Published On: 28/09/20196.6 min read

Planter des arbres est devenu la solution Ć©vidente Ć  tous nos maux : petits scrupules rĆ©glĆ©s pour les particuliers prenant (trop souvent) l’avion, gros sentiments de culpabilitĆ© rĆ©solus pour les entreprises qui font appel Ć  des modes de production non respectueux des Ć©cosystĆØmes et des populations qui en vivent..Ā  Le dĆ©rĆØglement climatique sera vaincu, la biodiversitĆ© sauvegardĆ©e. VoilĆ , tout sera rĆ©glĆ©. Sans rien changer en amont, sans remettre en cause le modĆØle ! En utilisant des mĆ©canismes de compensation via des plantations d’arbres, l’ardoise sera effacĆ©e… les citoyens peuvent continuer Ć  prendre l’avion et les entreprises peuvent continuer Ć  prĆ©lever les ressources ou surutiliser les Ć©nergies fossiles sans mauvaise conscience…

Suffisant ? Bien sûr que non.

Planter des arbres est bon pour la planĆØte, c’est un acte urgent mais pas n’importe comment, ni sous n’importe quel prĆ©texte. Et croire que compenser va rĆ©soudre la question du changement climatique est un doux mensonge dĆ©culpabilisant. Explications :

D’abord c’est quoi « compenser » ?

Le Global Carbone Project estime que les forĆŖts, mais aussi prairies, cultures, sols… absorbent chaque annĆ©e environ 29 % du CO2 Ć©mis par l’homme. Donc compenser, pour faire simple, c’est planter un nombre d’arbres qui, s’ils survivent “assez longtemps”, pourront aborder la mĆŖme quantitĆ© de CO2 que celle produite par votre avion ou votre activitĆ© carbonĆ©e. “Assez longtemps” car il faudrait minimum entre 30 Ć  40 ans, voir un stockage quasi-perpĆ©tuel pour une neutralisation intĆ©grale des Ć©missions. D’autant que nombreuses de ces plantations sont Ć  caractĆØre industriel, le carbone stockĆ© de l’arbre transformĆ© en papier/carton repart dans l’atmosphĆØre entre 3 Ć  8 ans et celui du bois de construction en 20 Ć  50 ans.

En compensant on va se planterĀ !

Un tiers de nos rĆ©serves de pĆ©trole, la moitiĆ© de nos rĆ©serves de gaz et plus de 80Ā % de nos rĆ©serves de charbon devraient rester sous terre pour atteindre l’objectif des + 2°C. Objectif dĆ©jĆ  trop Ć©levĆ©.

Pourtant, les pĆ©troliers veulent continuer Ć  exploiter bien au-delĆ  de ces seuils. Pour cela, ils se lancent dans la reforestation sans changer leur modĆØle Ć©conomique basĆ© sur les Ć©nergies fossiles. Ainsi, Shell veut planter 5 millions d’arbres ; Total souhaite investir 100 millions de dollars par an dans une ā€˜business unit’ Ā de reforestation. Les entreprises de l’aviation jouent le mĆŖme jeu ; l’aviation civile internationale va continuer Ć  accroitre ses Ć©missions rĆ©elles mais les compagnies compenseront en achetant des crĆ©dits carbones.

Les annonces sont complĆØtement en contradiction avec les politiques rĆ©elles de ces entreprises (comme l’exploitation de pĆ©trole dans des zones forestiĆØres tropicales) mais qui ont de quoi dĆ©tourner l’attention du public.

Et, enfin, notre PrĆ©sident annonce la constitution d’un Ā« fonds de reforestation Ā». Mais par ailleurs, il ne s’engage Ć  limiter la dĆ©forestation importĆ©e qu’en 2030.Ā  Alors NON, planter des arbres n’est pas LA solution pour lutter contre les changements climatiques et rĆ©duire les Ć©missions de CO2.

L’arbre ou la forĆŖt, il ne faut pas se planter

C’est quoi planter un arbreĀ ? On pourrait dire que c’est faire un trou et y mettre un plant d’arbre puis l’arroser. Plant d’arbre dont la croissance a Ć©tĆ© permise par l’existence d’une graine dans un sac Ć  l’abri dans une pĆ©piniĆØre. Simple non ?

Peut ĆŖtre pas tant que Ƨa. Imaginez : vous ĆŖtes dans un pays andin (PĆ©rou, Colombie ou autre) et vous allez planter du teck, du pin, de l’eucalyptus, de l’acacia ? Ce sont toutes des espĆØces exotiques qui n’ont rien Ć  faire dans ces pays si ce n’est pour dĆ©truire un peu plus les sols. Pourtant, certains programmes de compensation en sont emplis car ces espĆØces sont particuliĆØrement Ć©conomiques, rĆ©sistantes et Ć  croissance rapide.

Vous pouvez aussi dĆ©cider de planter pleins d’arbres d’un coup, plantations industrielles d’une espĆØce unique ou Ā« lignes d’arbres »…bon certain disent des forĆŖts… ; donc accepter que la compensation de vos Ć©missions soit l’ennemie de la biodiversitĆ©. En effet, il n’y aura jamais ni sous-bois, ni interconnexion entre espĆØces (Ć  supposer qu’il y ait des espĆØces au pluriel). Et si en plus ces lignes d’arbres sont plantĆ©es dans un Ć©cosystĆØme qui n’avait rien d’une forĆŖt initialement, ce dernier va mourir sous la croissance de ces choses hautes et touffues.

Et puis arrive la question magique : comment vont-ils ĆŖtre entretenus, les arbres ? Qui va les faire pousser ? Comment je sais qu’ils ne vont pas mourir, ĆŖtre transformĆ©s, que donc mon CO2 ne sera pas encore relĆ¢chĆ© ? Et pourquoi des structures me proposent de planter des arbres pour 30 centimes et d’autres pour 5 euros ? C’est compliquĆ© finalement, de planter des arbres.

DerriĆØre les arbres

Chez Envol Vert on ne sait pas combien de CO2 captent les arbres que l’on plante mais on sait qui les a plantĆ©, comment, quelles espĆØces et où ils ont Ć©tĆ© plantĆ©s. Parce que l’on appuie des paysans pour qu’ils plantent sur leurs propres parcelles agricoles. Ces parcelles sont d’anciens Ć©cosystĆØmes forestiers qui ont Ć©tĆ© dĆ©boisĆ©s pour faire cohabiter agriculture et forĆŖt.

Nos pĆ©piniĆØres ont plus de 25 espĆØces d’arbres natifs diffĆ©rentes. Le paysan qui les a plantĆ©es se les ait appropriĆ©es tout au long d’un processus de sensibilisation et de formation. Il ne les plante pas parce qu’on le paye pour le faire. Il les plante parce qu’il a compris que grĆ¢ce Ć  cela il vivra mieux, sa terre sera plus riche, l’eau reviendra et sa famille jouira d’un meilleur bien-ĆŖtre.

Aussi, nous travaillons avec tout le village Ć  la recherche et l’innovation pour dĆ©velopper des alternatives Ć©conomiques Ć  la dĆ©forestation qui valorisent la forĆŖt. Par exemple, la transformation de fruits et de graines en cosmĆ©tiques ou bien de produits alimentaires.

Tout cela, c’est bien plus que planter des arbres. Et c’est d’ailleurs pour essayer d’expliquer ces enjeux que nous avons lancĆ© un site www.derrierelesarbres.fr. Vous pourrez y faire plein de choses sauf planter des arbres, pour que nous, nous puissions encore mieux les planter.

Tous les acteurs de la sociĆ©tĆ© – entreprises en tĆŖte – doivent donc totalement repenser leur logique d’adaptation au dĆ©rĆØglement climatique. Ils doivent sortir d’une approche visant uniquement Ć  se dĆ©culpabiliser (ou gĆ©rer des risques de rĆ©putation) ; pour entrer dans de rĆ©elles stratĆ©gies proactives d’évitement, de rĆ©duction et d’attĆ©nuation. En transfĆ©rant les actions de plantations d’arbres dans cette logique, et surtout en Ć©tant exigeant sur le bienfondĆ©, la rĆ©alisation et le suivi des actions de plantation, alors l’entreprise ou l’organisation pourra se targuer d’être dans une logique de rĆ©duction de ses impacts et de contribution Ć  la rĆ©paration de nos Ć©co-systĆØmes.

Que puis-je faire?

N’oubliez pas, les solutions pour rĆ©duire les Ć©missions de CO2 sontĀ :

  • RĆ©duire drastiquement nos Ć©missions de CO2, et accepter qu’il y a un besoin de rĆ©gulation Ā« radicale Ā» ;

  • Lutter contre la dĆ©forestationĀ ; 10 Ć  15 millions d’hectares de forĆŖts disparaissent chaque annĆ©e ; elles sont responsables de 12 Ć  20 % des Ć©missions de CO2.Ce sont elles qu’il faut prĆ©server et c’est ce qu’Envol Vert cherche Ć  faire au sein deĀ ses projetsĀ en recherchant desĀ alternatives Ć  la dĆ©forestationĀ ;

  • Restaurer les Ć©cosystĆØmesĀ par la plantation, comme par exemple en systĆØmes agroforestiers ou sylvopastoraux. L’objectif est deĀ modifier Ć  long terme les pratiques agricoles responsables de 80% de la dĆ©forestation par des pratiques plus favorables Ć  la forĆŖt.

Planter des arbres est devenu la solution Ć©vidente Ć  tous nos maux : petits scrupules rĆ©glĆ©s pour les particuliers prenant (trop souvent) l’avion, gros sentiments de culpabilitĆ© rĆ©solus pour les entreprises qui font appel Ć  des modes de production non respectueux des Ć©cosystĆØmes et des populations qui en vivent..Ā  Le dĆ©rĆØglement climatique sera vaincu, la biodiversitĆ© sauvegardĆ©e. VoilĆ , tout sera rĆ©glĆ©. Sans rien changer en amont, sans remettre en cause le modĆØle ! En utilisant des mĆ©canismes de compensation via des plantations d’arbres, l’ardoise sera effacĆ©e… les citoyens peuvent continuer Ć  prendre l’avion et les entreprises peuvent continuer Ć  prĆ©lever les ressources ou surutiliser les Ć©nergies fossiles sans mauvaise conscience…

Suffisant ? Bien sûr que non.

Planter des arbres est bon pour la planĆØte, c’est un acte urgent mais pas n’importe comment, ni sous n’importe quel prĆ©texte. Et croire que compenser va rĆ©soudre la question du changement climatique est un doux mensonge dĆ©culpabilisant. Explications :

D’abord c’est quoi « compenser » ?

Le Global Carbone Project estime que les forĆŖts, mais aussi prairies, cultures, sols… absorbent chaque annĆ©e environ 29 % du CO2 Ć©mis par l’homme. Donc compenser, pour faire simple, c’est planter un nombre d’arbres qui, s’ils survivent “assez longtemps”, pourront aborder la mĆŖme quantitĆ© de CO2 que celle produite par votre avion ou votre activitĆ© carbonĆ©e. “Assez longtemps” car il faudrait minimum entre 30 Ć  40 ans, voir un stockage quasi-perpĆ©tuel pour une neutralisation intĆ©grale des Ć©missions. D’autant que nombreuses de ces plantations sont Ć  caractĆØre industriel, le carbone stockĆ© de l’arbre transformĆ© en papier/carton repart dans l’atmosphĆØre entre 3 Ć  8 ans et celui du bois de construction en 20 Ć  50 ans.

En compensant on va se planterĀ !

Un tiers de nos rĆ©serves de pĆ©trole, la moitiĆ© de nos rĆ©serves de gaz et plus de 80Ā % de nos rĆ©serves de charbon devraient rester sous terre pour atteindre l’objectif des + 2°C. Objectif dĆ©jĆ  trop Ć©levĆ©.

Pourtant, les pĆ©troliers veulent continuer Ć  exploiter bien au-delĆ  de ces seuils. Pour cela, ils se lancent dans la reforestation sans changer leur modĆØle Ć©conomique basĆ© sur les Ć©nergies fossiles. Ainsi, Shell veut planter 5 millions d’arbres ; Total souhaite investir 100 millions de dollars par an dans une ā€˜business unit’ Ā de reforestation. Les entreprises de l’aviation jouent le mĆŖme jeu ; l’aviation civile internationale va continuer Ć  accroitre ses Ć©missions rĆ©elles mais les compagnies compenseront en achetant des crĆ©dits carbones.

Les annonces sont complĆØtement en contradiction avec les politiques rĆ©elles de ces entreprises (comme l’exploitation de pĆ©trole dans des zones forestiĆØres tropicales) mais qui ont de quoi dĆ©tourner l’attention du public.

Et, enfin, notre PrĆ©sident annonce la constitution d’un Ā« fonds de reforestation Ā». Mais par ailleurs, il ne s’engage Ć  limiter la dĆ©forestation importĆ©e qu’en 2030.Ā  Alors NON, planter des arbres n’est pas LA solution pour lutter contre les changements climatiques et rĆ©duire les Ć©missions de CO2.

L’arbre ou la forĆŖt, il ne faut pas se planter

C’est quoi planter un arbreĀ ? On pourrait dire que c’est faire un trou et y mettre un plant d’arbre puis l’arroser. Plant d’arbre dont la croissance a Ć©tĆ© permise par l’existence d’une graine dans un sac Ć  l’abri dans une pĆ©piniĆØre. Simple non ?

Peut ĆŖtre pas tant que Ƨa. Imaginez : vous ĆŖtes dans un pays andin (PĆ©rou, Colombie ou autre) et vous allez planter du teck, du pin, de l’eucalyptus, de l’acacia ? Ce sont toutes des espĆØces exotiques qui n’ont rien Ć  faire dans ces pays si ce n’est pour dĆ©truire un peu plus les sols. Pourtant, certains programmes de compensation en sont emplis car ces espĆØces sont particuliĆØrement Ć©conomiques, rĆ©sistantes et Ć  croissance rapide.

Vous pouvez aussi dĆ©cider de planter pleins d’arbres d’un coup, plantations industrielles d’une espĆØce unique ou Ā« lignes d’arbres »…bon certain disent des forĆŖts… ; donc accepter que la compensation de vos Ć©missions soit l’ennemie de la biodiversitĆ©. En effet, il n’y aura jamais ni sous-bois, ni interconnexion entre espĆØces (Ć  supposer qu’il y ait des espĆØces au pluriel). Et si en plus ces lignes d’arbres sont plantĆ©es dans un Ć©cosystĆØme qui n’avait rien d’une forĆŖt initialement, ce dernier va mourir sous la croissance de ces choses hautes et touffues.

Et puis arrive la question magique : comment vont-ils ĆŖtre entretenus, les arbres ? Qui va les faire pousser ? Comment je sais qu’ils ne vont pas mourir, ĆŖtre transformĆ©s, que donc mon CO2 ne sera pas encore relĆ¢chĆ© ? Et pourquoi des structures me proposent de planter des arbres pour 30 centimes et d’autres pour 5 euros ? C’est compliquĆ© finalement, de planter des arbres.

DerriĆØre les arbres

Chez Envol Vert on ne sait pas combien de CO2 captent les arbres que l’on plante mais on sait qui les a plantĆ©, comment, quelles espĆØces et où ils ont Ć©tĆ© plantĆ©s. Parce que l’on appuie des paysans pour qu’ils plantent sur leurs propres parcelles agricoles. Ces parcelles sont d’anciens Ć©cosystĆØmes forestiers qui ont Ć©tĆ© dĆ©boisĆ©s pour faire cohabiter agriculture et forĆŖt.

Nos pĆ©piniĆØres ont plus de 25 espĆØces d’arbres natifs diffĆ©rentes. Le paysan qui les a plantĆ©es se les ait appropriĆ©es tout au long d’un processus de sensibilisation et de formation. Il ne les plante pas parce qu’on le paye pour le faire. Il les plante parce qu’il a compris que grĆ¢ce Ć  cela il vivra mieux, sa terre sera plus riche, l’eau reviendra et sa famille jouira d’un meilleur bien-ĆŖtre.

Aussi, nous travaillons avec tout le village Ć  la recherche et l’innovation pour dĆ©velopper des alternatives Ć©conomiques Ć  la dĆ©forestation qui valorisent la forĆŖt. Par exemple, la transformation de fruits et de graines en cosmĆ©tiques ou bien de produits alimentaires.

Tout cela, c’est bien plus que planter des arbres. Et c’est d’ailleurs pour essayer d’expliquer ces enjeux que nous avons lancĆ© un site www.derrierelesarbres.fr. Vous pourrez y faire plein de choses sauf planter des arbres, pour que nous, nous puissions encore mieux les planter.

Tous les acteurs de la sociĆ©tĆ© – entreprises en tĆŖte – doivent donc totalement repenser leur logique d’adaptation au dĆ©rĆØglement climatique. Ils doivent sortir d’une approche visant uniquement Ć  se dĆ©culpabiliser (ou gĆ©rer des risques de rĆ©putation) ; pour entrer dans de rĆ©elles stratĆ©gies proactives d’évitement, de rĆ©duction et d’attĆ©nuation. En transfĆ©rant les actions de plantations d’arbres dans cette logique, et surtout en Ć©tant exigeant sur le bienfondĆ©, la rĆ©alisation et le suivi des actions de plantation, alors l’entreprise ou l’organisation pourra se targuer d’être dans une logique de rĆ©duction de ses impacts et de contribution Ć  la rĆ©paration de nos Ć©co-systĆØmes.

Que puis-je faire?

N’oubliez pas, les solutions pour rĆ©duire les Ć©missions de CO2 sontĀ :

  • RĆ©duire drastiquement nos Ć©missions de CO2, et accepter qu’il y a un besoin de rĆ©gulation Ā« radicale Ā» ;

  • Lutter contre la dĆ©forestationĀ ; 10 Ć  15 millions d’hectares de forĆŖts disparaissent chaque annĆ©e ; elles sont responsables de 12 Ć  20 % des Ć©missions de CO2.Ce sont elles qu’il faut prĆ©server et c’est ce qu’Envol Vert cherche Ć  faire au sein deĀ ses projetsĀ en recherchant desĀ alternatives Ć  la dĆ©forestationĀ ;

  • Restaurer les Ć©cosystĆØmesĀ par la plantation, comme par exemple en systĆØmes agroforestiers ou sylvopastoraux. L’objectif est deĀ modifier Ć  long terme les pratiques agricoles responsables de 80% de la dĆ©forestation par des pratiques plus favorables Ć  la forĆŖt.

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