Le 26 janvier 2024, Envol Vert participait à une table ronde organisée à l’Académie du Climat, à Paris, par le collectif COP (le RESES, Climates et les Jeunes Ambassadeurs Climat) sur le sujet des luttes climatiques et des luttes pour les droits des peuples autochtones.
À nos côtés, se tenaient 3 intervenant·e·s au discours fort :
Envol Vert était représentée par Silvia Riggio notre Responsable partenariats. Nous étions invitées en tant qu’association de lutte contre la déforestation, de préservation de la biodiversité et de facilitation d’un développement rural durable et d’alternatives économiques. Nous souhaitions porter la voix des communautés locales péruviennes et colombiennes qui font partie de l’association et avec lesquelles nous travaillons étroitement.
Qui sont les peuples autochtones ?
Alors qu’ils représentent plus de 6% de la population mondiale et sont répartis dans près de 90 pays, il est peu aisé de définir les peuples autochtones. L’ONU les identifie comme suit :
“Les peuples autochtones ont en commun une continuité historique avec un territoire donné avant la colonisation et entretiennent un lien fort avec leurs terres. Ils maintiennent, du moins en partie, des systèmes sociaux, économiques et politiques distincts. Ils ont des langues, des cultures, des croyances et des systèmes de connaissances distincts. Ils sont déterminés à maintenir et à développer leur identité et leurs institutions distinctes et ils constituent un secteur non dominant de la société.”
Pour Juan Pablo Gutierrez, cette définition est l’occasion de rappeler un point essentiel : les autochtones étaient présents sur leur territoire avant la colonisation et doivent nous confronter à notre eurocentrisme. Ainsi, le symbole de l’année 1492 doit être révisé : il ne s’agit pas uniquement de la “découverte de l’Amérique” comme nous avons la mauvaise habitude de la surnommer, mais bien aussi de la “découverte des Européens” par les peuples autochtones du continent américain.
Pour lui, ce qui fait vraiment la définition des peuples autochtones, c’est la diversité. En tant que membre du peuple Yukpa, l’un des 115 peuples autochtones identifiés en Colombie, il se sent légitime pour porter la parole des Yukpa, mais absolument pas de tous les peuples autochtones à travers le monde. En effet, les peuples autochtones ne sont pas un “bloc monolithique”, comme il l’exprime, mais bien autant de peuples (et non pas “communautés”) qui ont chacun leur culture, leur système d’organisation, leur principe de justice, leur langue, leurs cosmogonies et croyances… Et ceci 115 fois rien qu’en Colombie.
Comme le rappelle Mutesi Van Hoecke, il n’y a pas que des peuples autochtones en Amazonie, mais partout sur la planète : de l’Arctique au Pacifique, en passant par l’Asie, l’Afrique et les Amériques. L’ONU dénombre ainsi plus de 5 000 peuples distincts.
Mutesi Van Hoecke nous éclaire notamment sur des débats sociologiques et épistémologiques concernant les peuples autochtones issus du continent africain. En effet, s’il semble plutôt clair que les groupes encore installés aujourd’hui sur les territoires africains et vivant selon les rites et cultures propres à leur peuple sont bien des “autochtones”. La question est plus complexe pour les groupes “déracinés”. En effet, avec l’esclavage et la traite des noirs, de nombreux peuples autochtones ont été déportés en dehors de leurs terres, y compris sur d’autres continents. Leurs descendants sont-ils toujours “autochtones”? La question reste ouverte et est à mettre en regard d’un des facteurs clés de la définition des peuples autochtones : l’auto-détermination. C’est d’ailleurs au nom de ce principe que la définition de peuple autochtone a volontairement été oubliée du droit international et de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.
Quel rapport avec les luttes environnementales ?
L’UNESCO rapporte que les peuples autochtones protègent près de 80% de la biodiversité mondiale. En effet, leurs modes de vie privilégient généralement une gestion durable de leurs ressources et de leur environnement.
Juan Pablo Gutierrez prévient cependant qu’il est souvent facile de réduire les peuples autochtones à leur rôle de gardiens de la nature. Ce n’est pourtant pas leur rôle, c’est simplement la conséquence directe de leur relation saine avec leur environnement et de leurs luttes pour conserver des droits de gestion sur leurs territoires.
Ces droits de gestion, c’est l’objet des procédures de démarcation réclamées par les peuples autochtones brésiliens soutenus par l’association Jiboiana. Le principe de démarcation (demarcação) est prévu dans la Constitution brésilienne depuis 1988 et consiste à délimiter une partie du territoire au sein duquel les peuples autochtones ont des droits de gestion.
Les territoires démarqués, gérés de manière autonome par les peuples autochtones, non seulement constituent une reconnaissance de l’existence et de la culture de ces peuples, mais bénéficient également de l’opportunité d’être protégés par ces derniers. En effet, aucune agriculture extensive, aucune déforestation en coupes rases ou sur brûlis, ne risquent d’affecter ces terres.
Aucune ? Sauf celles qui sont pratiquées illégalement, comme nous le dénonçons chez Envol Vert. En effet, au sein d’une coalition de 11 associations de préservation de l’environnement et d’organisations de représentants de peuples autochtones, nous avons assigné en justice le groupe Casino et son double jeu après une enquête conclue en 2020. Cette enquête révélait que ses filiales Grupo Pão de Açúcar (GPA) au Brésil et Exito en Colombie vendaient sur leurs étals de la viande de bœuf issue de déforestation illégale qui empiète parfois sur des territoires autochtones. Ce faisant, le groupe Casino ne respecterait pas son devoir de vigilance qui l’oblige à prévenir les risques en matière d’environnement et de droits humains sur leurs activités et celles de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs. Un double jeu puisqu’en France, l’une des filiales phares du groupe Casino est Naturalia, chaîne de supermarchés certifiée B Corp et dont les mots d’ordre sont “Responsabilité et Transparence”.
Les enjeux de ce procès sont énormes et mobilisent un grand nombre d’acteurs de la société civile. Juan Pablo Gutierrez nous rappelle d’ailleurs avec force que pour les peuples autochtones, “l’activisme n’est pas un hobby de weekend, mais une question de survie”.
Colonialisme et destruction du vivant
Pour les intervenant·e·s, le lien entre les dérives du colonialisme et la destruction du vivant sont incontournables.
En effet, le colonialisme a été le point de départ de l’installation d’une relation de dominance et de dépendance encore entretenue aujourd’hui à travers les liens capitalistes d’exploitation des matières premières, ressources minières, etc.
Juan Pablo Gutierrez rappelle que les peuples autochtones ont souvent été “sauvés” à leurs dépens : d’abord au nom du christianisme, puis de la civilisation, puis du progrès… et aujourd’hui au nom du développement économique. Pour lui, le capitalisme actuel n’est qu’une déclinaison du colonialisme qui n’a, finalement, jamais vraiment cessé.
Pour l’association Jiboiana, il est primordial, en tant qu’association occidentale, de ne jamais décider unilatéralement d’action de soutien auprès des peuples autochtones : c’est la meilleure façon de tomber dans le syndrome du White savior, dérivé du paternalisme et héritier du colonialisme. Aujourd’hui, de nombreuses études sociologiques démontrent les risques associés à ces modes opératoires : renforcement d’une dépendance et perte d’autonomie, déstructuration des communautés, génération de tensions… Ainsi, toute action de soutien doit être construite à l’initiative des peuples soutenus, selon leurs besoins et en respectant leur culture. Cette méthodologie de co-construction nous guide aussi chez Envol Vert. Chacun des projets est construit et évolue avec les groupes d’agriculteur·rice·s, les associations locales ou encore les coopératives.
En complément, Mutesi Van Hoecke a souhaité mettre l’accent sur une forme d’hypocrisie qu’elle a pu croiser au sein des cercles de militants environnementaux qui, s’ils étaient particulièrement dévoués pour la préservation de la planète, présentaient beaucoup moins d’empathie pour les problématiques sociales associées… voire avaient des comportements et propos racistes.
Il est pourtant indispensable de faire preuve de cohérence. Nous avons tous encore en tête le slogan “fin du monde, fin du mois, même combat”. En effet, lutter pour l’environnement en étant imperméable aux problématiques sociales, à la fois des territoires adressés et des personnes impliquées dans les luttes, cela ne permet ni de prendre l’envergure des enjeux, ni de mobiliser largement et durablement à la cause.
Les peuples autochtones, une solution pour construire la société de demain
Le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité ont déjà commencé. 2023 était l’année la plus chaude jamais mesurée.
“La moyenne des douze mois est largement supérieure à celles des précédentes années record, 2016 et 2020, qui étaient déjà supérieures de 1,29 °C et 1,27 °C à l’ère préindustrielle, selon l’OMM.”, rapporte Le Monde.
De nombreuses catastrophes climatiques et l’augmentation de leur fréquence rendent de plus en plus visibles et concrètes les conséquences de ce dérèglement.
En outre, il sera de plus en plus difficile d’accéder aux ressources minières et aux énergies fossiles.
Le GIEC consolide les études scientifiques afin de présenter plusieurs scénarios en fonction de la capacité de nos sociétés à réduire le niveau de nos émissions carbone.
Afin de limiter les impacts du dérèglement climatique et les maintenir à un niveau où nos modes de vie occidentaux actuels ne sont pas menacés, la COP21 de 2015 a fixé comme objectif une limitation du réchauffement mondial entre 1,5 °C et 2 °C d’ici à 2100, en alignement avec le scénario SSP1-2.6.
En 2023, nous avons déjà presque atteint les 1,45°C. Nous sommes en avance de 77 ans. Le scénario privilégié a donc malheureusement de grandes chances de ne pas pouvoir être respecté.
Illustration extraite du 6ème rapport du GIEC
Le GIEC n’est pas le seul à produire des scénarios. En France l’ADEME aussi a planché sur 4 scénarios prospectifs pour imaginer l’évolution de nos modes de vie (cf. Transition(s) 2050). On compte également des essais de collapsologie qui s’interrogent sur l’après-effondrement (par exemple “Une autre fin du monde est possible : vivre l’effondrement (et pas seulement y survivre)”, de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle). Enfin, des associations proposent aussi au grand public des réflexions pour rendre désirables ces lendemains inévitables, comme la Fresque des Nouveaux Récits.
Aujourd’hui, la question est donc au cœur des débats : à quoi va ressembler la société de demain, dans un contexte de dérèglement climatique et d’effondrement de la biodiversité?
Afin de répondre à cette question, et pour tenter d’apporter des solutions d’adaptation et d’atténuation des risques environnementaux, il se pourrait que nous ayons parmi nous plus de 5 000 sources d’inspiration : les peuples autochtones.
Le 26 janvier 2024, Envol Vert participait à une table ronde organisée à l’Académie du Climat, à Paris, par le collectif COP (le RESES, Climates et les Jeunes Ambassadeurs Climat) sur le sujet des luttes climatiques et des luttes pour les droits des peuples autochtones.
À nos côtés, se tenaient 3 intervenant·e·s au discours fort :
Envol Vert était représentée par Silvia Riggio notre Responsable partenariats. Nous étions invitées en tant qu’association de lutte contre la déforestation, de préservation de la biodiversité et de facilitation d’un développement rural durable et d’alternatives économiques. Nous souhaitions porter la voix des communautés locales péruviennes et colombiennes qui font partie de l’association et avec lesquelles nous travaillons étroitement.
Qui sont les peuples autochtones ?
Alors qu’ils représentent plus de 6% de la population mondiale et sont répartis dans près de 90 pays, il est peu aisé de définir les peuples autochtones. L’ONU les identifie comme suit :
“Les peuples autochtones ont en commun une continuité historique avec un territoire donné avant la colonisation et entretiennent un lien fort avec leurs terres. Ils maintiennent, du moins en partie, des systèmes sociaux, économiques et politiques distincts. Ils ont des langues, des cultures, des croyances et des systèmes de connaissances distincts. Ils sont déterminés à maintenir et à développer leur identité et leurs institutions distinctes et ils constituent un secteur non dominant de la société.”
Pour Juan Pablo Gutierrez, cette définition est l’occasion de rappeler un point essentiel : les autochtones étaient présents sur leur territoire avant la colonisation et doivent nous confronter à notre eurocentrisme. Ainsi, le symbole de l’année 1492 doit être révisé : il ne s’agit pas uniquement de la “découverte de l’Amérique” comme nous avons la mauvaise habitude de la surnommer, mais bien aussi de la “découverte des Européens” par les peuples autochtones du continent américain.
Pour lui, ce qui fait vraiment la définition des peuples autochtones, c’est la diversité. En tant que membre du peuple Yukpa, l’un des 115 peuples autochtones identifiés en Colombie, il se sent légitime pour porter la parole des Yukpa, mais absolument pas de tous les peuples autochtones à travers le monde. En effet, les peuples autochtones ne sont pas un “bloc monolithique”, comme il l’exprime, mais bien autant de peuples (et non pas “communautés”) qui ont chacun leur culture, leur système d’organisation, leur principe de justice, leur langue, leurs cosmogonies et croyances… Et ceci 115 fois rien qu’en Colombie.
Comme le rappelle Mutesi Van Hoecke, il n’y a pas que des peuples autochtones en Amazonie, mais partout sur la planète : de l’Arctique au Pacifique, en passant par l’Asie, l’Afrique et les Amériques. L’ONU dénombre ainsi plus de 5 000 peuples distincts.
Mutesi Van Hoecke nous éclaire notamment sur des débats sociologiques et épistémologiques concernant les peuples autochtones issus du continent africain. En effet, s’il semble plutôt clair que les groupes encore installés aujourd’hui sur les territoires africains et vivant selon les rites et cultures propres à leur peuple sont bien des “autochtones”. La question est plus complexe pour les groupes “déracinés”. En effet, avec l’esclavage et la traite des noirs, de nombreux peuples autochtones ont été déportés en dehors de leurs terres, y compris sur d’autres continents. Leurs descendants sont-ils toujours “autochtones”? La question reste ouverte et est à mettre en regard d’un des facteurs clés de la définition des peuples autochtones : l’auto-détermination. C’est d’ailleurs au nom de ce principe que la définition de peuple autochtone a volontairement été oubliée du droit international et de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.
Quel rapport avec les luttes environnementales ?
L’UNESCO rapporte que les peuples autochtones protègent près de 80% de la biodiversité mondiale. En effet, leurs modes de vie privilégient généralement une gestion durable de leurs ressources et de leur environnement.
Juan Pablo Gutierrez prévient cependant qu’il est souvent facile de réduire les peuples autochtones à leur rôle de gardiens de la nature. Ce n’est pourtant pas leur rôle, c’est simplement la conséquence directe de leur relation saine avec leur environnement et de leurs luttes pour conserver des droits de gestion sur leurs territoires.
Ces droits de gestion, c’est l’objet des procédures de démarcation réclamées par les peuples autochtones brésiliens soutenus par l’association Jiboiana. Le principe de démarcation (demarcação) est prévu dans la Constitution brésilienne depuis 1988 et consiste à délimiter une partie du territoire au sein duquel les peuples autochtones ont des droits de gestion.
Les territoires démarqués, gérés de manière autonome par les peuples autochtones, non seulement constituent une reconnaissance de l’existence et de la culture de ces peuples, mais bénéficient également de l’opportunité d’être protégés par ces derniers. En effet, aucune agriculture extensive, aucune déforestation en coupes rases ou sur brûlis, ne risquent d’affecter ces terres.
Aucune ? Sauf celles qui sont pratiquées illégalement, comme nous le dénonçons chez Envol Vert. En effet, au sein d’une coalition de 11 associations de préservation de l’environnement et d’organisations de représentants de peuples autochtones, nous avons assigné en justice le groupe Casino et son double jeu après une enquête conclue en 2020. Cette enquête révélait que ses filiales Grupo Pão de Açúcar (GPA) au Brésil et Exito en Colombie vendaient sur leurs étals de la viande de bœuf issue de déforestation illégale qui empiète parfois sur des territoires autochtones. Ce faisant, le groupe Casino ne respecterait pas son devoir de vigilance qui l’oblige à prévenir les risques en matière d’environnement et de droits humains sur leurs activités et celles de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs. Un double jeu puisqu’en France, l’une des filiales phares du groupe Casino est Naturalia, chaîne de supermarchés certifiée B Corp et dont les mots d’ordre sont “Responsabilité et Transparence”.
Les enjeux de ce procès sont énormes et mobilisent un grand nombre d’acteurs de la société civile. Juan Pablo Gutierrez nous rappelle d’ailleurs avec force que pour les peuples autochtones, “l’activisme n’est pas un hobby de weekend, mais une question de survie”.
Colonialisme et destruction du vivant
Pour les intervenant·e·s, le lien entre les dérives du colonialisme et la destruction du vivant sont incontournables.
En effet, le colonialisme a été le point de départ de l’installation d’une relation de dominance et de dépendance encore entretenue aujourd’hui à travers les liens capitalistes d’exploitation des matières premières, ressources minières, etc.
Juan Pablo Gutierrez rappelle que les peuples autochtones ont souvent été “sauvés” à leurs dépens : d’abord au nom du christianisme, puis de la civilisation, puis du progrès… et aujourd’hui au nom du développement économique. Pour lui, le capitalisme actuel n’est qu’une déclinaison du colonialisme qui n’a, finalement, jamais vraiment cessé.
Pour l’association Jiboiana, il est primordial, en tant qu’association occidentale, de ne jamais décider unilatéralement d’action de soutien auprès des peuples autochtones : c’est la meilleure façon de tomber dans le syndrome du White savior, dérivé du paternalisme et héritier du colonialisme. Aujourd’hui, de nombreuses études sociologiques démontrent les risques associés à ces modes opératoires : renforcement d’une dépendance et perte d’autonomie, déstructuration des communautés, génération de tensions… Ainsi, toute action de soutien doit être construite à l’initiative des peuples soutenus, selon leurs besoins et en respectant leur culture. Cette méthodologie de co-construction nous guide aussi chez Envol Vert. Chacun des projets est construit et évolue avec les groupes d’agriculteur·rice·s, les associations locales ou encore les coopératives.
En complément, Mutesi Van Hoecke a souhaité mettre l’accent sur une forme d’hypocrisie qu’elle a pu croiser au sein des cercles de militants environnementaux qui, s’ils étaient particulièrement dévoués pour la préservation de la planète, présentaient beaucoup moins d’empathie pour les problématiques sociales associées… voire avaient des comportements et propos racistes.
Il est pourtant indispensable de faire preuve de cohérence. Nous avons tous encore en tête le slogan “fin du monde, fin du mois, même combat”. En effet, lutter pour l’environnement en étant imperméable aux problématiques sociales, à la fois des territoires adressés et des personnes impliquées dans les luttes, cela ne permet ni de prendre l’envergure des enjeux, ni de mobiliser largement et durablement à la cause.
Les peuples autochtones, une solution pour construire la société de demain
Le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité ont déjà commencé. 2023 était l’année la plus chaude jamais mesurée.
“La moyenne des douze mois est largement supérieure à celles des précédentes années record, 2016 et 2020, qui étaient déjà supérieures de 1,29 °C et 1,27 °C à l’ère préindustrielle, selon l’OMM.”, rapporte Le Monde.
De nombreuses catastrophes climatiques et l’augmentation de leur fréquence rendent de plus en plus visibles et concrètes les conséquences de ce dérèglement.
En outre, il sera de plus en plus difficile d’accéder aux ressources minières et aux énergies fossiles.
Le GIEC consolide les études scientifiques afin de présenter plusieurs scénarios en fonction de la capacité de nos sociétés à réduire le niveau de nos émissions carbone.
Afin de limiter les impacts du dérèglement climatique et les maintenir à un niveau où nos modes de vie occidentaux actuels ne sont pas menacés, la COP21 de 2015 a fixé comme objectif une limitation du réchauffement mondial entre 1,5 °C et 2 °C d’ici à 2100, en alignement avec le scénario SSP1-2.6.
En 2023, nous avons déjà presque atteint les 1,45°C. Nous sommes en avance de 77 ans. Le scénario privilégié a donc malheureusement de grandes chances de ne pas pouvoir être respecté.
Illustration extraite du 6ème rapport du GIEC
Le GIEC n’est pas le seul à produire des scénarios. En France l’ADEME aussi a planché sur 4 scénarios prospectifs pour imaginer l’évolution de nos modes de vie (cf. Transition(s) 2050). On compte également des essais de collapsologie qui s’interrogent sur l’après-effondrement (par exemple “Une autre fin du monde est possible : vivre l’effondrement (et pas seulement y survivre)”, de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle). Enfin, des associations proposent aussi au grand public des réflexions pour rendre désirables ces lendemains inévitables, comme la Fresque des Nouveaux Récits.
Aujourd’hui, la question est donc au cœur des débats : à quoi va ressembler la société de demain, dans un contexte de dérèglement climatique et d’effondrement de la biodiversité?
Afin de répondre à cette question, et pour tenter d’apporter des solutions d’adaptation et d’atténuation des risques environnementaux, il se pourrait que nous ayons parmi nous plus de 5 000 sources d’inspiration : les peuples autochtones.