Publié le : 06/05/20228,2 min de lecture

Boris Bouisset participe au programme Au Pré de Mes Arbres et bénéficie des formations et de l’accompagnement proposé par Envol Vert. À l’occasion d’une visite de sa ferme, il a accepté de nous parler de son projet.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Boris Bouisset, j’ai 40 ans et je suis originaire de la vallée du Tarn. J’ai quitté la vallée quand j’avais 19 ans avec aucune envie d’y revenir. Cependant après une expérience professionnelle de plusieurs années dans le tourisme en tant que guide accompagnateur, j’ai décidé pour diverses raisons de revenir ici. À ce moment-là, je ne me voyais plus travailler dans un modèle “classique”. Je souhaitais alors monter un projet en accord avec mes centres d’intérêts et mes convictions. C’est dans cette optique qu’un projet agricole a émergé. J’ai passé un BPREA en maraîchage en 2014. Depuis 2014 les choses ont pas mal évolué car nous sommes deux sur ce projet. Je travaille avec Yannick Gros, participant du projet Au Pré de Mes Arbres en 2021 également.

Peux-tu nous décrire la ferme sur laquelle nous nous trouvons et ce que tu produis ?

Ici nous sommes sur les terres de ma grand-mère avec qui j’ai vécu ces dernières années. J’ai beaucoup appris avec elle et nous avons essayé de nous en inspirer. C’est à dire qu’ici les hivers sont assez longs et vigoureux donc nos aïeux faisaient pas mal de conserves, pas mal de transformations pour passer l’hiver. De plus, on est quand même dans une région montagneuse donc je ne me voyais pas faire que du maraîchage et essayer de vivre uniquement sur ça. L’idée de la transformation et de la cueillette m’a paru comme une évidence. 

On est donc sur un projet assez diversifié avec des poules qui sont venues s’ajouter. Ceci permet d’avoir de la production quelque soit les aléas et tout au long de l’année. 

Aujourd’hui sur la ferme il y a du maraîchage sur 2000 m² avec une serre, 34 poules pondeuses et les principales productions sont des produits congelés, sirop et pesto. On a pour projet d’avoir bientôt le labo de transformation sur la ferme. Ce labo sera aux normes et pourra être partagé si besoin avec d’autres producteurs de la vallée.

Quelles sont les principales difficultés et contraintes que tu as sur ton système ?

Ici on est à 750m d’altitude, donc on a des étés très secs, des hivers assez vigoureux et humides. On est également sur des terres acides, traditionnellement destinées à l’élevage et à la culture du seigle. Le terrain est également en pente, exposé Nord-Est. Tout pour ne pas faire que du maraîchage. On a des gelés tardives également mais elles font moins mal que plus bas dans la vallée. Par exemple, l’an dernier il y a eu des gelées en avril à -7°C du côté de Pézenas alors que nous malgré l’altitude on a eu que -2°C.

Qu’est ce qui t’as motivé à intégrer des arbres à ton système ?

Le but était à la base de diversifier la production donc avoir en plus des légumes une production de fruits. Cette production s’intègre à la dynamique de transformation tout en donnant dans le temps. C’est-à-dire travailler sur plusieurs strates avec des cultures annuelles (maraîchères), des cultures pérennes (arboricoles) et semi-pérennes (petits fruits). L’objectif des arbres était également de pouvoir transmettre un système avec des éléments viables.

Comment as-tu abordé l’association Arbres et maraîchage ?

Je n’ai pas eu peur de la concurrence entre les arbres et le maraîchage car j’ai fait 2 stages. Un premier chez Laurent Velche à Saint-Gaudens et un deuxième à La Ferme Canopée dans le Gers. Deux fermes qui ont fait partie du projet SMART qui intègre des arbres aux systèmes. Donc je me suis pas mal inspiré d’eux et du projet SMART en général, par exemple pour la disposition et le nombre des lignes de cultures et d’arbres. Après cela reste des inspirations, chaque système est propre à ce qui est produit, au terrain, aux conditions pédoclimatiques etc.. C’est intéressant d’avoir les retours parce qu’il n’y a pas vraiment de projets ratés ou réussis.

Comment as-tu adapté ton projet à tes objectifs et ton terrain ?

On a privilégié des cultures d’arbres sur des demi-tiges donc porte-greffe adaptés (M106, M111). De plus, on a un terrain hyper drainant et très séchant en été mais en hiver il n’y a pas de retenue d’eau. Ensuite, une autre partie du terrain est très hydromorphe donc on ne peut pas tout cultiver dessus. On a alors privilégié des arbres comme du saule et des pruniers. Enfin dans le poulailler on a planté des arbres permettant de fournir de l’ombre pour les poules et une protection contre les rapaces avec la possibilité d’avoir une production fruitière pour les poules, par exemple des mûriers blancs.

Quel modèle as-tu choisi de mettre en place et pourquoi ?

Par rapport au climat qu’on a dans la région on a des étés très secs et des hivers longs et je pense qu’avec le temps ça ne va pas tendre à changer. On est parti sur un espacement entre les arbres de 9 mètres pour pouvoir installer des planches de cultures de 6 mètres de large. Avec le temps, une fois que les fruitiers auront grandi on cultivera sur un peu moins, peut-être 5 mètres. On a fait ce choix là car on a pas énormément de place pour cultiver mais également pour pouvoir s’occuper du sol. 

La partie hydromorphe est en train d’être classée prairie humide avec réseau sagne. Cette prairie n’étant pas forcément très cultivable, on a décidé d’en tirer les bénéfices et d’utiliser l’eau qui y passe avant d’être rejetée dans le système sans qu’on y puise directement dedans. 

On a la chance d’avoir 2 sources sur le terrain qui rejoignent le bassin. C’est un ancien pesquié sur lequel on a pas mis de bâche pour préserver la biodiversité. Dès la première année on a vu énormément de batraciens, libellules, oiseaux et abeilles qui viennent boire. Le simple fait d’avoir créé un bassin a vraiment des effets très positifs. La prairie humide se trouve en dessous et est la continuité de l’écoulement naturel. Dans cette prairie on a aussi des campagnols maritimes qui sont je crois espèce vulnérable et qui ne font pas de ravage. Sur cette prairie humide on y fait pâturer les poules toute l’année. On y met aussi de temps en temps les ânes pour l’entretien.

Quelles variétés de pommes avez-vous choisies ?

Alors cette année on s’est un peu emballés, on a mis des Cœurs de bœuf, des Reines des Reinettes, des Janissoles, des Saintes Germaines et bien-sûr de la pomme de Rouairoux. J’en ai certainement oublié quelques-unes. On doit avoir une quinzaine de variétés qui sont étalées sur la saison pour pouvoir faire face aux aléas climatiques. Néanmoins la plupart sont des variétés tardives car on reste très sujets aux gelées et puis étant donné que l’on fait du maraîchage on a la saison qui s’étale jusqu’à septembre maximum. La charge de travail diminue en octobre ce qui nous libère du temps pour la récolte des pommes.

Qu’est-ce qui vous a amené à faire appel à Envol Vert ?

On a connu Envol Vert par le bouche à oreille mais cela s’intégrait parfaitement dans la continuité de notre projet. C’était une chance d’être accompagné dans la réalisation du design, d’être formé et d’avoir une partie des arbres remboursés. C’est vrai que quand tu t’installes c’est pas forcément facile. C’était vraiment une chance d’avoir Envol Vert dans le Tarn mais c’était aussi une chance pour nous de créer un réseau.

Que retiens-tu de l’accompagnement avec Envol Vert ?

Le réseau surtout même si ce n’est pas ce qu’on était venu chercher au départ. C’est vraiment une chance d’avoir cette dynamique et cette association.

Quelles attentes as- tu de l’association dans le futur ?

Dans le futur, peut-être un suivi sans être dans le technicien agricole qui vient compter les arbres en vie et les arbres morts. Il y a des rassemblements annuels et de la transmission d’expérience pour éviter que les erreurs commises ne soient répétées.

Où est-ce que l’on peut vous retrouver ?

On a une page Facebook Mamie Juliette et on est présent sur les marchés de Rouairoux (vendredi soir) et de Saint Amans Soult (mercredi matin). On participe également au marché de producteurs tout l’été les vendredis soirs à Rouairoux. C’est l’occasion de recréer du lien social dans ce village.

Publié le : 06/05/20228,2 min de lecture

Boris Bouisset participe au programme Au Pré de Mes Arbres et bénéficie des formations et de l’accompagnement proposé par Envol Vert. À l’occasion d’une visite de sa ferme, il a accepté de nous parler de son projet.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Boris Bouisset, j’ai 40 ans et je suis originaire de la vallée du Tarn. J’ai quitté la vallée quand j’avais 19 ans avec aucune envie d’y revenir. Cependant après une expérience professionnelle de plusieurs années dans le tourisme en tant que guide accompagnateur, j’ai décidé pour diverses raisons de revenir ici. À ce moment-là, je ne me voyais plus travailler dans un modèle “classique”. Je souhaitais alors monter un projet en accord avec mes centres d’intérêts et mes convictions. C’est dans cette optique qu’un projet agricole a émergé. J’ai passé un BPREA en maraîchage en 2014. Depuis 2014 les choses ont pas mal évolué car nous sommes deux sur ce projet. Je travaille avec Yannick Gros, participant du projet Au Pré de Mes Arbres en 2021 également.

Peux-tu nous décrire la ferme sur laquelle nous nous trouvons et ce que tu produis ?

Ici nous sommes sur les terres de ma grand-mère avec qui j’ai vécu ces dernières années. J’ai beaucoup appris avec elle et nous avons essayé de nous en inspirer. C’est à dire qu’ici les hivers sont assez longs et vigoureux donc nos aïeux faisaient pas mal de conserves, pas mal de transformations pour passer l’hiver. De plus, on est quand même dans une région montagneuse donc je ne me voyais pas faire que du maraîchage et essayer de vivre uniquement sur ça. L’idée de la transformation et de la cueillette m’a paru comme une évidence. 

On est donc sur un projet assez diversifié avec des poules qui sont venues s’ajouter. Ceci permet d’avoir de la production quelque soit les aléas et tout au long de l’année. 

Aujourd’hui sur la ferme il y a du maraîchage sur 2000 m² avec une serre, 34 poules pondeuses et les principales productions sont des produits congelés, sirop et pesto. On a pour projet d’avoir bientôt le labo de transformation sur la ferme. Ce labo sera aux normes et pourra être partagé si besoin avec d’autres producteurs de la vallée.

Quelles sont les principales difficultés et contraintes que tu as sur ton système ?

Ici on est à 750m d’altitude, donc on a des étés très secs, des hivers assez vigoureux et humides. On est également sur des terres acides, traditionnellement destinées à l’élevage et à la culture du seigle. Le terrain est également en pente, exposé Nord-Est. Tout pour ne pas faire que du maraîchage. On a des gelés tardives également mais elles font moins mal que plus bas dans la vallée. Par exemple, l’an dernier il y a eu des gelées en avril à -7°C du côté de Pézenas alors que nous malgré l’altitude on a eu que -2°C.

Qu’est ce qui t’as motivé à intégrer des arbres à ton système ?

Le but était à la base de diversifier la production donc avoir en plus des légumes une production de fruits. Cette production s’intègre à la dynamique de transformation tout en donnant dans le temps. C’est-à-dire travailler sur plusieurs strates avec des cultures annuelles (maraîchères), des cultures pérennes (arboricoles) et semi-pérennes (petits fruits). L’objectif des arbres était également de pouvoir transmettre un système avec des éléments viables.

Comment as-tu abordé l’association Arbres et maraîchage ?

Je n’ai pas eu peur de la concurrence entre les arbres et le maraîchage car j’ai fait 2 stages. Un premier chez Laurent Velche à Saint-Gaudens et un deuxième à La Ferme Canopée dans le Gers. Deux fermes qui ont fait partie du projet SMART qui intègre des arbres aux systèmes. Donc je me suis pas mal inspiré d’eux et du projet SMART en général, par exemple pour la disposition et le nombre des lignes de cultures et d’arbres. Après cela reste des inspirations, chaque système est propre à ce qui est produit, au terrain, aux conditions pédoclimatiques etc.. C’est intéressant d’avoir les retours parce qu’il n’y a pas vraiment de projets ratés ou réussis.

Comment as-tu adapté ton projet à tes objectifs et ton terrain ?

On a privilégié des cultures d’arbres sur des demi-tiges donc porte-greffe adaptés (M106, M111). De plus, on a un terrain hyper drainant et très séchant en été mais en hiver il n’y a pas de retenue d’eau. Ensuite, une autre partie du terrain est très hydromorphe donc on ne peut pas tout cultiver dessus. On a alors privilégié des arbres comme du saule et des pruniers. Enfin dans le poulailler on a planté des arbres permettant de fournir de l’ombre pour les poules et une protection contre les rapaces avec la possibilité d’avoir une production fruitière pour les poules, par exemple des mûriers blancs.

Quel modèle as-tu choisi de mettre en place et pourquoi ?

Par rapport au climat qu’on a dans la région on a des étés très secs et des hivers longs et je pense qu’avec le temps ça ne va pas tendre à changer. On est parti sur un espacement entre les arbres de 9 mètres pour pouvoir installer des planches de cultures de 6 mètres de large. Avec le temps, une fois que les fruitiers auront grandi on cultivera sur un peu moins, peut-être 5 mètres. On a fait ce choix là car on a pas énormément de place pour cultiver mais également pour pouvoir s’occuper du sol. 

La partie hydromorphe est en train d’être classée prairie humide avec réseau sagne. Cette prairie n’étant pas forcément très cultivable, on a décidé d’en tirer les bénéfices et d’utiliser l’eau qui y passe avant d’être rejetée dans le système sans qu’on y puise directement dedans. 

On a la chance d’avoir 2 sources sur le terrain qui rejoignent le bassin. C’est un ancien pesquié sur lequel on a pas mis de bâche pour préserver la biodiversité. Dès la première année on a vu énormément de batraciens, libellules, oiseaux et abeilles qui viennent boire. Le simple fait d’avoir créé un bassin a vraiment des effets très positifs. La prairie humide se trouve en dessous et est la continuité de l’écoulement naturel. Dans cette prairie on a aussi des campagnols maritimes qui sont je crois espèce vulnérable et qui ne font pas de ravage. Sur cette prairie humide on y fait pâturer les poules toute l’année. On y met aussi de temps en temps les ânes pour l’entretien.

Quelles variétés de pommes avez-vous choisies ?

Alors cette année on s’est un peu emballés, on a mis des Cœurs de bœuf, des Reines des Reinettes, des Janissoles, des Saintes Germaines et bien-sûr de la pomme de Rouairoux. J’en ai certainement oublié quelques-unes. On doit avoir une quinzaine de variétés qui sont étalées sur la saison pour pouvoir faire face aux aléas climatiques. Néanmoins la plupart sont des variétés tardives car on reste très sujets aux gelées et puis étant donné que l’on fait du maraîchage on a la saison qui s’étale jusqu’à septembre maximum. La charge de travail diminue en octobre ce qui nous libère du temps pour la récolte des pommes.

Qu’est-ce qui vous a amené à faire appel à Envol Vert ?

On a connu Envol Vert par le bouche à oreille mais cela s’intégrait parfaitement dans la continuité de notre projet. C’était une chance d’être accompagné dans la réalisation du design, d’être formé et d’avoir une partie des arbres remboursés. C’est vrai que quand tu t’installes c’est pas forcément facile. C’était vraiment une chance d’avoir Envol Vert dans le Tarn mais c’était aussi une chance pour nous de créer un réseau.

Que retiens-tu de l’accompagnement avec Envol Vert ?

Le réseau surtout même si ce n’est pas ce qu’on était venu chercher au départ. C’est vraiment une chance d’avoir cette dynamique et cette association.

Quelles attentes as- tu de l’association dans le futur ?

Dans le futur, peut-être un suivi sans être dans le technicien agricole qui vient compter les arbres en vie et les arbres morts. Il y a des rassemblements annuels et de la transmission d’expérience pour éviter que les erreurs commises ne soient répétées.

Où est-ce que l’on peut vous retrouver ?

On a une page Facebook Mamie Juliette et on est présent sur les marchés de Rouairoux (vendredi soir) et de Saint Amans Soult (mercredi matin). On participe également au marché de producteurs tout l’été les vendredis soirs à Rouairoux. C’est l’occasion de recréer du lien social dans ce village.

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