Publié le : 30/06/20236,2 min de lecture

Le 22 juin dernier, 11 participant.e.s du projet Au Pré de Mes Arbres et 3 membres d’Envol Vert sont allé à la découverte de deux fermes aux pratiques agroforestières innovantes dans le département du Gers.

Le Gers est depuis maintenant 30 ans un territoire pionnier en agroforesterie, notamment grâce à l’action d’Arbres et Paysages 32, et de nombreux.ses paysan.ne.s qui ont fait très tôt le choix de l’arbre comme compagnon de production.

Une matinée à La ferme en coton

Le matin, c’est Nicolas Petit qui nous accueillis à la Ferme en Coton. Depuis sa reprise en 2001, date où il ne restait presque plus d’arbres sur les lieux à quelques exceptions près, Nicolas et Anne-Catherine ont replanté près de 6 kilomètres de haies et 8000 arbres en alignement intra parcellaires sur plus de 17 hectares. Les arbres s’intègrent dans trois ateliers principaux de production : volaille de chair, poule pondeuse, et agriculture en grande culture.

Parcours Poule de Nicolas Petit

L’arbre est le compagnon idéal de la poule comme le montre à merveille les parcours arborés de la ferme en coton. Animal sylvestre, la poule ne reste jamais à découvert si elle peut se mettre à couvert sous un arbre. La présence d’arbres dans son périmètre améliore son bien-être et favorise son déplacement dans l’intégralité de son enclos en plein air. Les arbres alentours la protège des rapaces ainsi que des trop fortes chaleurs. Une expérimentation menée à la ferme en coton en 2022 a montré qu’il pouvait y avoir une différence de température allant jusqu’à 12 degrés au plus fort des journées d’été entre les zones de plein soleil et les zones les plus arborées du parcours. La présence des arbres crée également une inertie rendant les élévation et diminution de température plus progressifs au cours de la journée. L’une des innovations intéressantes des parcours poule de la ferme est la présence de bosquet densément plantés (2,5 mètres en chaque arbre) qui favorise un couvert dans le parcours poule dès les premières années de croissance.

Sur les grandes cultures, c’est avant tout la lutte contre l’érosion et le lessivage des sols lors des fortes pluies qui est attendues des arbres. Plusieurs haies ont été planté perpendiculairement au sens de la pente et permettent de maintenir des zones fixes entre chaque champs géré en rotation de grandes cultures, qui sont elles mêmes intercalées d’engrais vert semés pour garantir la couverture du sol. En plus des haies, des alignements d’arbres intra-parcellaires ont été installés au sein de nombreuses parcelles. Avec le recul, Nicolas Petit considère que des haies sont plus intéressantes d’un point de vue biodiversité et également plus simple à entretenir (notamment sur la gestion de l’enherbement par les graminées) que les alignements d’arbres. Une réflexion intéressante et transposable aux projets de plantation accompagnés par Au Pré de Mes Arbres.

Parcelles en grande culture de Nicolas Petit

La ferme en coton n’a pas que des activités agronomiques et accueille également des groupes de personnes fragilisées pour des ateliers de médiation animale. La ferme organise également tous les 2 ans Les Agrobatiques où les arts du spectacle s’invitent au champs !

Tout ceci demande aux habitant.e.s de la ferme un très grand investissement en termes de temps. Le modèle d’agroforesterie adopté a cependant porté ses fruits et permis de réaliser de nombreux aménagements sur la ferme en plus de générer des revenus pour ceux qui y travaillent.

Un après-midi à la Ferme des Mawagits

Les « Mawagits », c’est-à-dire « les maladroits » en Gascon. C’est pour conjurer le mauvais sort que Gregoire, Guillaume et Antoine ont choisi ce nom lors de lors installation il y a de cela 5 ans. 5 ans, c’est encore le début de l’aventure quand on parle de projets agroforestiers. Et pourtant, les systèmes en agriculture syntropique de la ferme ont déjà fière allure !

Gregoire, l’un des trois associés du GAEC de la Ferme de Mawagits

Gregoire nous reçoit sur place et nous expliquent les différents atelier de la ferme : Production maraichère (1 ha en pleine terre et une serre de 2000 m2), production de plants légumiers, pépinière d’arbres fruitiers, un atelier de gemmothérapie en cours de structuration…. Et des parcelles en agriculture syntropique !

Syntropie vous dites ?

Le principe de l’agriculture est de s’inspirer du processus de succession naturelle qui fait qu’après une perturbation (incendie, ou défrichage pour l’agriculture par exemple) l’écosystème tendra toujours à revenir vers son climax, en Europe c’est le plus souvent un écosystème de forêt. L’idée est de profiter de cette dynamique naturelle pour maximiser la production de biomasse (donc de fertilité) et de production comestible. L’un des principaux principes dans ce cadre est de chercher à maximiser la photosynthèse en installant des végétaux variés qui vont occuper l’intégralité des strates : strate herbacée, strate basse, moyenne, haute et émergente.

Système en agriculture syntropique de 4 ans

La ferme des Mawagits compte deux parcelles principales en agriculture syntropique de 4 ans et 1 an. Celles-ci se composent d’alignement plantés intercalés de bandes enherbées. Sur chaque ligne plantés sont installées densément des espèces de différentes tailles qui ont vocation à occuper différentes strates sur le système. On pourra observer par exemple une consoude sur la strate basse qui officiera le rôle de couvre sol, du noisetier de production et du saule qui occupera la strate moyenne, des arbres fruitiers comme le pommier viendront occuper la strate haute, le tout complété par des essences de haut-jet comme le peuplier qui viendront occuper la strate dite émergente.

Dans ce grand Tetris du vivant, 70% des espèces qui poussent ont pour vocation principale la production de biomasse pour fertiliser les 30% d’essences dont le but est bel et bien la production. L’agriculture syntropique représente ainsi un cadre de réflexion intéressant pour penser des système agricole autonome en fertilité : sans engrais azoté de synthèse donc, mais aussi en tachant de limiter les apports extérieurs de matière organique, toute matière organique exporté n’étant plus disponible pour le champ qui l’a fait pousser.

Si pour le moment, la récolte au niveau des parcelles en syntropie est encore faible (il manque plusieurs années avant que ces systèmes n’entrent en pleine production), elles constitueront bientôt l’épine dorsale du modèle de production de la ferme des Mawagits.

Une seule journée pour découvrir deux modèles de ferme aussi riches et dynamiques était sans aucun doute trop peu. Nous reviendrons !

Publié le : 30/06/20236,2 min de lecture

Le 22 juin dernier, 11 participant.e.s du projet Au Pré de Mes Arbres et 3 membres d’Envol Vert sont allé à la découverte de deux fermes aux pratiques agroforestières innovantes dans le département du Gers.

Le Gers est depuis maintenant 30 ans un territoire pionnier en agroforesterie, notamment grâce à l’action d’Arbres et Paysages 32, et de nombreux.ses paysan.ne.s qui ont fait très tôt le choix de l’arbre comme compagnon de production.

Une matinée à La ferme en coton

Le matin, c’est Nicolas Petit qui nous accueillis à la Ferme en Coton. Depuis sa reprise en 2001, date où il ne restait presque plus d’arbres sur les lieux à quelques exceptions près, Nicolas et Anne-Catherine ont replanté près de 6 kilomètres de haies et 8000 arbres en alignement intra parcellaires sur plus de 17 hectares. Les arbres s’intègrent dans trois ateliers principaux de production : volaille de chair, poule pondeuse, et agriculture en grande culture.

Parcours Poule de Nicolas Petit

L’arbre est le compagnon idéal de la poule comme le montre à merveille les parcours arborés de la ferme en coton. Animal sylvestre, la poule ne reste jamais à découvert si elle peut se mettre à couvert sous un arbre. La présence d’arbres dans son périmètre améliore son bien-être et favorise son déplacement dans l’intégralité de son enclos en plein air. Les arbres alentours la protège des rapaces ainsi que des trop fortes chaleurs. Une expérimentation menée à la ferme en coton en 2022 a montré qu’il pouvait y avoir une différence de température allant jusqu’à 12 degrés au plus fort des journées d’été entre les zones de plein soleil et les zones les plus arborées du parcours. La présence des arbres crée également une inertie rendant les élévation et diminution de température plus progressifs au cours de la journée. L’une des innovations intéressantes des parcours poule de la ferme est la présence de bosquet densément plantés (2,5 mètres en chaque arbre) qui favorise un couvert dans le parcours poule dès les premières années de croissance.

Sur les grandes cultures, c’est avant tout la lutte contre l’érosion et le lessivage des sols lors des fortes pluies qui est attendues des arbres. Plusieurs haies ont été planté perpendiculairement au sens de la pente et permettent de maintenir des zones fixes entre chaque champs géré en rotation de grandes cultures, qui sont elles mêmes intercalées d’engrais vert semés pour garantir la couverture du sol. En plus des haies, des alignements d’arbres intra-parcellaires ont été installés au sein de nombreuses parcelles. Avec le recul, Nicolas Petit considère que des haies sont plus intéressantes d’un point de vue biodiversité et également plus simple à entretenir (notamment sur la gestion de l’enherbement par les graminées) que les alignements d’arbres. Une réflexion intéressante et transposable aux projets de plantation accompagnés par Au Pré de Mes Arbres.

Parcelles en grande culture de Nicolas Petit

La ferme en coton n’a pas que des activités agronomiques et accueille également des groupes de personnes fragilisées pour des ateliers de médiation animale. La ferme organise également tous les 2 ans Les Agrobatiques où les arts du spectacle s’invitent au champs !

Tout ceci demande aux habitant.e.s de la ferme un très grand investissement en termes de temps. Le modèle d’agroforesterie adopté a cependant porté ses fruits et permis de réaliser de nombreux aménagements sur la ferme en plus de générer des revenus pour ceux qui y travaillent.

Un après-midi à la Ferme des Mawagits

Les « Mawagits », c’est-à-dire « les maladroits » en Gascon. C’est pour conjurer le mauvais sort que Gregoire, Guillaume et Antoine ont choisi ce nom lors de lors installation il y a de cela 5 ans. 5 ans, c’est encore le début de l’aventure quand on parle de projets agroforestiers. Et pourtant, les systèmes en agriculture syntropique de la ferme ont déjà fière allure !

Gregoire, l’un des trois associés du GAEC de la Ferme de Mawagits

Gregoire nous reçoit sur place et nous expliquent les différents atelier de la ferme : Production maraichère (1 ha en pleine terre et une serre de 2000 m2), production de plants légumiers, pépinière d’arbres fruitiers, un atelier de gemmothérapie en cours de structuration…. Et des parcelles en agriculture syntropique !

Syntropie vous dites ?

Le principe de l’agriculture est de s’inspirer du processus de succession naturelle qui fait qu’après une perturbation (incendie, ou défrichage pour l’agriculture par exemple) l’écosystème tendra toujours à revenir vers son climax, en Europe c’est le plus souvent un écosystème de forêt. L’idée est de profiter de cette dynamique naturelle pour maximiser la production de biomasse (donc de fertilité) et de production comestible. L’un des principaux principes dans ce cadre est de chercher à maximiser la photosynthèse en installant des végétaux variés qui vont occuper l’intégralité des strates : strate herbacée, strate basse, moyenne, haute et émergente.

Système en agriculture syntropique de 4 ans

La ferme des Mawagits compte deux parcelles principales en agriculture syntropique de 4 ans et 1 an. Celles-ci se composent d’alignement plantés intercalés de bandes enherbées. Sur chaque ligne plantés sont installées densément des espèces de différentes tailles qui ont vocation à occuper différentes strates sur le système. On pourra observer par exemple une consoude sur la strate basse qui officiera le rôle de couvre sol, du noisetier de production et du saule qui occupera la strate moyenne, des arbres fruitiers comme le pommier viendront occuper la strate haute, le tout complété par des essences de haut-jet comme le peuplier qui viendront occuper la strate dite émergente.

Dans ce grand Tetris du vivant, 70% des espèces qui poussent ont pour vocation principale la production de biomasse pour fertiliser les 30% d’essences dont le but est bel et bien la production. L’agriculture syntropique représente ainsi un cadre de réflexion intéressant pour penser des système agricole autonome en fertilité : sans engrais azoté de synthèse donc, mais aussi en tachant de limiter les apports extérieurs de matière organique, toute matière organique exporté n’étant plus disponible pour le champ qui l’a fait pousser.

Si pour le moment, la récolte au niveau des parcelles en syntropie est encore faible (il manque plusieurs années avant que ces systèmes n’entrent en pleine production), elles constitueront bientôt l’épine dorsale du modèle de production de la ferme des Mawagits.

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