tels que PUAD, Régénératif, Durable … avec une forte  productivité à l’hectare ;

  • Accorder une plus grande importance aux usines de transformation de la viande, en les considérant comme des alliées stratégiques dans la lutte contre la déforestation et non pas uniquement des prestataires de services.

  • Un soutien technique et financier

  • Un outil concernant tous les maillons de la chaîne

  • Un outil vérifié par des tiers, basé sur les données officielles, avec une méthodologie et des résultats publics, qui permettent de suivre l’origine de la viande. Celui-ci sera basé sur une amélioration des outils de surveillance et de suivi existants.

  • Un outil basé sur des obligations de résultats et non de moyens et intégrant des mesures adaptées pour lutter contre le « blanchiment du bétail » et « l’accaparement des terres ».

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